Qu’est-ce que ça fait d’avoir vu Auschwitz ? «C’est difficile à expliquer. Nous sommes happés par quelque chose qui nous dépasse, même lorsque nous en sommes informés.témoigne Patrick Hipeau. Une fois sur place, nous sommes récupérés, on ne sait par quoi : nous ne repartons pas par où nous sommes venus. » Patrick Hipeau est le secrétaire de l’association des Deux-Sèvres Mémoireshared qui, depuis 2018, organise des voyages au camp d’extermination d’Auschwitz pour des scolaires mais aussi des particuliers. Prochain voyage, du 28 avril au 2 mai 2025.
« C’est la première chose qu’on voit, l’immensité du site »
A la tête de Mémoire Partagée, Michael Butting, originaire de Niort d’origine allemande. « L’Holocauste est un sujet qui me préoccupe depuis que j’ai des pensées politiques. Je suis né en 1954 : j’ai grandi en Allemagne à une époque où lorsqu’on posait des questions à ses parents sur le sujet, on n’obtenait pas de réponse. »
Dans les années 1970, Michael Butting a l’occasion de découvrir Auschwitz. Au fil du temps, installé en France, il s’est dit un jour qu’il lui faudrait refaire le voyage avec ses enfants, sa famille, ses amis. En 2018, l’idée de créer une association est née. Depuis, 200 personnes, des Deux-Sèvres et au-delà, sont reparties avec Mémoire Partagée.
Qu’est-ce qui motive les participants ? Certains sont motivés par l’histoire familiale. C’est le cas de Patrick Hipeau, dont le grand-père est décédé en déportation. « D’autres sont des gens passionnés par l’Histoire et surtout par cette époque. Souvent, les gens veulent y aller mais ne savent pas comment. Et ils veulent vivre cette expérience avec d’autres personnes.explique Michael Butting.
L’association s’occupe de tout depuis Paris ou Cracovie en Pologne. La première matinée de trois heures et demie est consacrée à la visite d’Auschwitz-1, une ancienne caserne de l’armée polonaise transformée en camp de concentration. Puis le lendemain, ce fut au tour du camp d’extermination, Auschwitz 2-Birkenau. Quatre heures de visite. « Ce qui est frappant, rapporte Patrick Hipeauc’est la taille : c’est la première chose que l’on voit, l’immensité du site. »
Le travail des guides est vital. « Il est très important de faire cette visite accompagnée, en groupe, avec des temps d’échange, pour aider à décompresser »insiste Michael Butting. Au programme également, une visite de la ville voisine d’Oswiecim, Auschwitz en polonais, car elle “C’est important de voir qu’il y a une ville, une vie à côté de tout ça.” Avec les écoliers, nous passons des heures à revoir ce que nous avons vu. « Ils posent beaucoup de questions que vous n’oseriez peut-être pas vous poser. » Pas d’élèves en dessous de la troisième année en groupe : « Et encore une fois, c’est juste qu’ils doivent vraiment être bien préparés. »
Prochaine date en vue, le 28 avril donc. Niort-Auschwitz fait 1 352 kilomètres à vol d’oiseau. En réalité, une distance folle, impossible à mesurer, sépare les deux mondes. La mémoire partagée aide à s’en remettre.
points de repère
> Shared Memory organise également des événements dans les Deux-Sèvres autour de la Shoah. En 2024, trois conférences grand public ont été données à Parthenay, à Sompt, commune du Mellois où vivait Ida Grinspan (1929-2918), déportée à Auschwitz lorsqu’elle était enfant, et au Moulin du Roc à Niort, à parallèlement à la projection du film » Le domaine d’intérêt ». Une pièce de théâtre a également été jouée à Sompt.
> Le voyage dure cinq jours. Le séjour en Pologne coûte 430 € couvrant la pension complète, les entrées aux musées et les déplacements. Il faut ajouter le prix du vol en avion de Paris à Cracovie. Le programme comprend une exposition « Labyrinthes », du déporté polonais Marian Kolodziej, arrivé à Auschwitz dans l’un des premiers convois et libéré à Mauthausen en 1945.
> Contacts. Tel. 06.20.41.35.96 ou par email : [email protected]