Noël avant l’heure ? Oui et non. Fin novembre, Martin Fourcade apprenait qu’il allait remporter une nouvelle médaille d’or olympique, suite au rejet par le Tribunal arbitral du sport du recours du Russe Evgeny Ustyugov, déclassé pour dopage en 2020. Le 6e de son phénoménal carrière. Près de 15 ans après les Jeux de Vancouver en février 2010, le Français est devenu champion olympique dès sa première participation, après avoir reparti du Canada avec une médaille d’argent.
“Je l’ai gagné depuis mon canapé, donc c’est le plus simple», a plaisanté Fourcade samedi sur Eurosport à propos de cette « drôle » de conquête. Plus sérieusement, on peut dire qu’il est métissé. “C’est une situation un peu ridicule, mais ma première réaction est que la lutte contre le dopage fonctionne, même 15 ans après. Donc c’est très bien, ça garde un oeil sur les tricheurs, même plus d’une décennie après», s’est-il réjoui.
Sportivement, sa satisfaction rétroactive ne réside pas tant dans le fait de passer de quintuple à sextuple champion olympique. Dans une certaine mesure, on oserait dire que cela ne change rien pour lui. En revanche, être or dans trois éditions différentes, lui qui n’avait été «que» à Sotchi en 2014 et à PyeongChang quatre ans plus tard, n’est pas tout à fait anodin à ses yeux.
Sur le podium des stars de masse en 2010, Evgeny Ustyugov a décroché l’or. Désormais, elle est pour Martin Fourcade.
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En or dans trois Jeux différents, sa fierté
“Comparer entre un judoka qui ne peut gagner qu’une seule médaille d’or et moi qui peux en avoir dix, ça n’a pas de sens, il résume. Il est difficile de faire de telles comparaisons. En revanche, la capacité de pouvoir gagner dans trois Jeux différents signifie beaucoup pour moi, dans ma capacité à avoir marqué mon sport. Si je suis fier, c’est parce que cela signifie que j’ai remporté des médailles d’or lors de trois éditions différentes des Jeux Olympiques, c’est donc un exploit majeur pour moi..»
Mais Martin Fourcade l’avoue, ce titre ne peut pas avoir tout à fait la même saveur que les autres. Pas tant à cause de la distance temporelle, mais parce qu’il aimait l’idée de ne pas avoir été champion olympique si jeune, à Vancouver. “Ça me fait bizarreil admet. J’ai bâti ma carrière en gagnant de l’argent à Vancouver. J’étais encore un enfant et je pense que cette médaille d’argent m’a donné faim, m’a donné envie de viser l’or à Sotchi quatre ans plus tard..»
Dérangé est sans doute un terme trop fort, ou inapproprié, mais cette réflexion rétroactive n’est pas loin de l’agacer. “C’est compliqué de me dire que ma carrière et ma vie auraient pu être différentes si j’avais gagné l’or en 2010, ajoute le Catalan de naissance. Oui, je suis content, mais d’une certaine manière, ça me vole une partie de mon identité de biathlète, de mon ADN« Son ADN était avant tout celui de la victoire. Mais on peut comprendre qu’il lui soit difficile de repenser après coup le chemin de sa construction, et donc d’une certaine manière, de sa carrière.