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Lion Électrique a bénéficié à deux reprises de subventions pour camions défectueux

Lion Electric a trouvé le moyen de bénéficier deux fois de généreuses subventions – jusqu’à 480 000 $ par véhicule – pour les camions défectueux retournés par des clients insatisfaits.

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Selon les informations obtenues par La RevueLion a proposé à une vingtaine de clients de reprendre leur camion en panne et de le remplacer par un véhicule neuf.

Le problème, c’est que dans la foulée, Lion a bénéficié une seconde fois des subventions offertes par Québec et Ottawa, ce qui est pourtant interdit.

« Cela ne vous coûtera rien »

« On disait aux clients : ‘ça ne vous coûtera rien’ », raconte un ancien employé de Lion Électrique qui a requis l’anonymat.

Le mode opératoire était le suivant : le constructeur rachetait le camion défectueux du client pour environ 100 000 $, puis lui en vendait un neuf au même prix.

Le client a reçu des subventions de Québec et d’Ottawa, soit environ 240 000 $ au total, pour cet « achat », de sorte que le véhicule de remplacement, dont le prix affiché était d’environ 340 000 $, ne lui a rien coûté. , hors taxes.

Pour Lion, la démarche présentait deux avantages : elle permettait de satisfaire, au moins en partie, un client insatisfait, tout en générant une nouvelle vente qui améliorait les résultats trimestriels de l’entreprise.

The CEO of Lion Électrique, Marc Bédard, during a 2021 announcement.

Photo JOËL LEMAY

Les règles sont claires

Toutefois, le ministère des Transports du Québec, responsable du programme de subvention Écocamionnage, a confirmé à Journal que cette façon de faire ne respectait pas les règles.

Celles-ci stipulent que « les technologies subventionnées […] ne peut pas être vendu […] sans que le ministre en soit informé au préalable, et ce, pendant une durée minimale de trois ans à compter de la date d’acquisition », a précisé une porte-parole du ministère, Émilie Lord.

Lorsqu’un constructeur décide de remplacer un véhicule défectueux, le “nouveau véhicule ne pourra pas bénéficier d’une aide financière puisqu’il ne s’agit pas d’un véhicule supplémentaire, mais plutôt d’un véhicule qui remplace un véhicule défectueux déjà subventionné”, a-t-elle ajouté.

Mmoi Lord a toutefois indiqué que le gouvernement n’avait pas, jusqu’à présent, « imposé de sanctions » aux entreprises pour de tels délits.

De son côté, le ministère fédéral des Transports n’a pas voulu dire si la manœuvre de Lion contrevenait aux règles.

Le comble de l’ironie est que plusieurs clients qui ont reçu des camions de remplacement n’étaient toujours pas satisfaits, de sorte que leurs véhicules, subventionnés deux fois, n’ont finalement servi que peu.

Invité à réagir, Lion Électrique n’a pas répondu Journal.

“On savait depuis un an et demi qu’on allait avoir des ennuis”

Les camions de Lion Electric étaient si mal conçus qu’il est peu probable que l’entreprise soit en mesure de continuer à les commercialiser, ont déclaré d’anciens employés au journal. Journal.

«Nous savions depuis un an et demi que nous allions avoir des ennuis», raconte un ancien employé, s’exprimant sous couvert d’anonymat. Nous ne pouvions plus vendre de camions parce que les clients n’en voulaient plus. »

Un exemple parmi d’autres : le géant Amazon, qui était prêt à acheter jusqu’à 2.500 camions Lion en 2021, a mis fin à l’aventure après avoir reçu à peine cinq véhicules.

«Je ne vois pas comment Lion pourra continuer le volet camions avec la concurrence qui vient actuellement des grands acteurs», ajoute l’ex-salarié. Ce n’est pas durable.

Photo MARTIN CHEVALIER

Travailleurs licenciés

Il note que presque tous les travailleurs du secteur des camions ont perdu leur emploi dans le cadre du licenciement de 400 employés annoncé par Lion au début du mois.

Selon lui, Lion « a creusé son trou » en s’introduisant en bourse en 2021, ce qui a conduit l’entreprise, alors connue pour ses autobus scolaires, à vouloir aller trop vite dans le développement de ses camions.

« Nous avons dû descendre des camions », a-t-il déclaré. Nous ne pouvions pas nous permettre de les tester pendant des mois. On a donc mis sur la route des véhicules qui n’étaient pas fiables, qui ne fonctionnaient pas.

Improvisation

« Nous nous sommes lancés dans un produit que personne ne connaissait vraiment et nous nous sommes trompés », renchérit un autre ancien employé. Les clients sont habitués à avoir une certaine fiabilité pour leurs véhicules. Chez Lion, il a fallu improviser pour des éléments comme le chauffage, la climatisation, le freinage, le dégivrage, la structure… Ce sont des choses que les grands constructeurs maîtrisent depuis des années.

Contrairement à Lion, des entreprises établies comme Peterbilt peuvent financer le développement de leurs camions électriques grâce à la vente de véhicules à combustion. Ils peuvent également proposer des camions diesel de remplacement lorsqu’un véhicule électrique rencontre des problèmes, ce qui rassure les clients.

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