Le possible retour des attaques aux jambes, une réelle menace pour Teddy Riner ?

Au pays du soleil levant, c’est un rendez-vous printanier incontournable. Chaque année, le Nippon Budokan est le théâtre du très prestigieux Zen Nihon. Cette compétition est probablement celle qui se rapproche le plus de l’essence même du judo. Car il s’agit de toutes les catégories, permettant aux combattants de moins de 80 kilos de défier des adversaires dont le poids dépasse facilement le quintal. Car il cherche avant tout à récompenser ceux qui se montrent offensifs et entreprenants. Quitte à prendre un pas de côté par rapport aux règles en vigueur au niveau international.

En 2024, par exemple, les combats pourraient durer jusqu’à cinq minutes, voire huit en finale, au lieu des quatre habituelles. Décrié par certains puristes, le golden score (sorte de mort subite) a été remplacé par le hantei (décision du drapeau) en cas d’égalité. Un autre changement majeur est attendu pour l’édition 2025. Selon L’Esprit du judo, la Fédération japonaise (AJJF) aurait en effet prévu de réautoriser les attaques aux jambes. Celles-ci sont interdites depuis 2007 et même sévèrement sanctionnées, puisque toute saisie du pantalon de l’adversaire est passible d’un hansoku make (disqualification).

Aux Jeux Olympiques de Rio, la Française Priscilla Gneto a été disqualifiée pour avoir agrippé la jambe de son adversaire.

Crédit : Getty Images

Une arme supplémentaire pour « chercher la projection »

« Ces attaques ont été interdites parce que certaines personnes en ont abusé. Il y avait des gars qui mettaient les mains dans leur pantalon, les fesses en arrière et qui cassaient tout pour ne faire aucun mouvement. C’était très méchant et ça a endommagé le judo”reconnaît Frédéric Lecanu, qui faisait partie de l’équipe de France à l’époque où les « micros de jambes », comme il est d’usage de les appeler, avaient leur place sur le tapis. « Les autoriser à nouveau est une bonne idée, il l’admet cependant. À condition que ce soit dans un contexte productif pour notre discipline.

Deux combattants saisissent la jambe de leur adversaire lors des Jeux asiatiques de 2006.

Crédit : Getty Images

L’expert d’Eurosport porte un regard positif sur cette évolution réglementaire, qui “ajoutera une dimension technique, offrant aux combattants plus de possibilités de surprendre l’adversaire et de rechercher une projection.” « Le judo a été critiqué aux Jeux olympiques parce qu’il n’était pas assez spectaculaire. Le jeu de pénalité a trop souvent pris le pas sur le jeu de projection »souligne-t-il, rappelant que l’un des plus grands champions français n’a pas hésité à saisir la jambe de son adversaire : “David Douillet, s’il n’avait pas pu se procurer le pantalon pour faire son uchi-gari, on lui aurait retiré une arme terrible.”

Un moyen de faire tomber Riner ?

De plus, le retour des attaques vers les membres inférieurs se révélera très utile pour contrer. “Aujourd’hui, il y a beaucoup d’attaques directes, qui sont pour la plupart exécutées uniquement pour se protéger du penalty, remarque Frédéric Lecanu, qui a pu le revoir ce week-end, lors du Grand Chelem d’Abu Dhabi. Ces attaques en demi-teinte, c’est impossible de les contrer, car on ne peut plus aller aux jambes.» Réintroduire ces techniques permettrait donc de contrer plus facilement les mouvements pas assez brusques.

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Le show Riner : 6 ippons éclairs pour 2 médailles d’or éternelles

Selon L’esprit du judole décrochage des jambes sera autorisé lors du Zen Nihon à condition qu’un kumi-kata (prise de garde) ait été placé au préalable et que la prise d’une jambe se fasse uniquement d’une seule main. Il est encore trop tôt pour savoir si l’initiative de la Fédération japonaise aura une influence sur les règles de l’arbitrage international, régulièrement modifiées et, il est vrai, souvent critiquées. Même si elle est pour l’instant infondée, l’hypothèse selon laquelle les Japonais voudraient réintroduire ces techniques pour trouver un moyen de battre Teddy Riner a peut-être néanmoins traversé notre esprit. Le triple champion olympique des poids lourds peut-il y voir une réelle menace pour lui ?

Teddy est sûrement celui qui est le mieux armé pour se défendre contre ce type d’action.

Absolument pas, selon son ancien partenaire de formation à l’INSEP. “Ce ne sera pas du tout une difficulté pour lui, balaie Frédéric Lecanu. Il a 35 ans, c’est un des seuls à avoir grandi dans un système où on comptait sur ça. Tous ses adversaires à l’époque faisaient des levées de jambes, tous. Comme, notamment, “la pelle” Juri Rybak, particulièrement à l’aise dans ce domaine. « S’il y a une personne sur Terre qui connaît très bien le judo, c’est bien Teddy. Je pense que c’est celui qui a subi le plus d’attaques cette année. type en compétition, il est contemporain d’un monde où c’était normal »soutient notre consultant.

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Juri Rybak (en blanc) affronte Yasuyuki Muneta (en bleu) aux Mondiaux 2007.

Crédit : Getty Images

En raison de sa grande taille, le colosse guadeloupéen n’a pas vraiment intérêt à tendre seul les jambes de ses rivaux. Cela ne veut pas dire que cette éventuelle modification des règles ne pourrait pas lui être utile. “Mais il pourrait être utilisé pour contrer, lancer un te-guruma et utiliser son pouvoir pour terminer le mouvement”suggère Lecanu, qui reste catégorique : “Teddy est sûrement celui qui est le mieux armé pour se défendre contre ce type d’action.” Ceux qui recherchent une arme anti-Riner, si elle existe, peuvent donc poursuivre leurs recherches ailleurs.

 
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