Controversé. Le discours des Oscars de Jonathan Glazer continue de diviser profondément

Controversé. Le discours des Oscars de Jonathan Glazer continue de diviser profondément
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D’un côté, plus de 1 000 personnalités juives travaillant à Hollywood qui ont signé une pétition dénonçant avec force les propos tenus par Jonathan Glazer. En revanche, le directeur du mémorial d’Auschwitz lui-même et d’importantes organisations juives pacifiques qui ont soutenu le cinéaste britannique et son discours lors de la cérémonie des Oscars dans la nuit du 10 au 11 mars, rapporte le quotidien britannique. Le gardien.

Depuis dix jours, le réalisateur, lui-même juif, suscite de vives divisions, après son discours de remerciement lorsqu’il a reçu la statuette du meilleur film étranger pour La zone d’intérêtoù il explore la notion de déshumanisation en décrivant la vie de famille du commandant SS du camp d’Auschwitz, Rudolf Höss.

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Jonathan Glazer a été le seul à évoquer la guerre menée par Israël sur la scène des Oscars. Accompagné de son producteur, James Wilson, et de son producteur exécutif, Len Blavatnik, il a notamment déclaré au public : « Nous nous tenons devant vous en tant qu’hommes qui refusent que notre judéité et l’Holocauste soient utilisés à mauvais escient pour une occupation qui a causé tant de souffrances à tant d’innocents. Qu’il s’agisse des victimes du 7 octobre en Israël ou de celles des attaques incessantes qui ont lieu à Gaza, elles sont toutes victimes de cette déshumanisation.»

Vu du monde arabe

Le discours de Jonathan Glazer a eu une large résonance dans les pays arabes, où il a été largement partagé par les internautes. Sur le site panarabe Nouvel arabe, La journaliste libyenne américaine Eman Ibrahim salue le courage du réalisateur. « Même si Glazer n’a pas prononcé ouvertement le nom de la Palestine, il a fait bien plus pour elle que quiconque. [à Hollywood] durant ces derniers mois. Même s’il remportait un prix pour un film sur Auschwitz, il saisit l’occasion pour dénoncer l’occupation et l’utilisation de l’identité juive pour la justifier. elle dit. Elle exprime également sa désillusion face au cinéma hollywoodien et plus largement occidental où deux poids, deux mesures sont de rigueur : le soutien aux Ukrainiens est applaudi tandis que l’évocation des milliers de Palestiniens tués suscite la polémique ou l’indifférence. « Assister à ce genre de cérémonies, et même simplement les regarder à la télévision, alors qu’une guerre contre des innocents a lieu chaque jour, implique une dissonance cognitive énorme et sélective. » juge-t-elle, croyant qu’à Hollywood, « le mot Palestine est tabou, et la position la plus radicale qu’on puisse y adopter est de [comme certains participants à la soirée] des épinglettes appelant à un cessez-le-feu ».

Courrier international

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En réaction à son discours, outre une condamnation du réalisateur juif hongrois Laszlo Nemes, le réalisateur de Fils de Saül, Avec un autre film sur la Shoah, une pétition a été créée à Hollywood, qui est rapidement passée de 500 à plus de 1 000 signatures, rapporte le magazine américain spécialisé Variété. Parmi eux se trouvent l’actrice Jennifer Jason Leigh, la productrice de La La Terre Gary Gilbert ou les créateurs de la série Les Américains Joel Fields et Joe Weisberg, prennent note de la revue, tout en précisant que l’origine de cette pétition reste inconnue.

Ils ont donc tenu à répondre à Jonathan Glazer en précisant dans un communiqué : « Nous refusons que notre judéité soit utilisée à mauvais escient afin d’établir une équivalence morale entre un régime nazi qui cherchait à exterminer tout un peuple et une nation israélienne qui cherche à empêcher sa propre extermination. »

Des voix juives progressistes ont, quant à elles, apporté leur soutien au cinéaste, explique le Gardien. Des positions qui révèlent des fractures au sein des communautés juives face à la guerre brutale menée par Israël contre la bande de Gaza, qui a fait au moins 31 000 morts depuis les attaques meurtrières du Hamas sur son sol le 7 octobre.

Un soutien important

« Dans son discours aux Oscars, Jonathan Glazer a lancé un avertissement moral contre la déshumanisation. Il n’était pas question de descendre au niveau du discours politique. Les gens qui attendaient de lui une position politique claire ou un film ne parlant que du génocide n’ont pas compris la profondeur de son message. »» a déclaré quelques jours après la cérémonie Piotr Cywinski, le directeur du mémorial d’Auschwitz.

Mardi 19 mars, c’est Jewish Voice for Peace, une organisation juive américaine antisioniste et progressiste, qui a réagi. Jonathan Glazer « parle au nom de tous les Juifs, et ils sont de plus en plus nombreux, qui honorent nos frères et sœurs palestiniens dans leur lutte pour la liberté et la justice », a-t-elle écrit dans un communiqué repris par le quotidien. « Ceux qui attaquent Glazer revendiquent la propriété exclusive de l’identité juive et de l’héritage de l’Holocauste afin de défendre l’oppression, l’occupation et le génocide des Palestiniens par le gouvernement israélien. »

Dans un podcast du journal israélien Ha’AretzLe 20 mars, le scénariste juif américain Tony Kushner a décrit le discours de Glazer comme« inattaquable et irréfutable ». Tony Kushner, qui a travaillé sur plusieurs films de Steven Spielberg, a ajouté : « Ce qu’il dit est très simple : la judéité, l’identité juive, l’histoire juive, l’histoire de l’Holocauste, l’histoire de la souffrance juive ne doivent pas être utilisées pour justifier la déshumanisation et le massacre d’autres peuples. C’est détourner ce que signifie être juif et ce que signifie l’Holocauste. Il rejette cette idée. Qui n’est pas d’accord ?

Une bulle d’autosatisfaction qui éclate

Le discours de Glazer fera date, affirme l’essayiste juive canadienne Naomi Klein dans un article publié par le Gardien le 14 mars, en analysant les images télévisées de la cérémonie des Oscars. L’intervention de la cinéaste, qui a également rendu hommage à la résistante polonaise Aleksandra Bystron-Kolodziejczyk, selon elle «fait éclater la bulle du glamour et de l’autosatisfaction » d’Hollywood.

L’intervention est d’autant plus forte qu’elle vient d’un homme qui a voulu faire son film après avoir constaté que “l’obscurité s’épaissit[aient] autour de nous”, il a dit au magazine Pierre roulante. “J’avais l’impression qu’il fallait que je fasse quelque chose de nos similitudes avec les bourreaux plutôt qu’avec leurs victimes.” Et qu’en une minute, sur la scène des Oscars, il a exprimé une position très claire sur des débats brûlants concernant «la manière dont il faut se souvenir des atrocités nazies : faut-il se souvenir de l’Holocauste comme d’une catastrophe exclusivement juive ou comme d’un moment plus universel, prenant davantage en compte tous les groupes victimes de cette politique d’extermination ? analyse Naomi Klein.

Et bien qu’il soit lui-même un juif blanc reconnu comme un grand cinéaste, « Ce cortège de privilèges n’a pas suffi à le protéger des torrents d’insultes et des déformations de ses propos qui l’accusaient d’avoir renié sa judéité et qui, au passage, ne font que souligner la pertinence de ses propos lorsqu’il dénonce ceux qui usent de leur judéité. le statut de victime comme une arme », ajoute l’essayiste canadien.

 
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