des stars au bord de la dépression nerveuse

des stars au bord de la dépression nerveuse
des stars au bord de la dépression nerveuse

Alors qu’ils marchent sur une route de campagne déserte, David tente de convaincre son ami Willy de séduire Florence, une jeune femme follement amoureuse de lui, mais dont il n’est pas amoureux. Willy accepte, et peu de temps après, les deux hommes se retrouvent attablés dans un snack isolé en compagnie de Florence et du père de cette dernière, Guillaume. Sauf qu’à ce moment du film Le deuxième acteles acteurs ont déjà plus d’une fois brisé l’illusion de la fiction cinématographique pour commenter ou critiquer l’action. Entièrement construite de mise en abyme, la plus récente expérience de l’imprévisible Quentin Dupieux compte parmi ses belles cuvées et constitue un bel hommage satirique au septième art.

Dévoilé en ouverture du Festival de Cannes au début du printemps, Le deuxième acte met ainsi en scène les fausses crises existentielles et d’ego de stars également fausses, incarnées par les véritables interprètes que sont Louis Garrel (David), Raphaël Quenard (Willy), Léa Seydoux (Florence) et Vincent Lindon (Guillaume). Dès les premières minutes, le scénariste et réalisateur de Caoutchouc, Mandibules et Bien! révèle ses intentions métanarratives alors que David, après que Willy ait fait des commentaires potentiellement controversés, arrête la scène suffisamment longtemps pour faire savoir au public qu’il ne partage pas les opinions de son partenaire.

C’est parce que David ne voudrait pas être « annulé », ou « annulé », comme il le dit.

Dès lors, on s’attend à des ruminations humoristiques sur ladite culture de l’annulation. Pourtant, Quentin Dupieux a mieux à faire de son époque et de son film. Quel film ratisse en fait beaucoup plus large dans l’éventail des sujets abordés, et surprend à chaque instant, une révélation – voire une contre-révélation – venant sans cesse désamorcer des jugements aussi hâtifs, ou des a priori préalablement établis (c’est particulièrement vrai) le cas de Willy et le contenu de son premier commentaire, que nous garderons sous silence, et qui fera l’objet d’un virage à 180 degrés par la suite).

Parmi les thématiques fortes : l’intelligence artificielle dans la création. Au premier plan, les stars sont au bord de la crise de nerfs, mais en arrière-plan, le cinéma aussi…

Savoureux Lindon

Tout au long, Dupieux s’en amuse et nous amuse, avec une grande vivacité d’esprit, dans un film à la croisée d’Alain Resnais et de Bertrand Blier. Cependant, Le deuxième acte a son identité, ou plutôt ses propres identités, avec son mélange unique et charmant de méchanceté et de gentillesse.

Car même lorsqu’il fait dire ou faire des bêtises à ses personnages, qu’il présente volontiers sous un jour défavorable, on sent une tendresse sous-jacente, et non des désirs vengeurs d’un réalisateur voulant régler ses comptes.

L’enjouement ambiant est compris et absorbé par les excellents interprètes qui, visiblement, prennent un immense plaisir à (s’)mettre dans une case. Vincent Lindon, qui n’est certainement pas étranger à la comédie (La crise), mais est devenu plus connu dans le registre dramatique au cours des dernières décennies (Accueillir, La loi du marché, Titane), est particulièrement savoureux.

Il faut le voir couper Léa Seydoux en plein monologue et se lamenter qu’il veut arrêter de travailler, que ça ne sert à rien, que le monde brûle, etc. Et hop ! Son agent l’appelle et lui annonce qu’un grand réalisateur hollywoodien l’a choisi : la retraite et les principes attendront. Le passage est comique en soi, mais Lindon le rend encore plus drôle par son jeu d’acteur, mais aussi par sa réputation d’homme de causes et de convictions dans la vraie vie.

Bref, c’est du « méta » de tous côtés, de tous côtés, et moins on connaît les tenants et les aboutissants de l’intrigue, plus on a tendance à rire. Et avec 80 minutes serrées, il n’y a pas de temps pour s’ennuyer.

Le deuxième acte

★★★★

Satirical comedy by Quentin Dupieux. With Louis Garrel, Raphaël Quenard, Léa Seydoux, Vincent Lindon. , 2024, 80 minutes. In the room.

A voir en vidéo

 
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