Après avoir passé sept ans en tant que team manager de l’équipe officielle Honda, Alberto Puig a vécu de l’intérieur la descente aux enfers de la marque. Dominateur avec Marc Márquez, il dégringole en bas du classement après une année 2020 marquée à la fois par la blessure de son pilote star et le revers provoqué par le Covid.
Depuis, ce sont les motos européennes qui écrasent le championnat et, parmi les marques japonaises, Honda est celle qui rencontre le plus de difficultés dans sa quête de rebond. Aucune Honda n’a gagné depuis le succès isolé d’Álex Rins à Austin au printemps 2023 et, chez les constructeurs comme chez les équipes, c’est HRC qui détient la lanterne rouge du championnat.
Malgré cette mauvaise passe, la marque à l’aile dorée semble traverser volontairement la tempête, notamment avec les recrutements effectués cet hiver autour de l’équipe de test. Alberto Puig continue d’être le lien entre la direction entièrement japonaise et l’équipe de course. Avant d’aborder la nouvelle saison, il a fait le point sur Motorsport.com.
Avec l’arrivée de Romano Albesiano au poste de directeur technique, quelle est la future stratégie de Honda en MotoGP ?
La seule stratégie que nous avons définie pour le moment est d’améliorer la moto. C’est le point de départ. Et pour y parvenir, Honda alloue toutes les ressources dont elle dispose ainsi que sa technologie. Je ne parle pas seulement de ressources financières, mais aussi de ressources humaines. C’est pourquoi nous avons décidé d’embaucher Romano. La première chose est d’améliorer le vélo. Il n’y a pas de plan précis, nous faisons tout ce que nous pouvons jour après jour car nous sommes conscients que notre niveau n’est pas ce qu’il devrait être.
Honda gagne en Formule 1 en s’associant à Red Bull. Est-il prévu d’essayer d’en profiter ?
Je pense qu’il est important de clarifier une chose : Honda gagne en Formule 1, oui, mais une voiture et une moto ne sont pas la même chose. Honda fournit les moteurs, mais Red Bull dispose d’une équipe fantastique qui conçoit la voiture. Dans notre cas, Honda s’occupe de l’intégralité de la moto. C’est un concept différent mais [F1 et MotoGP] sont tous deux placés sous les auspices du HRC. Nous essayons de profiter des ressources que la F1 peut nous offrir. C’est quelque chose que nous commençons à essayer de relier.
Nous faisons tout ce que nous pouvons jour après jour car nous sommes conscients que notre niveau n’est pas ce qu’il devrait être.
Avez-vous déjà une base en Europe ?
Nous évaluons les possibilités en Europe, mais pour l’instant, rien n’est finalisé. L’idée est d’accélérer le processus de mise en œuvre des idées dans le développement des motos. Nous souhaitons augmenter notre vitesse de réaction, mais il existe désormais également des options technologiques intéressantes en Europe.
Pensez-vous que le Covid explique l’écart actuel entre constructeurs européens et japonais ?
Il est difficile d’isoler un seul élément, mais il est vrai que la technologie en Europe s’est beaucoup améliorée ces derniers temps, dans tous les domaines du motocyclisme. Nous n’avons que deux roues, pas quatre, nous devons donc être très précis. Si vous vous trompez avec l’un des éléments, avec tous ces systèmes électroniques qui ont été introduits, vous ne pourrez pas performer. Les Européens ont fait un pas en avant dans tous les domaines du motocyclisme, mais il est vrai aussi que les marques japonaises ont probablement davantage souffert du Covid car les techniciens n’ont pas pu se rendre au Japon.
Qu’attendez-vous d’Aleix Espargaró en tant que pilote d’essai ?
C’est quelqu’un avec beaucoup d’expérience et il a été très clair dans ses commentaires sur la moto. ça vient d’une grande marque [Aprilia, ndlr]avec lequel il a obtenu de très bons résultats. Un pilote comme lui ne peut rien apporter de négatif car il n’apporte que des idées.
Aleix Espargaró a rejoint Honda deux jours après la fin de sa carrière chez Aprilia.
-Photo de : Gold and Goose / Images de sport automobile
Dans quelle mesure est-il important d’avoir un pilote aussi rapide qu’Espargaró, sachant qu’il se battait encore pour les podiums la saison dernière ?
C’est très important. Lorsqu’il est descendu du vélo dimanche à Montmeló, lors de la dernière course de la saison, il se battait encore pour le podium. Pour bien tester les pièces, il faut être rapide. Il existe différents types de tests effectués sur les pièces, mais en fin de compte, ce qu’il faut faire, c’est évaluer le potentiel réel, les performances qu’elles offrent, la vitesse. C’est pourquoi il faut un pilote capable d’atteindre la limite, et c’est le cas d’Aleix. Je pense que son arrivée sera bénéfique pour Honda et pour les autres pilotes.
Pensez-vous qu’il poussera les autres pilotes Honda ?
C’est très important, mais c’est le cas de toutes les marques. On l’a vu par exemple avec Dani Pedrosa lorsqu’il est arrivé comme pilote d’essai chez KTM. Souvent, il était plus rapide que les pilotes officiels. Ce n’est peut-être pas agréable pour ceux qui sont titulaires, mais à moyen et long terme, c’est positif car cela permet de se renforcer. Lorsqu’un de ces pilotes d’essais participe à une course, il doit essayer de mettre la pression sur les autres. C’est une course et tout le monde doit l’accepter.
Pensez-vous que la nouvelle réglementation qui entrera en vigueur en 2027 va creuser l’écart entre les pilotes les plus rapides et les autres ?
Les marques trouveront toujours un moyen de rendre les motos toujours plus rapides. Avec moins de commandes, moins d’appareils, peu importe. Il est difficile de répondre à cette question maintenant, mais Honda a hâte d’être jusqu’en 2027 pour progresser, et c’est pourquoi je dois penser à l’année prochaine.
Photos – 30 ans de Honda aux couleurs Repsol
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Oriol-Puigdemont
MotoGP
Honda HRC
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