«Je ne me suis jamais ennuyé. Ça me fait bizarre de partir», constate Michelle Humily, envahie par l’impression que ses 41 ans de carrière au Leclerc de Landerneau (29) sont passées à toute vitesse. Lundi 30 décembre, un peu plus d’un mois avant la retraite officielle, elle reviendra une dernière fois de l’autre côté des étalages chouchoutés du carrousel de bijoux de l’hypermarché Leck, au terme d’un parcours professionnel riche en expériences.
Enfant suite aux missions d’un père militaire, Michelle grandit à Cambrai (Nord), Arcachon (Gironde) puis Orléans (Loiret). « Avant mes 19 ans, je n’avais jamais entendu parler de Leclerc, concède-t-elle. L’arrivée à Landerneau, en août 1981, pour suivre sa mère venue de Plabennec et alors que son père venait de mourir, allait naturellement favoriser une relation plus familière avec la marque. D’abord ambulancière, celle qui rêvait de devenir infirmière a pris un autre tournant en se mariant et en envisageant d’avoir des enfants (deux garçons naîtront). Il n’est pas facile d’adapter l’horaire du premier emploi à celui de s’occuper des tout-petits. « Mais nous avions besoin de revenus. Alors, en 1983, je me suis présenté au magasin des Capucins. »
Édouard Leclerc à la pompe
Alain Tournier, alors directeur du Leclerc de Landerneau et aujourd’hui propriétaire du Leclerc de Landerneau, l’engage. De 1983 à 1986, Michelle a alterné les fonctions de caissière et de rayonnage. Avec parenthèses à la boulangerie-pâtisserie ou au magasin de films photos, maroquinerie et autres articles extra-alimentaires, situés devant les caisses. « C’est là qu’on comptait les tickets de consigne sur les retours de bouteilles en verre », se souvient-elle, pour ajouter à la reconstitution des us et coutumes diluées par le -.
J’ai rencontré Edouard Leclerc à la station-service où il venait faire le plein. Toujours un mot gentil
Hélène Leclerc venait très régulièrement. « Édouard Leclerc, je l’ai plutôt croisé à la station-service (à l’emplacement de l’actuel stationnement du Fonds Hélène-et-Édouard-Leclerc, au coin de la rue des Écoles et de la rue Bélérit, NDLR) où il venait faire son plein. Toujours un mot gentil», se souvient la Landernéenne, naturellement réservée mais pas liquéfiée par ces rencontres spontanées avec le grand patron.
“Les bijoux?” Je n’en savais rien.
Elle le revit, mais moins souvent, à Leck, où l’hypermarché Landerneau connut sa transformation spectaculaire en 1986. « Changement complet. Nous sommes passés de l’entrepôt au magasin chic. Très lumineux. » Depuis sa caisse, Michelle Humily assiste en première ligne à la montée en puissance des hypermarchés. Elle participe également activement à sa stratégie de diversification. En 1993, Bertrand Abiven, alors directeur, lui propose de s’installer au Manège à bijoux, concept racheté à un bijoutier de la Ville Rose. «Je n’en savais rien. J’ai été envoyé en stage à Toulouse. »
Sa tournée au Manège durera finalement 31 ans. Moins les quelques mois passés à donner un coup de main au drive de Saint-Thonan, quand les confinements covid mettaient sous cloche les présentoirs de bagues, pendentifs ou montres, et Michelle ne pouvait plus se retenir.
Contact direct avec les patrons
« Gaëlle Kermarrec (propriétaire de l’hypermarché Leck) m’a dispensé une formation éclair dans les entrepôts de Saint-Thonan. » Encore une preuve que les patrons de Leclerc s’impliquent personnellement dans la promotion professionnelle des salariés : au tournant des années 2000, Marie-Laure Bordais (ex-propriétaire du Leclerc du Leck) l’emmène à Paris, pour valider l’esthétique et la pratique. choix du nouveau mobilier Manège. « Cela s’est passé au Cirque d’Hiver, lors du congrès des membres du mouvement. À un moment donné, Michel-Édouard s’est approché de Mme Bordais et lui a demandé qui j’étais. Lorsqu’il a appris que je travaillais chez Leclerc de Landerneau, il a souri et m’a dit : « Landerneau, la référence ». »
Reste positif
Michelle Humily ne voit cependant pas trop de différences entre les magasins Leclerc. « Peut-être que c’est plus convivial ici. Ce qui n’a pas changé au fil des années, ce sont les gens qui viennent discuter », apprécie-t-elle. En cédant sa place de gérante du Manège Joaillerie à Estelle Kermoal, ancienne caissière comme elle, l’une des dernières salariées contemporaines de l’aventure Capucins s’est étonnée lorsqu’on lui a demandé comment elle faisait pour tenir le coup à 41 ans. « Pour moi, ça a été très rapide. Je suis resté positif. Heureux de réparer les choses, d’aider les gens à s’amuser. » Le dépôt humain d’un parcours aux multiples facettes.
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