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Joséphine Bacon, « kumuk en résidence » à l’UQAM

La nomade se promène sur le campus, donne des cours, des conférences, et ses pas s’arrêtent régulièrement à la salle Niska, où elle écoute les étudiants autochtones. Loin d’elle l’idée de donner des conseils : elle les donne plutôt « de manière détournée ». Pour les étudiants autochtones, il s’agit avant tout d’un « loi » qui les rassure et les aide.

Ce n’est pas comme un emploidit-elle. Je suis là pour être là. Comme je ne marche pas sur le lichen, aujourd’hui je me promène dans les couloirs duUQAM.

La silhouette de celui qui a écrit, en Uiesh, quelque part, J’ai le dos des femmes ancestrales, les jambes arquées de celles qui portaient, de celles qui accouchaient en marchant est reconnaissable dans les couloirs de l’université.

Son pas est plus lent et cela oblige ceux qui l’accompagnent à changer de vitesse et même à s’arrêter, car elle est souvent arrêtée pour une photo ou un échange.

Ce n’est pas parce que je suis muré dans le béton que l’enseignement est différentexplique-t-elle, café au lait d’avoine à la main, autour d’une table à Niska, l’espace destiné aux étudiants autochtones.

Niska, qui signifie « outarde » en langue atikamekw, est un espace spécialement conçu pour les étudiants autochtones.

Photo: - / Marie-Laure Josselin

Son enseignement est vaste et s’appuie souvent sur baignade – qui signifie « à l’intérieur des terres » en innu-aimun – et les rencontres qu’elle y a faites.

Quand tu parles de baignade, tu ne vois plus les murs, car automatiquement, tu te retrouves sur le territoireprécise l’aîné.

Un homme interrompt la discussion. Il travaille pour une organisation autochtone et souhaite lui parler quand elle en aura le temps. Joséphine répond toujours par l’affirmative. Je suis très accessible. Quand quelqu’un me parle, j’essaie d’avoir la réponse, sinon je l’adresse à quelqu’un.

Un jour, un étudiant étranger colérique est venu lui demander conseil. Toutes sortes de gens viennent me parler.

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Pour elle, son rôle d’aînée en résidence est aussi de répondre aux personnes qui l’interrogent.

Photo: - / Marie-Laure Josselin

Joséphine Bacon a accepté d’être aînée en résidence sans trop savoir à quoi s’attendre. Elle s’est juste dit qu’elle devait être là, disponible, à l’écoute de chacun, car cela ne concerne pas que les Autochtones.

Enfin, son rôle est aussi de perpétuer la tradition orale. J’écoute et j’espère laisser une petite trace, laisser la trace des anciens en racontant ce qu’ils m’ont donné.

La transmission

Autour de la table du Niska du coin, au début, il n’y a que deux personnes, mais d’autres viendront s’ajouter, pour un café, une question, ou enfin pour rester et s’asseoir discrètement dans le canapé.

Pourquoi sont-ils là ? Ils n’ont pas le temps de répondre, dit Joséphine : Pour le amusantc’est surtout ça. Pour le plaisir d’être ensemble, c’est tout.

Xan Choquet, originaire de la communauté innue de Mashteuiatsh, a grandi près de sa communauté et est avide de questions sur sa culture, l’Innu-aimun. Tandis que Xan lui pose une question simple sur comment raconter une histoire et quels mots utiliser, Joséphine Bacon lui répond : Uapmatshekman , ce qui veut dire regarde ton refletavant de partir pour un cours d’histoire et de langue.

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Les locaux de Niska ne sont pas très grands, mais conviviaux et parfaits pour engager des conversations où chacun peut poser des questions et suggérer des réflexions.

Photo: - / Marie-Laure Josselin

La réponse aux questions est rarement simple. Ici, la place est à l’enseignement, au fameux conseil de ricochet qu’évoque Joséphine. Quand elle te parle de baignadetu te sens là. Cela me transporte et me permet d’en apprendre davantage sur ma cultureprécise Xan.

Après nos discussions, je me sens plus valorisé, surtout venant de quelqu’un qui a autant de connaissances sur les aînés ; C’est très riche de nous transmettre cela.

Le loi

Quand ce n’est pas une plaisanterie qui déclenche le rire général, Joséphine a toujours le mot juste. C’est ça. Les anciens vous donnent la paix, ils répondront à votre question avec une histoire qui vous mènera à votre réponseJoséphine lui a dit.

Au début, je suis venu apprendre l’innu, mais finalement, c’est bien plus que ça. C’est un loi [grand-mère] en résidence !

Une citation de Xan Choquet

Aux étudiants autochtones qui sont loin de chez eux, ou même à certains qui ne connaissent pas la réalité des communautés, Joséphine fait du bien. On pourra discuter, mais aussi parler de notre métier et elle comprendraraconte Xan.

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Joséphine Bacon est très à l’écoute et trouve toujours les mots justes, ponctuant ses interventions de rires.

Photo: - / Marie-Laure Josselin

Il n’y a pas forcément de raisons de venir vous parlerajoute Philippe Bélanger-Beaudry, qui fait une maîtrise en histoire et suit un programme court en pédagogie. Joséphine et lui se regardent. Nous sommes ensemble, nous parlons. Il continue en lui racontant la mention qu’il vient de recevoir. Je suis fier de toi! Le magnifique sentier du portagelui dit-elle tendrement.

D’origine crie, la mère de Philippe a été arrachée à sa communauté, la Première Nation Maison Brunswicken Ontario. Le jeune homme n’a connu ses origines que tardivement et a renoué avec sa communauté récemment, mais n’y est pas encore allé. En plus de découvrir les cultures et le territoire, les conversations avec Joséphine lui offrent des perspectives différentes.

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Philippe Bélanger-Beaudry se sent rassuré auprès de Joséphine, qui sait répondre à ses multiples questions, qu’elles soient d’ordre philosophique, culturel ou académique.

Photo: - / Marie-Laure Josselin

Une fois, il s’est même entraîné pour un entretien avec elle. Cela m’a beaucoup aidé, mais la plupart du temps, ce qui me fait le plus de bien, c’est la rupture avec la routine universitaire, où l’on est très seul avec soi-même.

Discutez, échangez, tout. La présence est importante.

Une citation de Joséphine Bacon

Philippe looks at Joséphine: Rien que votre présence est rassurante. Quand tu es là, je me sens mieux. C’est réconfortant.

De plus en plus d’universités embauchent des aînés autochtones en résidence, comme les Atikamekw Jacques Newashish de l’Université du Québec à Trois-Rivières, les Anishinabeg Gilbert Canard blanc à l’Université d’Ottawa ou Joséphine Bacon. Selon l’Université de Windsor, l’aîné en résidence est une personne autochtone qui adopte le rôle de grand-mère ou de grand-père de substitution et est disponible sur le campus pour conseiller les étudiants, les professeurs et le personnel sur les besoins en matière de santé mentale, spirituelle, émotionnelle et physique d’une manière autochtone holistique. perspective. On les retrouve également dans d’autres secteurs, comme à l’Institut de la santé des femmes et des hommes des Instituts de recherche en santé du Canada.

Selon l’anthropologue et conseillère en accueil et intégration – Accompagnement des étudiants autochtones àUQAM, Livia Vitenti, le rôle diffère selon les personnes et les universités. Il faut être là pour ceux qui ont besoin de se défouler, d’offrir une parole de sagesse, une oreille attentive, mais aussi de participer à des activités comme le perlage, les cercles de partage.

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Livia Vitenti et Joséphine Bacon discutent en se rendant à une conférence.

Photo: - / Marie-Laure Josselin

Elle doit être là dans les activités de Niska, mais aussi deUQAM. C’est très variéexplique Livia, qui accompagne Joséphine Bacon dans son activité.

Les réponses

Livia Vitenti a trouvé que la présence de Joséphine procure un sentiment d’appartenance. Certains étudiants sont en quête d’identité et le fait que Joséphine dise : “oui, tu peux venir”, c’est rassurant pour eux.

Justement, Fé Routhier, qui s’est installée discrètement dans la salle, met le sujet sur la table. Elle est là par hasardnouvellement arrivé et processus de résurgence. Ses origines indigènes étaient couper. Sa grand-mère mi’kmaw ne veut pas en parler. Elle en discute donc avec Joséphine, qui tellement bien reçu. L’échange porte sur le sentiment d’imposteur, Fé Routhier indiquant qu’il n’a pas grandi dans sa communauté.

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Fé Routhier écoute Xan Choquet parler du carcajou.

Photo: - / Marie-Laure Josselin

Joséphine répond qu’elle non plus, car elle était en internat. Le pensionnat était ma communauté. C’est vous les jeunes qui vous sentez imposteurs.

S’ensuit la question pointue de l’inscription en vertu des paragraphes 6(1) ou 6(2) de la Loi sur les Indiens. (Nouvelle fenêtre). Cette fois, Joséphine apprend où trouver le site sur Internet en observant Philippe penché sur son téléphone portable. On s’entraidedéclare-t-elle.

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Donner des conférences fait également partie de son rôle.

Photo: - / Marie-Laure Josselin

Joséphine clôt la discussion et s’engouffre dans le dédale des couloirs duUQAM aller donner une conférence parmi les féministescomme elle le dit. Elle ne veut pas connaître les questions à l’avance pour ne pas enlever la spontanéité de la réponse.

Une quarantaine de personnes, principalement des étudiants, l’attendent puis l’écoutent attentivement pendant qu’elle joue au jeu des questions-réponses. La transmission est une manière de raconter ce que l’autre a vécu. Pour que la parole ne meure jamais. Elle ponctue sa réponse en demandant Comment ça va ?déclenchant l’hilarité générale.

 
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