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Les réponses de Guillaume Darrasse aux députés

Bar-le-Duc, 108 emplois en jeu ; Clermont-Ferrand Nord, 200 salariés ; Metz-Woippy, 80 emplois… Trois hypermarchés qui fermeront en 2025, autant d’emplois sur différents territoires. Au même moment, à l’appel de la CGT, plusieurs salariés de différentes entreprises touchées par un plan social manifestaient leur colère devant Bercy. Cela signifie que les députés de la commission des questions économiques, présents ce matin à l’audition de Guillaume Darrasse À l’Assemblée nationale, les questions étaient nombreuses à poser au président d’Auchan et directeur général d’Auchan Retail, les dix magasins concernés par les fermetures étant souvent situés dans leur circonscription. Initiée début décembre par la CFDT qui avait demandé aux députés d’entendre le patron, la démarche concernait aussi le recours aux aides publiques (principalement le CICE) et le milliard d’euros de dividendes perçus par l’actionnaire d’Auchan, à savoir la famille Mulliez. Association (AFM). Autant dire qu’elle redonne à Guillaume Darrasse ses responsabilités de patron. ” Nous avons entendu les dirigeants de Stellantis, Michelin et Lactalis ces derniers moisexpliqué dans le préambule the president of the Commission, Aurélie Trouvé. Auchan emploie 54 000 salariés en France et met en œuvre un plan social touchant 2 400 salariés. C’est normal d’entendre Guillaume Darrasse. » « 52 127 salariés », corrige immédiatement ce dernier.

Auchan a perdu 296 millions d’euros en France en 2024

Tout aussi nécessaires étaient les explications du patron en préambule. Le 5 novembre, il a annoncé un plan de sauvegarde de l’emploi couvrant 4 % des effectifs français (2 389 postes) et la fermeture de dix magasins, dont trois hypermarchés. Un PES incontournable à ses yeux. ” Auchan a perdu 350 millions d’euros en 2023, dont l’essentiel est à imputer à la France (236 millions d’euros) pour un chiffre d’affaires de 32,3 milliards d’euros, dont la moitié en France. En 2024, cette perte nette s’élève à 296 millions d’euros. « Les explications sont connues, mais devant les députés, il faut les répéter : perte de compétitivité, notamment de prix, charges trop lourdes », des choix organisationnels qui ne sont pas les bons »…Un chiffre résume la situation : en 2024, la marge de 24,1% (contre 24,8 en 2023) a servi à financer 65,3% des frais de personnel et 31,9% des charges externes. Les charges de personnel chez Auchan, autour de 14%, doivent baisser de 1,5 point selon le plan présenté par Guillaume Darrasse le 5 novembre.


« Aller jusqu’au bout et imposer la contractualisation »

Mais l’actualité rattrape les députés et de nombreuses questions portent sur la répartition de la valeur entre agriculteurs, industriels et distributeurs, alors qu’il reste un mois et dix jours de négociations commerciales. A la question de Françoise Buffet, députée du Bas-Rhin, sur le sujet Guillaume Darrasse ne mâche pas ses mots. “ Les 170 plus gros fournisseurs nous demandent actuellement des augmentations de 6,2% alors que nos PME arrivent légitimement avec des demandes de hausses de prix de 2,5%. Et quand on décompose la matière première agricole (MPA), sa part est de 1,4% pour les grands industriels et de 4,7% pour les autres postes. » Et de dire à l’assemblée : « allez jusqu’au bout, imposez la contractualisation de l’AMP entre agriculteurs et industriels et on prendra ce prix comme entrée de base, enfin si on le connaît… »

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636 millions d’euros d’aides publiques et de baisses d’impôts et la moitié à Tascom

Concernant le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, créé en 2012 sous l’ère Hollande, Guillaume Darrasse a sorti sa calculatrice. ” Entre 2013 et 2023, Auchan a bénéficié de 636 millions d’euros de crédits et de réductions d’impôts », avant d’ajouter : « nous ne sommes pas les seuls. Dans le même temps, le groupe a payé Tascom, qui représente la moitié du CICE « . Sur cinq ans, entre 2013 et 2018, 44 % du CICE (212 millions d’euros) ont été utilisés, selon le patron d’Auchan, pour « des éléments de rémunération et de conditions de travail » ; 29% (139 millions d’euros) pour la compétitivité prix et enfin 17% (80 millions d’euros) pour la transition écologique. Soit un total de 431 millions d’euros. Sur les dividendes, Guillaume Darrasse constate un « confusion entre Ebitda et dividendes » et assure aux députés que « Auchan France ne verse plus de dividende depuis 2019 « . Même exercice, chiffres à l’appui. En 2016, 35 millions d’euros de dividendes ont été versés ; en 2017, 67 ; en 2018, 51 ans, puis rien jusqu’à aujourd’hui.

Pour le reste, à savoir les garanties de reclassement offertes aux 2.389 salariés concernés par le PSE, Guillaume Darrasse, contraint par le calendrier des négociations qui durent jusqu’à fin février, n’a pas dit grand-chose. ” Ses réponses manquent de clarté et de précision », souligne un syndicaliste déçu. Pour les magasins en solde, « nous recherchons des acheteurs », assure le patron. Et pour les reclassements, un sujet qui inquiète les députés, » nous sommes en contact avec tous les responsables RH des autres marques de la galaxie Mulliez pour reclasser les personnes « . Et de rappeler au passage que lors du précédent PSE, en 2000, sur les 1582 personnes concernées, il y a eu 83 licenciements. ” La faiblesse d’Auchan aujourd’hui vient de sa force passée. La marque s’est construite sur un modèle spécifique, replié sur lui-même. Ceux qui resteront demain sont ceux dont les coûts sont les plus faibles. » Il n’y a pas de quoi se réjouir.

 
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