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La légende de Lara Croft

UN TOMB RAIDER POUR LES UNIER TOUS

C’est la showrunner de la série, Tasha Huo, qui a déclaré : Tomb Raider : La Légende de Lara Croft Virginie “rassembler les chronologies de Tomb Raider”et servir de “transition après la trilogie Survivor pour commencer à suivre les aventures de Lara qui mèneront aux premiers pas du premier jeu Tomb Raider”. Une idée illustrée par la présence simultanée de Jonah et Zip, deux compagnons d’aventure de Lara Croft dans différentes parties de son histoire.

L’ambition est peut-être belle pour Crystal Dynamics, qui dirige la franchise depuis 2003, mais elle est légèrement intimidante. En plus de réécrire une énième fois l’histoire, puisque le jeu de 2013 ne serait plus un reboot mais un prequel qui écrase une fois de plus l’histoire d’origine de l’héroïne, se pose la question des mille points. Comment passer de Lara Croft de la trilogie Survivor (sentimental, sociable, attaché à sa famille) à ceux des premiers jeux (solitaire, austère, froid) ?

La série Netflix révèle une réponse bien connue : Lara Croft se construit par rapport à quelqu’un d’autre. Il y avait eu Werner Von Croy dans Tomb Raider : La révélation finale (1999), sa mère et son amie Amanda dans Tomb Raider : Légende (2006) et Tomb Raider : Monde souterrain (2008), Conard Roth dans Tomb Raider (2013), et son père dans La montée du Tomb Raider (2015) et L’Ombre du Tomb Raider (2018).

Tomb Raider : La Légende de Lara Croft il suffit de recycler les deux derniers à installer un nouveau personnage : Charles Devereauxfigure mi-paternelle (cheveux gris oblige), mi-alter ego (chasseur de trésor téméraire). C’est lui qu’elle affrontera pour retrouver des boîtes légendaires liées à la mythologie chinoise, dans une sorte de course aux artefacts à la Thanos qui pourraient évidemment provoquer encore une autre apocalypse.

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Lara et les garçons

LE RALE CROFT

Dans Tomb Raider : La Légende de Lara Croftdonc il y a beaucoup (trop) de personnages. Il y a Jonah et son amie Abby rencontrés à L’Ombre du Tomb RaiderZip de l’autre côté du casque, mais aussi l’amie française Camilla Roth, l’ami de Jonah nommé Leo, et quelques PNJ sur la route.

Tous sont là pour faire parler l’héroïne, prouvant que la série est avant tout une suite à la trilogie Survivoroù Lara Croft n’avait jamais autant affiché ses sentiments. C’est un choix facile, qui continue d’édulcorer le personnage, mais le vrai problème est ailleurs : dans l’écriture maladroite de cette production Netflix supervisée par Tasha Huo (scénariste sur plusieurs épisodes de Navet The Witcher : L’héritage du sang).

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Et même pas un horrible faux accent français, dommage

Non seulement la série se rejoue les mêmes idées que la trilogie Survivor (Lara met ses proches en danger, Lara se sent coupable, Lara ne veut l’aide de personne), mais c’est avec quelques kilos de bêtise en trop. C’est particulièrement magique sur Jonah, un comparse et un disque rayé que la série utilise encore moins bien que les derniers jeux. Lorsqu’il n’est pas laissé pour mort pour forcer une pauvre émotion sur le visage de l’héroïne, il lui livre des discours sur l’amour, l’amitié et la vie qui donnent envie d’exploser quelque chose (code de triche disponible dans Tomb Raider II).

La série tente de questionner le tempérament de Lara Croft, allant même jusqu’à parler des pulsions de mort qui se cachent derrière ses exploits. Mais tout cela est englouti par des installations d’écriture de scénario monumentalesavec des lignes qui devraient être interdites (“Les gens que nous aimons sont le véritable trésor qu’on ne trouve pas dans une tombe”), jusqu’à un combat final qui se résume presque à la victoire du pouvoir de l’amour et de l’amitié.

Autrement dit : ça parle beaucoup dans Tomb Raider : La Légende de Lara Croftet il vaudrait mieux se taire.

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Arrêtez-vous avec Jonah St

LE SOL EST LARA

Bonne nouvelle néanmoins : la série bouge autant qu’elle parle. Fidèle à la tradition des globe-trotters du jeu vidéo, Tomb Raider : La Légende de Lara Croft passe par la Chine, la Turquie, la France et même l’Iran. L’héroïne parcourt de nombreux paysages urbains et naturels, allant de la ville au train, du désert à la jungle, et surtout d’un temple à l’autre.

A ce niveau, la série revient au Tombeau de Tomb Raidercontrairement à la première partie de la trilogie Survivor. Il semble donc que et le meilleur de Lara Croft avec une multitude de pièges, d’énigmes et de décors incroyables, où elle devra grimper, nager et éviter de tomber dans la lave.

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Le piolet est évidemment là

En ramenant quelques ennemis bien connus, qui vont des crocodiles à des reptiles bien plus gros, Tasha Huo rend évidemment hommage aux jeux. Et aller à l’opposé du film Tomb Raider avec Alicia Vikander, qui avait rationalisé le surnaturel à l’extrême, la série rouvre les portes du fantastique.

L’animation est peut-être très conventionnelle, mais il est difficile de ne pas faire d’éloges la générosité de l’aventure, qui enchaîne visions fantasmagoriques et merveilleuses. La série n’a peur de rien, ni des gargouilles géantes, ni des portails magiques, ni des temples au-delà du réel. Et si quelques images dignes de Marin Lune aller trop loin, Tomb Raider : La Légende de Lara Croft contraste avec la tiédeur grisâtre des jeux récents, pour retrouver un peu de cet aspect pulp des aventures originales.

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Lave tes péchés

LA FAIM DE LA FIN

Le problème est que Tout cela finit par ne mener nulle part. Dans la série Netflix, Lara Croft pleure son père, comme dans la trilogie Survivor. Elle apprend à compter sur les autres et à contrôler ses émotions, comme lors des derniers jeux. Elle retrouve ses deux armes emblématiques dans une scène spectaculaire, comme à la toute fin du redémarrer Préquelle de 2013.

Lorsque le dernier épisode se termine avec le kidnapping de Sam (comme dans le jeu de 2013) et la découverte d’un vaste réseau mondial de grands méchants bandits (comme Trinity), il y a lieu de s’interroger. de quoi parle cet hommage suite-remake-reboot ?

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Lara décroche

Le dernier épisode est presque un calice empoisonné. Alors que Lara Croft a stoppé le grand méchant, elle doit sauver le monde en ramenant les précieux artefacts dans un temple, perdu dans une dimension hallucinée. Pour y arriver, elle devra activer tout un tas de mécanismes, traverser une vallée perdue peuplé d’animaux disparus, et affrontez même un boss final qui ravira les fans.

Certes, Jonas est entre ses pattes, mais Lara Croft baigne ici dans pur Tomb Raidergargantuesque et spectaculaire. Pourquoi ne pas faire de cet épisode la note clé de toute la série ? Pourquoi avoir créé autant de personnages et de blabla, au lieu de simplement plonger dans l’aventure ?

Dans un autre monde, la série Tomb Raider aurait ressemblé à Primitifla brillante série de Genndy Tartakovski (et donc les premiers jeux) : une Lara Croft presque seule et muette, face à un monde infiniment grand, merveilleux et dangereux, où elle doit avancer d’épreuve en épreuve, de rencontre en rencontre.

Mais dans celui de Netflix et Crystal Dynamics, il n’y en a qu’un toute petite aventure, beaucoup trop facile et conventionnelle à la hauteur d’une saga s’étalant sur près de trente ans et une douzaine de jeux.

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