Où vont les âmes, de Brigitte Poupart

Le tournage du premier long métrage de fiction de Brigitte Poupart, Où vont les âmes ?s’est achevée cette semaine dans la commune de Léry, au bord du lac Saint-Louis, après 28 jours. La presse ont assisté à l’enregistrement d’une scène de ce drame qui aborde les thèmes de la famille, du deuil et du pardon.


Publié à 01:17

Mise à jour à 6h00

Nous sommes sur le terrain de la superbe maison qu’a habitée au début du siècle dernier Honoré Mercier, député libéral de Châteauguay de 1907 à 1936 et fils de l’ancien premier ministre du Québec du même nom. Une maison qui est d’ailleurs présentement à vendre. Avis aux intéressés…

Dans le jardin, face au lac Saint-Louis, l’équipe du film s’apprête à tourner l’une des dernières scènes du film, qui met en vedette Sara Montpetit dans le rôle d’une jeune fille de 18 ans, Anna, qui demande l’aide médicale à mourir afin de mettre fin à ses souffrances – elle est atteinte d’un cancer lymphatique.

Mais avant de mourir, Anna veut réunir ses demi-sœurs Éléonore (Julianne Côté) et Ève (Monia Chokri), qu’elle n’a pas revues depuis l’incarcération de leur père, un pianiste réputé condamné pour agression sexuelle – qu’on ne voit pas, mais qu’on entendra, joué par Jean Marchand.

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Tournage devant la maison d’Honoré Mercier fils, dans la commune de Léry

Dans la scène en question, Éléonore jette une chaise dans le feu aux côtés de sa mère, interprétée par l’actrice française Sylvie Testud. « L’un des derniers souhaits d’Anna était qu’on brûle tous les artefacts et objets qu’elle avait bricolés dans son petit bureau, nous raconte Julianne Côté. C’est ce que je fais dans cette scène. »

« Sa vie a changé lorsqu’elle a témoigné contre son père avec sa sœur Eve », ajoute-t-elle. « Comme il s’agissait d’une personne connue, le procès a été très médiatisé, elle est donc tombée en dépression et a abandonné ses études d’architecture. Elle se reconstruit… »

Nous sommes donc dans la maison familiale de cet homme déchu, « là où il a construit son héritage », nous raconte la réalisatrice Brigitte Poupart. « Le lieu est un personnage, car le lieu représente le père, insiste-t-elle. Son bureau est resté intact, donc on sent sa présence et c’est ce qui va troubler les deux demi-sœurs. »

Anna cherche à réhabiliter cet homme qui clame son innocence, car elle est convaincue qu’il n’a commis aucun crime.

« Si Anna veut finir ses jours dans cette maison, c’est justement pour se rapprocher de son père, explique Brigitte Poupart. Elle a témoigné en faveur de son père, comme sa mère, et c’est pour cela que ses demi-sœurs ont coupé les ponts, car elles se sont senties trahies. »

Si Brigitte Poupart a voulu raconter cette histoire, c’était pour montrer les dommages collatéraux subis par les membres d’une famille suite à un drame.

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La réalisatrice Brigitte Poupart, avec la scénariste du film, Isabelle Faivre-Duboz

On ne parle jamais de ce que cela fait à une famille lorsqu’une tragédie comme celle-là arrive. On suit la victime ou on suit le bourreau, mais qu’est-ce que cela fait à la famille ? Comment vit-on avec la honte, avec l’opprobre, d’avoir aimé un homme qu’on pensait bon ? Un père qui fait quelque chose de monstrueux ? C’est de cela que je voulais parler dans ce film.

Birigitte Poupart, réalisatrice

Sylvie Testud incarne la mère d’Anna, et donc la première épouse de cet homme qu’elle a rencontré en Europe lors d’une de ses tournées, et qui décide de rester au Québec, notamment pour s’occuper de sa fille.

L’actrice française nous confiait qu’à la moitié du scénario, elle était « en larmes ». « Une fille qui écrit ça, c’est sûr que ça va marcher », confiait Sylvie Testud, qui ne connaissait pas Brigitte Poupart auparavant.

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Julianne Côté (from behind), Sara Montpetit and Sylvie Testud on the film set

« C’est un drame qui parle de la vie, poursuit Sylvie Testud. À travers cette aide médicale à mourir, il parle des relations que l’on entretient les uns avec les autres. Comment accepter de laisser partir une personne parce qu’elle le souhaite ? » Le tout sur fond d’agressions, bien sûr.

« La personne qui demande à partir, si elle ne vous offre pas la paix avec elle, dans la relation, elle vous laissera une marque énorme, c’est de cela que parle le film. »

Sylvie Testud en est à son troisième tournage au Québec. Nous l’avons vue dans Le bonheur de Pierre – avec Pierre Richard et Rémy Girard, entre autres – mais aussi dans Aime ton pèrealors qu’elle avait une vingtaine d’années, avec Gérard Depardieu et son fils Guillaume, dans les années 1990.

L’école documentaire

Brigitte Poupart, dont c’est le premier long métrage de fiction, s’est montrée parfaitement à l’aise derrière la caméra. Sa direction d’acteurs a également été appréciée, Julianne Côté louant son approche « chorégraphique ».

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Brigitte Poupart discute avec Julianne Côté sur le tournage

« Le documentaire est une bonne école, estime-t-elle. On apprend à la dure, on travaille parfois dans des conditions extrêmes, avec la lumière naturelle… La fiction est un cadeau car on a le temps de poser le cadre, la lumière, de travailler son histoire. C’est grâce au documentaire que je peux m’amuser dans la fiction ! »

Et Brigitte Poupart aura d’autres projets de fiction car elle a attrapé le virus. « Je suis tombée amoureuse, sérieusement », confie-t-elle. Mais la réalisatrice deSur mon cadavre (sur le combat du danseur et chorégraphe Dave St-Pierre contre la fibrose kystique) n’abandonne pas le documentaire pour autant.

Elle travaille sur un film, À travers tes yeuxdans laquelle sa fille Fabiola – aujourd’hui âgée de 26 ans – est retournée avec elle dans son pays natal, Haïti, en 2019. « Je l’ai adoptée quand elle avait deux ans et demi, mais nous avons découvert qu’elle avait trois ans et demi. C’est elle qui tient la caméra, c’est pour ça que ça s’appelle À travers tes yeux. Je pense que ça va être très touchant.

Produit par Étienne Hansez pour Bravo Charlie et distribué par Axia Films, Où vont les âmes ? sortira en 2025.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV « Speak No Evil » avec James McAvoy, c’est un grand oui – Libération
NEXT 3 films comme Uglies à regarder sur Netflix