Les trois anciens otages israéliens sont « dans un état stable »selon le médecin qui les a examinés. Ces trois femmes ont retrouvé leurs familles en Israël, au premier jour du cessez-le-feu entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza dévastée par plus de 15 mois de guerre. Peu d’informations ont filtré sur leur état psychologique et pour cause, il est difficile d’établir un diagnostic aussi rapidement, explique François Ducrocq, psychiatre au CHU de Lille et coordinateur national adjoint de la Cump (cellules d’urgence médico-psychologique).
franceinfo : Quels problèmes vont se poser pour ces ex-otages ?
Dr François Ducrocq: On s’intéresse souvent aux problèmes de santé mentale, incluant tout ce qui tourne autour du trouble de stress post-traumatique et de ses formes complexes. On sait aussi que le stress, en l’occurrence le traumatisme psychologique, poussé à l’extrême chez les personnes ayant vécu des actes, a priorila torture, la barbarie, le nettoyage ethnique, le génocide ou la détention de très longue durée, sont associés à la violence physique, à la violence psychologique et à la violence sexuelle. On sait que c’est cela qui va conduire à une déconstruction de l’individu qui va nécessiter tous ces processus de résilience et d’adaptation.
Comment alors les accompagner à moyen et long terme ?
Ce sont des soins, des choses désormais bien codifiées, des protocoles de soins, qui d’ailleurs ne diffèrent pas énormément des traumatismes plus « simples » ou qui durent moins longtemps, on pense notamment aux victimes de violences sexuelles, aux victimes d’agressions, de vols ou de prises d’otages, un peu plus dramatique au quotidien. Il y a tout un aspect appelé psychoéducation, sur lequel l’Organisation mondiale de la santé met beaucoup l’accent. Il s’agit d’informer, de comprendre le phénomène et les enjeux, tant pour les patients eux-mêmes que pour leur environnement, leurs familles. Après, il y a les actes thérapeutiques, ce qu’on appelle les thérapies centrées sur le trauma. L’EMDR est souvent cité, mais il existe de nombreuses autres approches thérapeutiques, notamment les thérapies d’exposition. Et puis, bien souvent, lorsque des troubles de stress post-traumatiques ont été diagnostiqués, il existe aussi des approches médicamenteuses, avec des traitements psychotropes qui, associés aux psychothérapies, s’avèrent, sinon d’une efficacité effrayante, du moins moins indispensables.
Comment vont-ils revenir à une vie normale ? Est-ce même possible ?
-Que signifie revenir à une vie normale ? C’est là l’essence même de la résilience et de la reconstruction. Nous qui sommes vraiment du côté de la santé et non du côté de la sociologie par exemple, le but est de réduire l’impact, de réduire l’intensité des symptômes, l’intensité de la maladie, l’intensité des problèmes de santé mentale et ainsi réduire l’impact de toutes ces conséquences physiques, psychologiques, émotionnelles, professionnelles et scolaires sur les enfants, de tous ces troubles du développement.
“C’est vrai qu’à partir du moment où la santé mentale est un peu rétablie, l’adaptation à la vie devient possible.”
François Ducrocqsur franceinfo
Mais cela dépend des individus, cela dépend de leur parcours de vie. La littérature est pourtant assez claire à ce sujet ; on estime qu’entre 50 et 70 % de ces otages sont susceptibles de développer des troubles graves, mais qu’une proportion importante d’entre eux s’en remettront.
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