Trois mois après le rachat du Golf du Médoc par le groupe canadien Cabot, comment se passe la transition ?
Même si trois mois, ce n’est pas beaucoup, nous avons déjà accompli beaucoup de choses. Le premier et le plus important a été le changement de marque. Ce qui n’était pas une tâche facile d’un point de vue technique, logistique et juridique. Quand on a une marque très implantée comme le Golf du Médoc depuis maintenant trente-cinq ans, il y a beaucoup d’actions de communication à mener. Il n’est pas non plus facile pour nos clients et nos adhérents de s’officialiser avec ce nouveau nom. Il faut maintenant s’habituer à parler du golf de Cabot Bordeaux. La deuxième chose était de travailler sur la stratégie et sur ce que nous souhaitons mettre en place pour les années à venir. Et apprenez à travailler ensemble. Pour l’instant, tout se passe très bien.
Vous avez conservé la grappe de raisin sur le logo, était-ce une nécessité pour vous ?
Oui, car c’est le lien marketing qui se fait entre notre logo et notre nouveau nom. La spécificité de notre destination est le vin. Les gens viennent chez nous parce que nous sommes une région très attractive avec Bordeaux, tous les attraits de la région et la qualité du site. Mais surtout pour le vin, car Bordeaux est mondialement connu pour cela. Depuis son origine en 1989, le logo du Golf du Médoc comportait un cluster, même s’il s’est modernisé au fil du temps. Nous avons souhaité conserver ce lien naturel avec la marque Cabot.
Quelle est votre relation avec le groupe canadien ?
J’ai un contact quotidien avec eux afin qu’ils comprennent notre fonctionnement et notre activité. Nous sommes sur une structure très différente des autres propriétés qu’ils gèrent aujourd’hui, comme au Canada, aux États-Unis, dans les Caraïbes et en Écosse. Pour nous, c’est très local. Aujourd’hui, 85 % de l’activité, qu’elle soit golfique ou hôtelière, est très locale, très française. L’international représente 15% de notre activité. Alors, ces 85%, il faut continuer à leur faire vivre. Cabot comprend que notre stratégie doit toujours être très orientée vers ce marché essentiel pour nous.
«Le surplus de clientèle nord-américaine que nous aurons ne perturbera pas le quotidien»
Comment définir la philosophie du groupe Cabot ?
Ce groupe a une orientation très golfique. Ça tombe bien, nous aussi, la structure du Golf du Médoc avait à l’origine et a toujours l’ADN du golf. Les gens venaient jouer ici grâce à nos deux parcours (Les Vignes et Les Châteaux). Ensuite, la structure s’est développée avec des hôtels, des spas et des restaurants. Ce lien avec Cabot est très important car il souhaite créer des lieux magiques pour ses clients. Nous sommes déjà assez magiques avec notre structure qui repose sur des bases très solides. Mais notre propriétaire est là pour apporter ce petit plus et nous permettre d’offrir une qualité de service et d’expérience encore plus qualitative à nos clients.
Pourquoi le groupe canadien s’est-il intéressé à la France et notamment à Bordeaux ?
Il s’intéressait à nous pour deux raisons. La première concerne les deux architectes de nos cours, Bill Coore et Rod Whitman, qui sont mondialement connus. Ce sont les mêmes qui ont conçu leur itinéraire original, à savoir Cabot Cape Breton sur l’île du Cap Breton, située dans l’est du Canada. La seconde est due au fait qu’elle s’appuie sur une importante clientèle nord-américaine. Il recherche donc des destinations attractives. Ce n’est qu’à partir de 2022 que le groupe accélère son développement avec l’acquisition d’un « resort » [hôtel de haut-standing, NDLR] en Ecosse, d’autres en Floride, à Sainte-Lucie, au Canada, car depuis 2012 il ne possédait qu’une seule propriété. Le nom et la destination de Bordeaux ont rapidement séduit les Canadiens. C’était donc intéressant pour eux de racheter un site qui fonctionnait déjà bien.
Que peuvent attendre vos abonnés et vos clients français, tant en termes de tarifs que de horaires ?
Nous restons avec la même stratégie que les années précédentes. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Il y a eu beaucoup de rumeurs sur l’arrivée d’un nouveau propriétaire, d’un golf changeant de nom, plus un propriétaire nord-américain, on imagine beaucoup de choses sur le fait qu’on allait tout changer, devenir privé, tripler prix. Non, ce n’est évidemment pas le cas. Nous continuerons de nous appuyer sur notre vivier local de 660 abonnés, pour améliorer nos services, la qualité des parcours, etc.
Les prix des green fees resteront-ils les mêmes ?
Oui, avec des augmentations chaque année en fonction de l’inflation, car nous ne sommes pas dans la période la plus facile. Nous essayons de protéger nos clients en proposant des prix différents entre clients étrangers et locaux avec des réductions importantes. Cela nous permet de continuer à être très attractifs.
L’enseignement sera-t-il maintenu ?
Oui, le centre de formation est maintenu, nous continuons à organiser des stages et des leçons, notre école de golf compte 70 enfants cette année. Il y aura toujours des compétitions, des tournois amateurs et professionnels. Le surplus de clientèle nord-américaine que nous aurons ne perturbera pas la vie quotidienne. Ce sera un peu la cerise sur le gâteau qui nous permettra d’être encore plus efficaces et de pouvoir investir un peu plus vite pour faire avancer la structure.
Quelle est la vision du groupe Cabot à Bordeaux dans les années à venir ?
Continuer à progresser, avoir une vision à trois ou cinq ans qui nous permet de prendre les bonnes décisions en termes d’investissements. Nous n’allons pas lancer des programmes de rénovation maintenant. Je ne suis pas en mesure de vous dire aujourd’hui le volume de nouveaux clients étrangers que nous aurons. Mais nous les accueillerons dans les meilleures conditions. Nous allons nous inscrire de plus en plus dans une station dynamique. Nous proposerons à nos clients des activités supplémentaires qui n’étaient pas présentes jusqu’à présent afin de leur apporter encore plus de services. Nous sommes aujourd’hui l’un des plus beaux golfs de France, nous faisons partie des 15 à 20 meilleurs resorts d’Europe. Si dans quatre ou cinq ans nous pouvons être les meilleurs d’Europe, cela pourrait être un grand objectif.