Dans les années 1960, la Roumanie faisait définitivement partie du bloc de l’Est, inféodé à l’URSS. Les dirigeants de chaque pays satellite étaient adoubés par le grand frère.
C’est ainsi qu’en 1965, Nicolae Ceaucescu est nommé premier secrétaire du Parti communiste roumain.
Appel d’offres
Le Conducateur prend une première décision, celle de doter son pays d’une industrie automobile. Car à cette époque, la majorité des automobiles composant le parc étaient fabriquées en Europe de l’Est (Trabant, Volga, Moskvitch et Skoda).
Comme on ne peut pas créer une industrie sans bases, la Roumanie va lancer un appel d’offres pour l’achat d’une licence de production.
Premiers à répondre, Fiat avec sa 1100 D, Alfa Romeo et sa 1300, Austin-Morris avec la Mini, Peugeot et la 204 et Renault avec la R10.
Objectif R12 mais…
Peugeot sort vainqueur, mais le choix sera invalidé. Au second tour, la Mini l’a emporté mais les négociations ont pris fin.
Finalement, la Roumanie choisira Renault car la France vient de quitter l’OTAN. L’accord sera signé en 1966 pour les premières sorties d’usine en 1968.
La R8, faute de mieux
L’accord initial signé avec le futur « Génie des Carpates » prévoyait l’assemblage de la R12, le modèle phare encore en préparation, la Dacia 1300.
Problème, la R12 n’était pas prête (elle serait présentée en 1969) et la toute nouvelle usine de Pitesti était prête en 1968.
Il a donc été décidé d’occuper les chaînes d’assemblage et de roder l’outil de production avec un modèle de transition, la Dacia 1100 qui n’est autre que la R8 qui a déjà 6 ans au compteur en France. Aucune pièce n’est fabriquée sur place. Le 3 août 1968, la première Dacia 1100 sort des chaînes.
Chez Dacia 1100
Le chiffre 1100 fait référence à la cylindrée du moteur, la fameuse fonte Cléon. Pour le reste, la Dacia est une copie conforme de sa cousine française.
La seule distinction est qu’en façade, une plaque chromée porte la mention « Dacia 1100 ». La voiture n’a pas à rougir par rapport à ses concurrentes de l’Est ; avec ses 46 chevaux, il peut atteindre une vitesse de pointe de 133 km/h tant que la qualité du réseau routier le permet.
Ce qui est loin d’être le cas… La première Dacia 1100 achevée sera offerte à Nicolae Ceaucescu.
Une voiture simple et fiable
Dès le début de 1969, certains composants ont commencé à être fabriqués en Roumanie : vitres, radiateurs, pneus, électricité, sièges et tissus d’ameublement.
C’est alors qu’une version très limitée sera produite : la Dacia 1100S, en fait une reprise de la R8S qui sera utilisée par le département course de Dacia et deviendra une première voiture de rallye.
Avec son moteur de 68 ch, la Dacia 1100S sera réservée à une cinquantaine d’exemplaires aux membres de la police politique.
Au total, 37 546 exemplaires de la Dacia 1100 ont été fabriqués entre 1968 et janvier 1972. La Dacia 1100 a même survécu au passage à la Dacia 1310 à Pitesti.
Si les R8 sont devenues rares en France, il sera tout aussi difficile de trouver une Dacia en Roumanie.
Pourtant la copie remise au « Danube de la Pensée » aura été sauvegardée après la chute du régime.