« Les aiguilles du temps » pour honorer l’horloger Marcel Lankoandé

« Il n’y a pas de métier stupide » dit l’adage. Encore moins quand dix doigts peuvent réparer les montres, ces objets qui nous maintiennent en vie dans le temps. Ce jeudi 13 juin 2024, la Tunisienne Sara Gamha a rendu un vibrant hommage à l’horloger burkinabè Marcel Lankoandé, à travers un film de douze minutes. Sans aller trop loin dans les profondeurs du métier, ce court métrage se veut l’histoire d’un homme passionné et dévoué, une histoire de vie et de réussite, un parcours inspirant à raconter aux jeunes en recherche d’emploi.

Sous nos cieux, le métier d’horloger est considéré comme banal et insignifiant. Pour Marcel Lankoandé, c’est pourtant un métier noble, qui permet à celui qui l’exerce de vivre sans forcément envier ses pairs. « Nous n’avons pas réussi parce que nous avons des bâtiments partout ou des voitures que nous modifions à notre guise. Nous avons réussi lorsque nous avons vécu nos rêves. Je peux dire que j’ai réussi, car je connais bien mon métier. Je continue de le faire et je le ferai dans la limite de mes moyens. Je peux aussi former des gens et je ne peux que remercier l’univers. ‘honneur.

Vue des cinéphiles venus nombreux voir ce court métrage

Selon la réalisatrice du film, sa rencontre avec celui qu’elle surnomme affectueusement « Papa Marcel » remonte à bien longtemps. «J’aime les vieilles montres. J’en portais un dont le cadran s’est cassé. J’ai demandé et cherché un endroit pour le réparer. C’est là que j’ai été dirigé vers « Papa Marcel » ». Pour une montre qu’elle pensait difficile à réparer, voire irréparable, la réalisatrice se dit fascinée par la maîtrise de la sexagénaire. « J’ai vu une étincelle dans sa façon de travailler. C’est de là que sont nées nos discussions, qui ont finalement abouti à ce film », a-t-elle déclaré.

« Ce film est aussi une manière de témoigner ma gratitude au Burkina Faso, où je vis depuis quatre ans » Sara Gamha

A travers ce court métrage, l’homme explique comment il a accédé à ce métier. «J’étais encore jeune. Et quand j’ai dû passer mon CAP, l’école a changé. C’était devenu difficile financièrement. J’ai rencontré un horloger, qui m’a soutenu pour que je puisse poursuivre mes études. étudier, m’autoriser à faire quelque chose avec mes dix doigts. Une fois dans son atelier, j’ai pu observer ce que faisait son frère, qui était déjà un génie. C’est de là qu’est née ma passion. Je me demandais comment une personne analphabète pouvait faire ce qu’elle faisait, alors qu’elle n’avait aucune limite. Alors, je me suis tourné vers lui pour mieux apprendre car toutes les montres que les horlogers ne parvenaient pas à réparer lui arrivaient. rien ne m’est venu à l’esprit. Je n’avais d’yeux que pour l’horlogerie. Finalement, je suis arrivé à ce métier par nécessité. organisé un concours de réparation de montres que j’ai terminé premier, bénéficiant d’une bourse pour me former en Suisse. Durant ces trois années d’études, j’ai fini major de promotion », se souvient Marcel Lankoandé.

« Le Burkina a des génies. Il ne manque plus que la volonté de sortir tous ces jeunes du bourbier dans lequel ils se trouvent. » Marcel Lankoandé

Pour les cinéphiles, le parcours de « Papa Marcel » est inspirant, surtout pour les jeunes qui ne jurent que par les diplômes avec un métier qui offre un gros salaire, dans un bureau cosy. « Ce qui a amené « Papa Marcel » là-bas, c’est le fait qu’il a arrêté l’école. Et aujourd’hui, pour plusieurs raisons, nous arrêtons l’école. On a peut-être fini, mais la question qui se pose après, c’est ce qu’on va faire. Il faut que les jeunes burkinabè aient une passion pour quelque chose qui leur permette de se prendre en main, qu’ils s’assoient et se donnent le temps d’apprendre. » a conseillé Adjaratou Sawadogo.

«J’ai été marquée par la passion de Marcel Lankoandé» Adjaratou Sawadogo

« J’ai vu l’affiche de ce film hier. Et en voyant le titre et l’image, je me suis dit qu’il ne fallait pas que je le rate. Lors de la présentation, j’ai failli verser des larmes car je suis moi-même horloger, mais je ne savais pas que les choses dans ce domaine étaient si profondes… Quand j’étais assise, beaucoup de choses me passaient par la tête J’ai un compte Tik Tok , Facebook, Instagram I. Je sais qu’à l’époque de « Papa Marcel » il n’y avait pas tous ces réseaux, et ce n’est pas sûr aujourd’hui qu’il sache les utiliser. Avec ce métier, il faut être capable de créer quelque chose. contenu, pour permettre aux personnes à domicile de pouvoir résoudre certains problèmes liés à leurs montres, même à la maison », entrevit Perfect Gansonré, promoteur de « La rue des montres » et de « Docteur montre », également ingénieur en réseaux et informatique. système.

« Je suis heureux d’avoir connu « Papa Marcel » ce soir. Je le prendrai comme mentor et parrain. » Parfait Gansonré

Pour le moment, Marcel Lankoandé ne travaille pas dans un lieu précis. Mais chez lui, il dispose de tout le matériel pour démonter, réparer et remonter correctement une montre. Son ambition est d’être utile aux plus jeunes et de leur permettre de s’essayer à ce métier car, précise-t-il : « en 2018, la Côte d’Ivoire a mis un terrain à disposition du Pôle horloger d’Abidjan pour permettre aux jeunes d’apprendre le métier. Je n’y suis pas retourné depuis, mais c’est un projet que nous pouvons certainement lancer ici. Cela peut sortir beaucoup de jeunes du chômage.» Honoré en ce jour du 13 juin 2024, l’homme n’a que des remerciements sur les lèvres, envers le réalisateur qui braque les projecteurs sur lui : “Je remercie Miss Sara et toute son équipe pour cette main tendue”, s’est-il exclamé.

Erwan Compaoré

Lefaso.net

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Suzanne Clément dans le rôle de l’ex de Richard Gere
NEXT l’attente a été longue pour les fans ! – .