“Pour moi, ce sera la vie qui m’arrêtera”

Des clichés assumés qui marquent votre retour à la comédie.

« Je suis heureux de revenir à une vraie comédie franche. J’ai une petite manie de mélanger l’émotion et le rire. Je suis même en train de tourner un film avec Christophe Barratier, qui est proche de Monsieur Batignolequi est une adaptation de la bande dessinée Enfants de la Résistance dans lequel j’incarne un prêtre résistant avec Artus. Ça va être un très beau film, mais pas du tout drôle. Ici, c’est vraiment une comédie familiale débridée, toute simple. Des familles recomposées, qui finissent par se recomposer grâce à tout ce qui leur arrive de troubles, de folies et d’addictions.

Le film frappe de plein fouet le fossé des générations. Vous sentez-vous boomer ?

« Franchement, j’ai l’impression d’être plus écolo que beaucoup de jeunes. Parce que j’ai les moyens d’acheter du bio. Je suis assez surpris, car il y a toute une tranche de jeunes qui sont très Greta Thunberg… voire un peu trop. Et puis il y a toute une autre branche qui se gave de McDonald’s, etc. C’est dingue ! J’ai l’application pour savoir ce qu’on mange. la quantité de merde dans laquelle vous pouvez vous retrouver rien que dans les biscuits. Ce n’est ni médiocre ni trop sucré, c’est dangereux. qu’on a l’impression que ça y est, c’est foutu. La surconsommation m’attriste. Ces vêtements bon marché fabriqués par des gens payés au lance-pierre. C’est vrai qu’on avait envie de donner du saumon fumé. tout le monde, à chaque repas. Mais il valait mieux ne le manger que le dimanche. Les fermes marines intensives sont atroces.

Dans “On aurait dû aller en Grèce”, vous donnez pour la première fois la réponse à notre compatriote Virginie Hocq.

« Il y a beaucoup de bons acteurs belges entre Damiens, Poelvoorde, De Groodt et Virginie. Il y a encore beaucoup de gens qui volent nos travaux en (sourire) ! Mais qui ont beaucoup de talent. Il y a plus de Belges qui viennent en France que de Français qui travaillent en Belgique D’abord parce qu’il y a moins de films. Ensuite, il y a des Français qui viennent s’installer chez vous (Christian Clavier, Dany Boon, NDLR). mais pour d’autres raisons… J’aime le sud, j’ai du mal avec le plat, mais bon en même temps, il y a une belle façon de vivre ici. belle maison, bien moins chère qu’à Paris et ça marche mieux !

“J’ai du mal avec le plat, j’aime le sud”

En parlant de Benoit Poelvoorde, hé nous a avoué être arrivé à un certain âge où ça devait être difficile de continuer à faire des films… Est-ce votre cas à 73 ans ?

« Moi, j’ai tous mes quartiers. Je suis déjà à la retraite. J’ai une retraite active (sourire) ! Non, pour moi, c’est la vie qui m’arrêtera. Ou le travail. Tant que je peux le faire ou m’amuser, je ne me vois pas m’arrêter. En plus, je suis toujours débordée d’activités. Je faisais des films, j’écrivais. Les grosses têtes. Alors je fais de la radio, du cinéma, du théâtre. Après, c’est un problème de santé. Cela demande des efforts, de l’énergie, peut-être un jour… mais je ne me le souhaite pas. Ma femme, plus jeune que moi, n’envisage pas cela. Quand je lui dis que je ne vais peut-être pas bien, elle me dit : ‘Êtes-vous fou? Tu serais insupportable si tu arrêtais de travailler ! (sourire). Pour nous, la retraite, c’est la retraite pour réussir. C’est une débâcle.

Retour à Grosses têtes après l’ère Bouvard, vous voici chez Laurent Ruquier. Est-ce différent ?

« Il a changé les choses, oui. Mais il a aussi eu la grande intelligence d’avoir ouvert le panel avec beaucoup de gens intelligents. C’est un faiseur de stars, entre JeanFi, Plaza, etc. Pour moi, c’est un exercice anti-Alzheimer. Il faut exercer son cerveau : trouver des bêtises, trouver des réponses, revenir sur des noms, remuer un peu le cerveau, c’est pas mal !

Avec ce sentiment que, parfois, on ne peut plus rien dire/rire ?

« Il y a des blagues qu’on peut dire en privé mais pas en public… Mais là, on va très loin. C’est l’un des seuls endroits où l’on peut rire de plein de choses avec plein de gens différents. Il y a encore des sujets qui sont un peu délicats.

Quand on voit le personnage transformiste dans le film, la censure n’existe-t-elle pas encore au cinéma ?

“Non. La vraie chose en ce moment, c’est la religion. On pourrait se moquer des prêtres. Mais maintenant, c’est difficile de rire de la religion avec des gens qui peuvent vous trancher la gorge si vous n’êtes pas d’accord. C’est vrai, c’est un problème. Mais à part ça… Non. Après, il faut que ce soit drôle. Je n’aime pas en rire, mais j’aime rire avec.

Nous aurions dû aller en Grèce. Gérard Jugnot répond pour la première fois à notre compatriote Virginie Hocq. ©DR

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Gérard Jugnot, comédien, au sujet de l’émotion autour de son camarade Michel Blanc. “C’est plutôt agréable de savoir qu’on a laissé une petite trace et que nos films continuent d’exister.” ©Jean Luc Flémal

“La disparition de Michel a été un coup dur pour nous”

Gérard Jugnot, qui dévoile son dernier projet avec Splendid, se confie sur la mort inattendue de son ami Michel Blanc. A côté de la radio (Les grosses têtes), le cinéma (Nous aurions dû aller en Grèce, qui sort ce mercredi) et au théâtre (Le Jour du Kiwi avec son Arthur), l’acteur de 73 ans ne compte pas revenir sur scène. “Je sors de 6 mois de théâtre, mais refaire un one-man show… non. J’en ai fait un il y a longtemps. Il y a des gars très forts et il faut de la santé. Vous êtes tout seul. Nous devons vraiment les impliquer. En plus, je m’ennuie seul. J’aime le peloton. Même si, après, on fait des petites évasions de temps en temps.»

“Un coup de massue” : Gérard Jugnot ému aux larmes lors d’un hommage à Michel Blanc (VIDEO)

Une réforme du Splendid avait souvent été évoquée. Et ça ?

« C’est de moins en moins à l’ordre du jour avec ce qui s’est passé (la disparition de Michel Blanc, NDLR). Il y avait quelqu’un qui voulait faire ça, mais ce n’est pas un scénario que nous avions écrit. Nous n’avons plus le temps d’écrire. Ni l’envie. La dernière chose que nous avons faite ensemble est ce livre qui va sortir : “Le Splendid par le Splendid, on s’est tellement amusé”. Tout le monde a trouvé des photos et en a parlé. Cela a été fait avec un journaliste qui nous a interviewé. Nous ne pouvions même pas nous réunir. La dernière fois que nous nous sommes réunis, c’était pour Paris-Match. Et on a ri comme des idiots ! La disparition de Michel a été un coup dur pour nous… Mais le bateau n’a pas coulé. C’est la chose la plus importante.

« Le bateau Splendid n’a pas coulé. C’est la chose la plus importante »

Avez-vous été surpris par l’émotion populaire qu’il a suscité ?

« Oui, absolument. En plus, c’est une émotion qui était sur lui et sur nous aussi. J’ai reçu quantité de messages touchants. C’est même un peu difficile. Il y a plus d’un mois maintenant, mais c’est le nombre de personnes dans la rue qui me disaient : ‘Mes condoléances’ même si ce n’est pas ma famille. A chaque fois, ça nous remettait dedans… On oubliait un peu, et puis boum, on nous en reparlait. J’ai été assez surpris par l’émotion générale. C’était incroyable. Et c’est toujours le cas. C’est bien agréable de savoir qu’on a laissé une petite trace et que nos films continuent d’exister. Alors que de nombreux films de la même époque sont tombés dans l’oubli. C’est assez satisfaisant. Un peu de satisfaction face aux critiques accablantes reçues à l’époque, comme un petit parfum de revanche. Personne ne se souvient de ces gens, mais nous sommes toujours là. C’est un peu de joie. Et une Source de fierté.

Gérard Jugnot évoque le décès de son ami Michel Blanc : “Il y a un petit truc qui m’a dérangé”

Et vous faites partie de ceux qui n’ont pas sombré dans le côté obscur du show business…

« Nous n’étions pas des idiots. Nous avons fait quelques études. Cela aide. Ensuite, nous étions un groupe et nous n’avons jamais eu d’addictions dans le groupe. Très peu. Nous sommes simples. Ce qui m’amuse dans le métier, c’est jouer, faire des films, des selfies et des autographes, ce n’est pas ça qui m’amuse le plus, c’est dire que je vais être célèbre. avoir des adeptes. Mais pour être suivi, il faut avoir des choses à dire. Et souvent, des influenceurs… Même les jeunes acteurs de télé, on les choisit parce qu’ils ont beaucoup de followers. C’est absurde. ça n’a rien à voir ! »

Affiche de film Affiche de film
Affiche du film « Nous aurions dû aller en Grèce » en salles ce 20 novembre ©DR
 
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