Pour certains, Méchant montre depuis ses bandes-annonces une photographie manquant de couleurs par rapport à la Magicien d’Oz. Le réalisateur Jon M. Chu explique son choix.
Méchant est en passe de devenir le phénomène attendu. Avec un démarrage sur le sol américain à 114 millions de dollars, l’adaptation de la célèbre comédie musicale avec Cynthia Erivo et Ariana Grande a largement dépassé Gladiateur 2 sur son premier week-end (56 millions). Si le spectacle de Broadway – réinvention de l’univers de Magicien d’Oz – n’est pas forcément le plus identifié en France, son incroyable succès depuis plus de 20 ans aux Etats-Unis et au Royaume-Uni en a fait un projet de film plus que logique, et Universal a visiblement bien fait d’y investir.
Par ailleurs, le long métrage de Jon M. Chu (Asiatiques riches et fous, d’où nous venons) a jusqu’à présent reçu des premières critiques très enthousiastes à travers le Monde (et il est possible que nous rejoignions le tour très prochainement). Ceci étant dit, tout n’est pas forcément merveilleux dans le monde d’Oz, puisque le réalisateur est revenu sur l’une des critiques majeures apporté au film avant même sa sortie.
Wicked : Au-dessus des couleurs ?
En effet, dans une entrevue avec les médias canadiens Le Globe and Mail, Jon M. Chu a détaillé sa réflexion et son processus concernant la photographie de Méchantet plus précisément son calibrage. Depuis la diffusion des bandes-annonces, de nombreux internautes se plaignent de l’aspect désaturé de l’image, plutôt pastel dans ses couleurs.
Il est vrai que l’univers de Magicien d’Oz évoque de forts contrastes de couleurs, notamment avec le film de 1939, qui reste encore aujourd’hui une des vitrines du Technicolor, avec son fameux passage du noir et blanc à la couleur lors de l’arrivée de Dorothy dans le monde imaginaire. Mais justement, Jon M. Chu souhaitait une approche esthétique différentecohérent avec le fait que l’histoire est racontée du point de vue d’Elphaba, la méchante sorcière de l’Ouest.
« Pourtant, il y a de la couleur partout. Ce que nous voulions, c’était plonger les spectateurs dans le monde d’Oz, pour en faire un véritable lieu. Si cela semblait faux, si c’était un rêve dans l’esprit de quelqu’un, alors la relation et les problèmes très réels que traversent ces deux filles ne sembleraient pas réels.
Nous présentons ce monde d’une manière qu’Oz n’a jamais connue auparavant. Nous étions habitués aux matte painting, puis à un univers de jeu vidéo numérique [en référence au Monde fantastique d’Oz de Sam Raimi, ndlr]. Mais je voulais qu’on sente la poussière. Je voulais que nous ressentions l’usure des choses, pas que nous sentions le plastique. »
C’est vrai que Méchant a pour lui un maximum d’effets pratiques et des décors véritablement construits, mais on peut néanmoins s’interroger sur le binaire des propos de Jon M. Chu, d’autant que son film s’appuie sur beaucoup d’effets visuels numériques. Pourtant, son discours révèle clairement l’approche globale du long-métrage. Méchant n’est pas seulement l’adaptation de la comédie musicale de Broadway (lui-même basé sur le livre de Gregory Maguire). Il doit englober tout le patrimoine de la Magicien d’Oz – à commencer par le film de Victor Fleming – et trouver un équilibre pour raconter son histoire sous un angle différent.
Après tout, Méchant parle implicitement de l’hypocrisie du monde d’Oz, et de la conscience politique naissante de son personnage principal, qui se transforme du même coup en bouc émissaire. Pour M. Chu, il était important de marquer cette différenceet surtout marquer une évolution de la colorimétrie au fur et à mesure de l’histoire, comme il l’explique dans l’interview.
« Nous avons l’environnement de notre côté. Le soleil reste la principale Source de lumière. Vous voyez les vastes paysages. Vous sentez l’air et vous voyez les créatures qui vivent dans cet endroit. Pour ces deux personnages que nous suivrons à travers deux films [Wicked adapte la comédie musicale en deux parties, ndlr]leur relation avec le pays d’Oz est très importante, cette relation avec la nature sur laquelle le Magicien impose sa vision. Les contrastes de couleurs augmentent avec le temps car c’est ce qu’Elphaba apporte à ce monde. »
Dans ce cas, force est de constater que le film gagne en contraste dans sa dernière partie vers la Cité d’Émeraude, un passage fondamental de la comédie musicale. Il ne fait aucun doute que la seconde moitié de Méchantdont la sortie en salles est prévue le 26 novembre 2025, accentuera ce choix. En attendant, pour découvrir la partie 1 en France, il faudra aller au cinéma à partir du 4 décembre 2024.