Très remarquée pour son rôle dans le Portrait d’une jeune fille en feu de Céline Sciamma, Noémie Merlant s’essaye depuis quelques années derrière la caméra. Lauréate du Nikon festival en court pour #jesuisunebiche, puis nommée en compétition à la Caméra d’Or pour Mi Iubita, mon amour en 2021, elle se renouvelle cette année avec son deuxième long-métrage Les Femmes au balcon, une comédie gore et engagée.
Elle nous emmène cette fois-ci à Marseille, en pleine canicule, dans un appartement où 3 jeunes femmes vivent : Ruby, Nicole et Elise – arrivée en trombe après s’être enfuie de chez elle -. En face, à la fenêtre il y a un jeune homme, un beau jeune homme, qui attire leur attention. Il est photographe, va les inviter à boire un verre chez lui et tout va déraper… Un drame survient et la vie des trois amies va complètement basculer.
L’amitié, un nouveau modèle ?
L’histoire du film est née sur un balcon, celui de l’appartement Sanda Codreanu où Noémie Merlant est partie se réfugier au cœur de la tempête. Dans ce gynécée, entourée par son amie et ses sœurs, la comédienne-réalisatrice a enfin trouvé la liberté qu’il lui fallait pour finaliser l’écriture des Femmes au balcon.
“Vivre entre femmes est aussi un choix de construction de vie. L’amitié peut parfois être tout aussi importante qu’un couple. On a tendance à souvent représenter les femmes divisées, jalouses, mais moi ce n’est pas vraiment ce que je connais. C’est plutôt de l’entraide, de l’amour. Et j’ai voulu représenter ça. Le personnage de Nicole d’ailleurs va se raconter, mais surtout raconter ses amies chacune très différente mais qui pourtant s’entraident sans hésiter. En réalité, l’amitié est aussi un endroit de création pour moi, plus loin que la joie qu’elle me confère.”
Du female gaze (enfin) à l’écran
Inscrite dans la lignée du Portrait d’une jeune fille en feu et de la réalisation de son amie Céline Sciamma, Noémie Merlant nous propose une vision renouvelée des corps à l’écran, détachée du male gaze et l’hypersexualisation encore trop présente autour des personnages féminin.
“Souvent, on rentre tout de suite dans le regard de l’autre, la séduction. Pour Les femmes au balcon, j’ai essayé de déconstruire immédiatement cette idée. Je voulais avoir des corps vivants, complètement relâchés devant la caméra. Je ne voulais pas les rendre beaux pour le regard de l’autre, mais montrer les choses très frontalement, passer par de la vulgarité, un presque mauvais goût qu’on ne permet pas d’habitude à la femme. Je trouve qu’avoir un espace de représentation moins sexualisé est une chance. Pour moi, montrer des images que l’on n’a encore jamais vues est tout aussi excitant et surprenant que le reste du cinéma.”
La catharsis du film de genre
A contrario de son premier long-métrage, Noémie Merlant s’empare ici d’un nouveau cinéma, celui de la comédie et du gore qu’elle assume comme une forme jouissive d’exutoire.
“Le gore et l’humour permettent pour moi de traiter de beaucoup de choses que j’aurai eu beaucoup de mal à montrer frontalement. Osciller entre le gore, le burlesque et le fantastique permet aussi de se moquer des agresseurs, d’évacuer des choses. Malgré ça, le film n’a pas été aisé à sortir, il était jugé trop anti-homme, trop radical. Mais souvent, lorsqu’une une femme commence à se raconter, ça devient militant et politique.”
Extraits sonores
- Archive d’Alice Raybaud dans Les Matins de Culture, le 13 janvier 2024
- Archive de Chloé Delaume dans Les Midis de Culture, sur France Culture le 23 avril 2024
- Bande d’annonce du film Les femmes au balcon de Noémie Merlant, 2024
- Chanson : Ma soeur de Clara Luciani, tirée de Sainte-Victoire (2018)
À écouter : Sororité dans la souffrance
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