« Au moment de la proclamation du Goncourt, on trinquait à ma défaite »

« Au moment de la proclamation du Goncourt, on trinquait à ma défaite »
« Au moment de la proclamation du Goncourt, on trinquait à ma défaite »

Avec veille sur elle, l’écrivain a remporté le prix Goncourt 2023 à l’âge de 52 ans. Celui qui s’est présenté en outsider a ensuite savouré son bonheur au Salon du livre de Brive-la-Gaillarde. L’occasion pour l’heureux écrivain de se livrer au jeu de notre interview Autopromo.

Mon état lors de l’annonce du Prix Goncourt, le 7 novembre ?
Un tremblement de terre émotionnel ! Nous portions un toast à la défaite tant l’annonce a pris du temps. Ma famille et moi nous sommes consolés à l’idée d’avoir été dans le trio de tête. Ce n’était pas assez grave. Je quittais la maison d’édition à pied lorsque j’entendis dans la rue les cris de joie de l’équipe.

Lire aussiJean-Baptiste Andrea, Prix Goncourt 2023 : “J’ai voulu rendre hommage à l’Italie, à ma famille, à ma formation”

Parler de moi en promo, c’est une corvée ?
Je pense davantage au partage de mon bonheur et de l’émerveillement d’être là. Dites aux jeunes que je rencontre qu’il faut toujours croire en son rêve et qu’avec du travail tout est possible. Et puis, raconter l’histoire en coulisses ne dissipe pas forcément la magie.

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Le plus beau compliment que j’ai jamais reçu ?
“Vous avez une écriture féminine.” Cela vient peut-être du fait que je n’ai pas peur d’aborder des thèmes soi-disant féminins comme celui des sentiments par exemple. Je suis hypersensible : il faut le sentir !

Pour écrire, j’ai besoin…
Un sentiment de sécurité de me retrouver avec ma femme, Bérénice, ma muse et ma première lectrice, céramiste à Cannes. D’un autre côté, il ne devrait y avoir aucune excitation, juste rester assis à ma table.

Le sujet qui me fait sortir de mes gonds ?
Toute forme d’intolérance, les extrêmes et, dans un tout autre domaine, des écrivains qui ne travaillent pas leur structure et qui ont pourtant du talent.

Le plus beau compliment que j’ai jamais reçu ? Me disant que j’avais une écriture féminine

Jean-Baptiste Andréa

Mon déclencheur pour cette histoire historique, picaresque, fougueuse et amoureuse ?
Lire le cycle de Thibaultde Roger Martin du Gard, etEst de Eden, par John Steinbeck. J’ai fait le point sur ce que la longueur narrative apporte à la puissance émotionnelle. Il y avait aussi un plan d’un crucifix dans une église dans le film Silvio et les autres, de Paolo Sorrentino, un réalisateur que je vénère : je me suis lancé dans le mystère de cette statue, qui est dans mon livre…

Un endroit qui me ressemble ?
La Côte d’Azur, où je vis depuis l’âge de 7 ans, dans un décor Technicolor, avec la nature, la culture, l’intensité des parfums.

L’écriture est…
La joie, la rencontre avec l’éditrice Sophie de Sivry, une femme belle et merveilleuse qui nous a quitté récemment, et grâce à qui je me suis lancé dans l’aventure littéraire avec Ma reine, mon premier roman. Celle-ci fut refusée par quatorze maisons d’édition, mais Sophie de Sivry s’y engagea avec moi. Nous avons sauté ensemble dans le vide. Plus tard, elle m’a éclairé par sa gentillesse à chaque page.

Mon premier roman a été refusé par quatorze maisons d’édition

Jean-Baptiste Andréa

La musique que j’écoutais en boucle en écrivant ?
L’air « Nessun dorma », de l’opéra Turandot, de Puccini, chanté par Pavarotti et enregistré pour les Jeux Olympiques de Turin en 2006.

Ma tenue d’entretien idéale ?
Un t-shirt présentable, un jean, un pull.

La promo, en mode séduction ou en mode guerrier ?
J’écris pour moi-même et je ressens aussi le désir de livrer ce que je vois. J’ai eu une chance incroyable de savoir que mes lecteurs m’ont soutenu dès mon premier opus. Séduire, c’est communiquer. Mais séduire pour séduire ne m’intéresse pas.

Au fond, je suis un ermite social

Jean-Baptiste Andréa

Ce que j’aime que les gens disent de moi ?
Que je suis honnête.

La dernière fois que j’étais fier de moi ?
Le lendemain de la proclamation, quand j’ai débarqué ! Ce sentiment pourrait émerger dans le maelström. Mais j’étais assez fier de rendre fiers ma famille et ma maison d’édition.

Ce que je vais faire après cette interview ?
Partir m’isoler en montagne ! Au fond, je suis un ermite social.

veille sur elle , de Jean-Baptiste Andrea, Éditions de L’Iconoclaste, 580 p., 22,50 €.

 
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