Pour les fêtes de fin d’année, pourquoi ne pas faire découvrir, ou redécouvrir, le travail d’un cinéaste en proposant un coffret DVD ? Les critiques de cinéma de Monde avons fait un choix parmi les sorties de ce mois de décembre.
Tex Avery
Tombant
On ne sera pas surpris : voici un coffret qui traîne dans les magasins et leurs avatars électroniques depuis Dieu sait combien de décennies. Warner, sous des formes variées, le joue et le rejoue sans se lasser ni se lasser, signe d’une certaine intemporalité du produit. On parle de l’intégrale de Tex Avery (1908-1980), l’animateur le plus fou de l’histoire du cinéma, auteur d’une soixantaine de dessins animés dont les héros s’appellent Daffy Duck, Droopy, Le Loup, Willoughby le chien, les ours George et Junior , nous passons en revue certains des meilleurs. Excentricité, sophistication, sauvagerie : voici Disney réduit à la saveur d’un pot de yaourt. L’art du détournement atteint de nouveaux sommets avec Loup éclair (1942), une adaptation de Trois petits cochons à la sauce hitlérienne, puis avec Chaperon rouge chaud (1943), une parodie contemporaine hypersexualisée de Le petit Chaperon rouge. Quant à savoir pourquoi cette intégralité s’intitule « Droopy » – certainement l’un des personnages les plus cool et les plus pataphysiques de l’Averyan Zoo Madness – Warner lui-même n’a pas la réponse ! Quoi de neuf, doc ? Jacques Mandelbaum
Damien Odoul
Cinéma panthéiste
« Cinéaste indépendant » est sans doute l’expression la plus galvaudée du vocabulaire cinématographique. Ce n’est pas pour Damien Odoul, car la singularité de sa création et la liberté dont elle naît induisent le sentiment que son œuvre ne ressemble vraiment à rien de ce que l’on connaît. Il a 56 ans, est poète et photographe. Son œuvre cinématographique, restée confidentielle, compte neuf longs métrages réalisés en trente ans de carrière. Morasseix (réalisé en 1992, sorti en 2004), produit par Patrick Grandperret et signé à 23 ans, fut le premier. L’auteur incarne César, un jeune compatriote dont le rapport à l’existence naît d’un puissant désir d’insoumission et de jouissance. En ce sens, programmatique d’une œuvre dont le dernier avatar en date – Théo et les métamorphoses (2022) – met en scène un jeune trisomique en quête d’expérience vitale et détient Chansons de Maldoror. Rupture avec la société, communion avec les vivants, délivrance par le sexe gouvernent ce cinéma panthéiste et libérateur qui risque, il est vrai, de mettre le feu à l’arbre. L’édition – des livres comportant des textes courts et éclairants ainsi que des travaux photographiques – est parfaite. J.Ma.
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