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Un lobbyiste a détaillé les dessous des relations postcoloniales privilégiées de la France avec les pays africains connus sous le nom de « Francafrique », affirmant que la politique parisienne a longtemps été alimentée par des sacs remplis d’argent subsaharien.
La victoire de feu Jacques Chirac à l’élection présidentielle de 1995 a été renforcée par « au moins 10 millions de dollars » de la part des dirigeants du Congo, du Gabon, du Burkina Faso et du Zaïre (aujourd’hui la République démocratique du Congo), affirme Robert Bourgi dans un livre d’entretien récemment publié « Ils savent que je sais tout » (« Ils savent que je sais tout »).
Ses allégations s’étendent aux socialistes, anciens rivaux du RPR conservateur de Chirac avant l’effondrement des grands partis français dans les années 2010.
Bourgi affirme avoir rencontré Roland Dumas, deux fois ministre des Affaires étrangères, dans la salle d’attente du dirigeant gabonais Omar Bongo avant les élections de 1988 qui ont ramené le président socialiste François Mitterrand pour un second mandat.
“Bongo alimentait aussi le Parti socialiste”, dit Bourgi, misant “sur tous les chevaux pour être sûr de soutenir le vainqueur”.
Le dirigeant gabonais a fait de même en 1995, misant à la fois sur Chirac et sur son rival conservateur Edouard Balladur.
Chirac a bénéficié d’une nouvelle vague de largesses africaines avant les élections de 2002, avec des contributions du Gabon, du Congo et du Sénégal s’élevant à près de 10 millions de dollars, affirme Bourgi.
Quatre tambours Djembe contenant 3 millions de dollars provenant du Burkina Faso Blaise Compaoré sont arrivés à l’Elysée, affirme Bourgi, tandis que la même somme provenait de Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire dans des « sacs siglés Puma ».
« Chirac aimait l’argent, peu importe d’où il venait. Il était irrésistiblement attiré par l’argent », raconte Bourgi.
En revanche, son successeur Nicolas Sarkozy – mêlé à ce jour à des allégations de financement illégal de campagne de la part de Mouammar Kadhafi en Libye – « n’a jamais reçu d’argent africain », affirme le lobbyiste.
Bourgi, avocat de formation, affirme avoir été payé par des dirigeants africains pour « jouer le rôle d’intermédiaire » avec Paris.
Ils ont investi des sommes énormes dans leur relation comme une « pure contrepartie ». La France restait très influente en Afrique » à l’époque, ajoutait-il.
Bourgi affirme qu’il n’a lui-même « jamais » touché à l’argent.
“Je l’ai vu avant tout comme un soutien à ma famille politique”, a-t-il déclaré à son interlocuteur, le conservateur du RPR.
Bourgi a fait plusieurs des mêmes allégations dans la presse en 2011, lors d’une enquête sur les « biens mal acquis » des dirigeants africains cachés en France.
Chirac l’avait alors poursuivi en justice pour diffamation, mais avait abandonné ses poursuites en 2013.
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