Début 2024, après avoir perdu le contrôle du mégaprojet, le tramway était devenu le Voldemort du maire de Québec. Ce projet dont il espérait ne plus parler, du moins pendant un moment. Douze mois se sont écoulés et il accepte désormais de l’approcher.
Impossible de faire autrement, après une semaine marquée par un retour en piste officiel, confirmé par la signature d’accords entre le trio désormais chargé de sa réalisation.
Dans son vaste bureau de l’hôtel de ville de Québec, Bruno Marchand accueille Le SoleilJEUDI. Tout comme Noël, le rendez-vous des différents médias de la capitale en fin ou en début d’année fait partie de la tradition. Soit pour une révision, soit pour signifier un nouveau départ.
Cette année, contrairement à la précédente, il a préféré le récapitulatif. Il faut dire que l’année aura été bonne. Et que cela se termine sur une note digne de mention, aux yeux du maire de Québec.
En un an, le tramway sera passé de presque enterré à littéralement ressuscité. « Un an après, on est ailleurs », observe Bruno Marchand, plein de confiance pour la suite du projet.
Ce projet, qu’il considère toujours essentiel pour le Québec — surtout si une récession venait à frapper — se réalisera, insiste-t-il. Tout le monde ne partage pas cette confiance qu’il dégage.
Le sentiment du « Jour de la marmotte »
Après des années d’échanges, le scepticisme s’est installé. Même parmi les groupes fondamentalement favorables au tramway, le doute s’est installé dans les heures qui ont suivi l’annonce d’un énième report de sa mise en service prévue. Il est désormais promis que les passagers pourront embarquer à partir de 2033. Les années 2026 et 2030 avaient été anticipées comme horizon pour atteindre cette étape.
Le maire Marchand comprend ceux qui se demandent si le Québec « rejoue le même vieux film, Le Jour de la marmotte ».
“Il y a toujours un risque de s’essouffler”, reconnaît-il. Mais en même -, si nous voulons faire des projets comme celui-là et que nous ne sommes pas prêts à faire preuve de résilience, à persévérer, à affronter les différents pièges, je pense que cela ne vaut pas la peine de lancer des projets comme celui-là, car cela prend du -.
Et comme il le dit depuis bientôt une semaine, Bruno Marchand est convaincu que cette fois-ci est la bonne. « Le Fonds est crédible. Le calendrier 2033 est réaliste », aime-t-il penser.
Des « pièges » encore possibles, mais…
Reste que des « choses » pourraient encore freiner le projet, nuance le premier magistrat, avec réalisme.
Mais ce ne sera pas un manque de volonté politique, avance-t-il, sur un ton qui sonne comme une défense du gouvernement Legault. Défense que l’on connaît peu de lui depuis sa prise de fonction en 2021, alors que les relations ont parfois été tendues, notamment en matière de transports.
Après les atermoiements, la nécessité d’un tramway au Québec est maintenant reconnue et tout le monde est aligné pour y parvenir, estime M. Marchand. Même la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, dont la confiance dans le tramway a été remise en question à plusieurs reprises au cours des dernières années.
« Les gens voient parfois des gestes politiques, mais il n’y a pas de gestes politiques là-dedans. Je comprends qu’on analyse tout cela, mais ce n’est pas Mme Guilbault qui a retardé cela. On ne peut pas dire: «c’est Geneviève Guilbault qui essaie de mettre ça en 2033, ce qui noie le poisson». Je jure que ça n’a rien à voir avec ça.
Dans le même -, il se range derrière le vice-Premier ministre, pour montrer un peu d’impatience de voir arriver la contribution fédérale pour le tramway. « C’est vrai que c’est long, reconnaît-il. Nous devons avoir nos 40 % à égalité avec ceux des autres. Et pour le moment, il n’est pas là.
Il sera nécessaire d’obtenir l’argent promis avant un éventuel retournement de situation aux Communes, insiste-t-il. Sans toutefois s’inquiéter outre mesure de l’arrivée au pouvoir du conservateur Pierre Poilievre, il insiste sur « l’injustice » dont serait victime la Ville de Québec si Ottawa renonçait à sa part.
« Élection ou pas élection, Poilievre ou Trudeau, truc cool ou Jean-Guy, les projets ne peuvent pas dépendre de « j’arrive, je pars, je pars, je change de projet, un autre arrive, on repart ». Nous ne ferons jamais rien.
— Bruno Marchand, maire de Québec
Même sans personne sur le passage du tramway, le maire de Québec ne s’avance pas pour dire que c’est « 100 % irréversible ». « En théorie, rien ne sera jamais irréversible. Nous ne connaissons pas l’avenir. Cependant, nous en sommes plus loin que jamais. On est plus loin, et plus on est loin, plus c’est compliqué de faire demi-tour.
De - en -
Avec ce qu’il qualifie de « victoire », Bruno Marchand entame peut-être la dernière année de son premier mandat avec moins de poids sur les épaules.
Mais le poids du tramway va continuer de peser sur l’opinion qu’en ont certains électeurs, analyse le principal concerné, qui a obtenu un taux de satisfaction de 38% au dernier sondage SOM.Le Soleil-FM93, en octobre.
« Je pense que c’est très lié au tramway, mais c’est aussi très lié au fait que quand on fait des changements, ça perturbe les choses. Et il est facile pour les opposants d’apposer des étiquettes fausses.»
Les idées, note-t-il, « jusqu’à ce qu’elles soient réalisées, elles ne s’infiltrent pas complètement ». Rien cependant pour diminuer son ambition sur ses propositions, aussi impopulaires soient-elles parfois.
« Mon constat est que lorsqu’on essaie d’apporter des changements qui vont durer dans le -, cela prend du -. »
“Planter des arbres et espérer que les fruits pousseront la même année, cela n’arrivera pas.”
— Bruno Marchand, maire de Québec
Trois ans plus tard, dans le rétroviseur, l’administration Marchand affirme que c’est « l’heure des premières récoltes ».
Et elle espère pouvoir récolter les fruits de sa « vision » même au-delà de 2025.
Bref, Bruno Marchand sur…
Le Colisée
« Vous connaissez ma position, elle ne change pas. Nous attendons le rapport de la Commission du Plan. Mais il y a une chose qui est sûre, c’est que selon ce que dit la Commission, nous n’allons pas mettre en place un moratoire si nous sommes convaincus de quelque chose. Nous devons aussi prendre une décision.
Les maisons
« Il y a des gens qui ont compris : ‘le maire est anti-foyers et il ne veut pas qu’on fasse du feu’. Cela n’a jamais été comme ça. Ce que nous disons, c’est que si vous possédez un poêle certifié, vous contribuerez à sauver 100 vies.
Le libération de Gilles Lehouillier sur la crédibilité de CDPQ Infra
«Je ne sais pas ce qu’il fait. C’est à lui de présenter sa vision, mais quant à la crédibilité de CDPQ Infra, personne ne la remet en question. Ce n’est pas parce qu’une organisation crédible ne dit pas ce que l’on veut entendre qu’elle n’est pas crédible. Après, il peut être en désaccord, il peut dire qu’il y a d’autres arguments, qu’il y a d’autres voies. Il a le droit de croire en un tel projet, mais CDPQ Infra a fait un travail crédible.
Noël en tant que maire
« Cela reste un emploi que vous travaillez 15, 16, 17 heures par jour. Vous pouvez dire : quand je suis présent, je suis présent en malédiction, il n’en demeure pas moins que vous n’êtes pas tellement présent. J’ai des enfants qui sont plus âgés […] nous sommes donc capables de trouver des compromis. Nous allons passer trois jours ensemble, à huis clos. On range nos téléphones portables, on fait du thé, on sort, on profite de la vie. Je n’ai jamais été en meilleure forme à ce stade.
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