Final Mission, qui signifie mission finale en français, est un film d’action du réalisateur bobolais Jonathan Soubeiga. Le film a été projeté pour la première fois à Bobo-Dioulasso du 27 au 29 décembre 2024. Durant les 72 heures de projection, les cinéphiles bobolais ont pu découvrir ce chef-d’œuvre qui est un captivant mélange de fiction et d’action. Le film a été bien accueilli par les cinéphiles.
La maison de la culture de Bobo-Dioulasso a été prise d’assaut du 27 au 29 décembre 2024 par des cinéphiles, lors de la projection du film « Mission Finale » du réalisateur Jonathan Soubeiga. Ce film nous plonge dans l’univers de la mafia. Un film d’action qui raconte la vie d’un trafiquant de drogue qui va décider d’arrêter son travail de trafiquant. Tout ce qui n’était pas du goût de son patron qui estimait qu’il était un « bon pion » pour le réseau. Il va user de tous les moyens pour la forcer à y rester, allant jusqu’à kidnapper sa fille.
Il est contraint de poursuivre la mission, s’il souhaite récupérer sa fille saine et sauve. Malheureusement ce qu’il craignait s’est produit, il sera arrêté par la police lors d’une de ses missions. Mais bien avant, il avait engagé un groupe de jeunes filles, spécialisées dans les assassinats et autres, pour récupérer sa fille. Finalement, la jeune fille sera récupérée, mais de manière dramatique. Un film plein de suspense et de rebondissements qu’il faut absolument suivre. Pour le réalisateur, ce film avait pour but de faire connaître le monde de la mafia. « Le monde mafieux est un monde dans lequel si on y entre, il est difficile d’en sortir. Il n’y a pas de demi-mesures dans ce monde ; nous avons tout à perdre en entrant. Donc l’idéal c’est de ne pas y entrer quelle que soit la situation qu’on traverse, ce n’est vraiment pas une option », a suggéré Jonathan Soubeiga.
Ce film a été soigneusement réalisé avec des moyens modestes pour le plus grand plaisir des cinéphiles. Pour le réalisateur, le choix d’un film d’action n’est pas fortuit. « Nous avons choisi un film d’action parce que nous avons vu que les films d’action ne se développent pas au Burkina Faso. Il s’agit le plus souvent de films d’émotion et de comédie. C’est pour cela que nous avons souhaité apporter une autre touche, c’est-à-dire entrer dans le monde de l’action. Et nous avons essayé ce film avec nos moyens disponibles parce que les conditions n’étaient vraiment pas bonnes, il y avait beaucoup de problèmes à résoudre », a-t-il souligné.
Avant de poursuivre : « Ce film a été réalisé en moins d’une semaine. Nous voulions avoir de vraies armes, malheureusement nous ne l’avons pas obtenu. On ne voulait pas beaucoup de choses mais c’était compliqué vu le contexte que traverse le pays. Pour les conditions de tournage, nous avons dû faire des demandes de lieux pour pouvoir tourner car les décors doivent être alignés avec ce que l’on veut faire passer comme message. Selon lui, toutes ces difficultés n’étaient pas sans conséquences sur la qualité du film. Quoi qu’il en soit, il se dit satisfait du résultat présenté aux cinéphiles. Par ailleurs, il prend acte des lacunes constatées dans ce film et promet de les corriger dans les projets futurs.
Avant Bobo-Dioulasso, ce film a été présenté pour la première fois aux cinéphiles de Ouagadougou à travers une semaine de projection au cinéma burkinabé. « Le film a connu du succès à Ouagadougou car il a été apprécié par beaucoup de monde. Lors de la projection, de nombreuses personnes sont venues nous soutenir », a déclaré Jonathan Soubeiga. A Bobo-Dioulasso, les cinéphiles n’ont pas non plus voulu entendre parler du film. Ils ont été nombreux à venir suivre le film, une manière pour eux de soutenir le cinéma africain, et particulièrement le cinéma burkinabè.
La qualité du film saluée par les cinéphiles
La qualité du film a été vivement saluée par les cinéphiles, notamment Alimata Ouédraogo qui a salué le film à sa juste valeur. « C’est déjà un grand pas pour aller vers la fiction car en général ce ne sont pas des films de fiction qu’on voit. Alors il a osé et je pense que c’est bien d’avoir essayé. Je me dis que cela peut inspirer d’autres acteurs. Même s’il y a des défauts, je ne suis pas un professionnel pour pouvoir les détecter. J’ai donc suivi ce film sans regret, les acteurs ont bien joué donc j’ai une bonne appréciation du film”, a-t-elle déclaré.
Même son de cloche pour Williams Garané pour qui le film a été « magnifiquement tourné ». Il a toutefois dit regretter la fin du film. « J’ai vraiment aimé ce film magnifiquement réalisé. Trop de suspense, avec quelques effets spéciaux, le tout agrémenté d’un bon jeu d’acteurs, j’ai beaucoup aimé surtout le message que veut faire passer le réalisateur. Pour commencer, il n’y a rien à dire, mais c’est la fin que j’ai un peu regrettée car elle s’est terminée brusquement », a-t-il souligné.
Il faut rappeler que le réalisateur n’en est pas à sa première production. En effet, Jonathan Soubeiga est un jeune réalisateur et producteur originaire de la ville de Bobo-Dioulasso. « J’ai d’abord commencé par la réalisation. Malheureusement, à Bobo-Dioulasso, je n’avais personne pour produire mes films. J’ai écrit des scénarios, mais trouver un producteur n’a pas été facile. J’ai donc dû devenir moi-même producteur, avoir mon propre matériel, avant de commencer une tournée », a-t-il déclaré.
C’est ainsi qu’il sort son premier film en janvier 2022 intitulé « Bobo-zombie ». Ce film, dit-il, a connu du succès à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. Après ce film, il a pu réaliser d’autres films comme « Survivant 2.0 », « Doussou » qui a été sélectionné au festival Recis, « Lévirat » qui a eu le soutien de pas mal de financiers, « Kéliya » qui est un long métrage. qui a été soutenu par le BBDA. “Ce film est encore en post-production, mais en février, je pense que nous présenterons le film”, a-t-il annoncé.
Après « Kéliya », il entame une série intitulée « A l’ombre de la ville », qui raconte un peu le vécu de la population burkinabè en général et des Bobolais en particulier. Pour cette série, le réalisateur prévoit cinq saisons de 26 épisodes par saison. A ce jour, Jonathan Soubeiga a réalisé une dizaine de films avec sa maison de production « Royale production ». Avec ces différentes productions déjà, il estime avoir beaucoup travaillé même s’il pense qu’il reste encore du chemin à parcourir. Passionné par le métier du cinéma, il dit avoir appris le BA BA sur le tas. « Je n’ai pas fait d’école de cinéma, j’ai appris le métier sur le tas auprès de ceux qui m’ont précédé et j’ai aussi fait des recherches pour me perfectionner. Actuellement, j’apprends et m’améliore à chaque fois que je fais des productions. Nous travaillons pour entrer dans la gamme FEPACO », a-t-il suggéré.
Pouvoir présenter un film au FESPACO, telle est l’ambition de M. Soubeiga. « Mon ambition est de pouvoir un jour présenter un film au FESPACO car c’est un festival incontournable pour moi en tant que jeune réalisateur. Maintenant, comme nous n’avons pas fait d’école de cinéma, nous devons travailler pour acquérir de l’expérience, pour fabriquer des produits qui méritent d’être présentés au FESPACO. Au-delà de cela, nous ciblons d’autres festivals internationaux », a-t-il déclaré.
Face aux nombreuses difficultés rencontrées, il ne manque pas d’adresser un message aux populations et particulièrement aux partenaires pour soutenir le cinéma. « Le cinéma n’est pas soutenu par les partenaires même si certains font des efforts. Personnellement, j’ai déposé une quinzaine de lettres pour soutenir la sortie de mon film et aucun partenaire n’a réagi. C’était pareil avec le film Bobo-zombie où j’avais soumis des demandes à presque toutes les institutions et entreprises sans suite. Il y a eu des promesses non tenues. Depuis mes débuts jusqu’à aujourd’hui, aucun partenaire ne m’a encore soutenu dans mes tournages”, a-t-il déploré. Son cri du cœur aujourd’hui est que les partenaires puissent le soutenir ainsi que le cinéma burkinabè en général.
Romuald Dauphin
Lefaso.net