Un couple avec trois enfants cherche à le faire sans nuire aux finances familiales
Publié à 6h00
La situation
Les conjoints Michel* et Josée*, la quarantaine et parents de trois adolescents, préparent des travaux de réaménagement intérieur de leur maison familiale.
La finalisation de ces travaux, estimés à 75 000 $, incluant un budget de contingence, est prévue pour le printemps prochain.
« Il s’agit d’un travail important qui pourrait coûter assez cher au total », indique Michel lors d’un entretien avec La presse. C’est pourquoi nous recherchons des conseils sur la meilleure façon de les payer sans trop affecter notre situation financière.
« Par exemple, devrions-nous puiser dans nos CELI, au risque de réduire nos avoirs d’épargne-retraite futurs ? Devons-nous plutôt emprunter ce montant en l’ajoutant au solde de notre prêt hypothécaire, lors de son renouvellement en août 2025 ? »
Un coup d’oeil à la situation financière des conjoints Michel et Josée suggère qu’ils pourraient bénéficier d’une bonne marge de manœuvre pour payer leurs travaux résidentiels sans trop d’impact sur leur planification financière à moyen et long terme.
Par exemple, leur état financier familial indique une valeur liquidative approchant les 1,3 millions de dollars, dont 840 000 $ d’actifs financiers dans des comptes d’épargne enregistrés (REER et CRI, CELI, REEE, REEI). Cet actif familial comprend également un montant de 475 000 $ qui provient de la valeur foncière de leur maison familiale (700 000 $) moins le solde de 225 000 $ de leur prêt hypothécaire.
Quant au budget familial géré par Michel et Josée, on voit immédiatement que leur bon niveau de revenus (320 000 $ brut par année) combiné à un mode de vie raisonnable pour une famille de cinq personnes (75 000 $ par année en frais résidentiels et de train de vie) leur permet de maintenir bonnes habitudes d’épargne.
Ces années-ci, Michel et Josée consacrent environ 100 000 $ par année de leur revenu disponible à des cotisations dans leurs comptes REER et CELI respectifs, ainsi que dans les comptes d’épargne-études (REEE) de leurs deux enfants âgés de 14 et 16 ans toujours admissibles.
Évidemment, Michel et Josée gèrent bien leur budget familial et leurs priorités en matière de planification financière à moyen et long terme.
C’est dans ce contexte qu’ils sollicitent des conseils afin d’optimiser le financement de leurs travaux résidentiels qu’ils estiment à environ 75 000 $. Tout cela, en minimisant l’impact de ces coûts sur la bonne continuité de leur situation financière familiale et de leur épargne retraite à moyen et long terme.
La situation ainsi que les questions de Michel et Josée ont été confiées pour analyse-conseil à Julie Paquin, planificatrice financière et vice-présidente à la gestion privée chez Optimum Gestion de placements.
Les chiffres
Michel, 48 ans
Revenu : 250 000 $
Actifs financiers :
- et TCER : 316 000 $
- en AIM : 70 000 $
- en compte de retraite immobilisé (CRI) : 112 000 $
- en compte non enregistré : 78 000 $ (parts de capital employeur)
Josée, 48 years old
Revenu : 70 000 $
Actifs financiers :
- et TCER : 13 000 $
- en AIM : 41 000 $
- dans un compte d’épargne-invalidité (REEI) : 24 400 $
- Régime de retraite RREGOP du secteur public québécois
Bilan familial
Actifs :
- dans des comptes d’épargne-études (REEE) : 165 000 $
- résidence familiale : 700 000 $
Passif :
- solde hypothécaire : 225 000 $
- revenu familial brut : environ 320 000 $
Principales dépenses annualisées : environ 175 000 $ (résidence familiale : environ 30 000 $, style de vie familial : environ 45 000 $, épargnes en placement : environ 100 000 $)
Le conseil
D’emblée, la planificatrice financière Julie Paquin souligne que « Michel et Josée ont su développer une excellente capacité d’épargne et une gestion budgétaire rigoureuse, qui sont des bases essentielles pour bâtir un actif solide et atteindre leurs objectifs ».
Dans ce contexte favorable, « plusieurs possibilités s’offrent à Michel et Josée » pour financer leur projet de réaménagement de leur maison familiale. Première option à considérer : retirer du CELI les 75 000 $ prévus pour les travaux résidentiels.
Avec la croissance des marchés boursiers, Michel et Josée pourraient hésiter à retirer l’épargne de leur CELI. Mais ils doivent également se rappeler que les rendements passés ne garantissent pas l’avenir !
Planificatrice financière Julie Paquin, d’Optimum Investment Management
Par conséquent, il leur recommande d’estimer le rendement potentiel de leurs actifs CELI selon les normes recommandées par l’Institut de planification financière du Québec.
« Le rendement estimé d’un portefeuille équilibré [60 % en actions et 40 % en titres à revenus fixes] est de l’ordre de 5,23% par an, mais avant déduction des frais de gestion, résume Mmoi Paquin.
« En supposant des frais de gestion d’environ 1,14 % par année, nous obtenons un rendement net potentiel de 4,09 % par année. Dans le CELI de Michel et Josée, maintenir un placement de 75 000 $ avec un rendement moyen de 4,09 % par année donne une valeur potentielle de 204 000 $ dans 25 ans. »
CELI ou hypothèque?
À l’avenir, un tel rendement anticipé serait-il plus avantageux à long terme que d’emprunter davantage avec son prêt hypothécaire ? La réponse à cette question dépend avant tout de l’évolution des taux d’intérêt au cours des prochains mois, indique Julie Paquin.
D’où la deuxième option à considérer par Michel et Josée pour payer leurs prochains travaux résidentiels : au lieu de retirer 75 000 $ de leur CELI, ils pourraient augmenter le solde de leur prêt hypothécaire lors de son renouvellement en août 2025.
« Comme un grand nombre de ménages, Michel et Josée devront renouveler leur prêt hypothécaire en 2025. Malgré le contexte de baisse des taux, ils feront face à un taux hypothécaire et à des mensualités plus élevés que ce qu’ils paient depuis des années. Et ce, avant même d’avoir ajouté 75 000 $ pour des travaux résidentiels », prévient M.moi Paquin.
Comment estimer cette hausse des frais hypothécaires ? « J’ai formulé l’hypothèse qu’avec un solde de prêt hypothécaire d’environ 221 000 $ lors de son renouvellement en août 2025, et l’ajout de 75 000 $ pour le coût des travaux résidentiels, un nouveau prêt à un taux augmenté à 4,09 % sur 25 ans impliquerait des remboursements. passant d’environ 1 000 $ à 1 570 $ par mois, indique Julie Paquin.
« Où seront les taux d’intérêt hypothécaires en août 2025 ? En attendant que cela devienne plus clair, il sera important pour Michel et Josée de mettre à jour leur profil d’emprunteur et leur capacité budgétaire à assumer une telle augmentation de leurs versements hypothécaires. »
CELI et REER avant l’hypothèque?
En attendant, Julie Paquin suggère à Michel et Josée d’envisager une troisième option pour financer leurs travaux résidentiels, tout en continuant d’optimiser leur épargne-retraite dans des comptes enregistrés offrant des avantages fiscaux.
«En l’absence d’un régime de retraite lié au travail, la priorité de Michel est de maximiser son REER personnel et de réduire son taux d’imposition élevé en utilisant les droits de cotisation disponibles», explique M.moi Paquin.
Comment faire ? « Michel et Josée pourraient utiliser leur CELI pour verser une cotisation forfaitaire de 75 000 $ au REER de Michel, ce qui lui permettra de récupérer la majeure partie de son solde de 86 000 $ en cotisations inutilisées. En cotisant 75 000 $ à son REER d’ici la prochaine échéance annuelle, soit à la fin février 2025, Michel pourrait obtenir environ 49 000 $ d’économies d’impôt », calcule Julie Paquin.
Ensuite, cette économie d’impôt pourrait leur servir à rembourser une partie de leurs retraits de CELI, ou à réduire leur solde hypothécaire avant son renouvellement en août 2025 à un taux d’intérêt plus élevé et un montant d’emprunt majoré du coût des travaux résidentiels.
Comment choisir entre ces deux usages de l’économie d’impôt ? « En août 2025, Michel et Josée connaîtront le nouveau taux d’intérêt pour leur renouvellement hypothécaire. Ils pourront alors le comparer au taux de rendement anticipé de leurs actifs CELI », précise M.moi Paquin.
Si ce rendement net à long terme s’annonce supérieur à leur nouveau taux d’intérêt hypothécaire, Michel et Josée pourraient alors décider de prioriser leurs cotisations au CELI plutôt que d’accélérer le remboursement de leur solde hypothécaire.
«Mais si le taux de rendement anticipé et le taux d’intérêt étaient comparables, cela deviendrait alors un choix plus personnel que financier», estime Julie Paquin.
« D’une part, le taux d’intérêt des prêts est toujours connu alors que le taux de rendement attendu reste une estimation. D’un autre côté, il y a le facteur psychologique de rembourser ses dettes le plus rapidement possible, ce qui est aussi un moyen de s’enrichir à moyen et long terme. »
* Bien que le cas mis en avant dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.
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