(Lévis) Les changements climatiques ne freinent pas les investissements dans les montagnes de ski du Québec. C’est presque le contraire. Le Massif du Sud devient la plus récente station à injecter des millions dans le développement de son offre quatre saisons.
Mis à jour hier à 15h21
Le propriétaire de la station, Pierre-Yves Charest, souhaite investir 75 millions de dollars sur quatre ans. C’est tout un revirement pour la montagne Bellechasse qui, sous l’ancien propriétaire, avait été menacée d’une mise en faillite par ses créanciers.
Le Massif du Sud recevra un coup de pouce de 9 millions de Québec : une subvention de 5 millions du ministère du Tourisme et un prêt avec intérêts de 4 millions d’Investissement Québec (IQ).
«Nous souhaitons doubler l’achalandage de la station sur une période de cinq ans», a déclaré mardi Pierre-Yves Charest, qui a acquis en partie la station en 2022, et qui en est aujourd’hui l’unique actionnaire.
La part du lion de l’enveloppe de 75 millions ira à un nouveau chalet, de 120 unités de type condo-hôtel (60 millions), qui ouvrira en 2028. Une trentaine de chalets seront également construits.
3 millions ont déjà été investis dans le téléski, avec l’ajout d’un tapis d’embarquement pour attirer les familles et permettre le transport des VTT.
La station souhaite également aménager 50 kilomètres de sentiers de vélo de montagne, qui s’ajouteront aux vingt que compte le parc régional du Massif-du-Sud. Cela fera un réseau de 70 km (le Mont Sainte-Anne compte environ 175 km de sentiers de vélo de montagne, pour donner une échelle de grandeur).
« Nous savons qu’avec les conditions climatiques actuelles, d’autres activités sont nécessaires, notamment en intérieur. C’est un atout majeur», concède M. Charest.
Une piscine couverte et un petit centre d’escalade seront également installés au pied des pistes, ainsi qu’un tout nouveau chalet au sommet dès l’été prochain.
« Développer les quatre saisons est essentiel », dit-il. C’est pour toutes les stations. Les 74 stations membres de l’Association des stations de ski du Québec sont en train de le développer. »
Des défis importants
Une étude récente du groupe de recherche Ouranos commandée par l’Association des stations de ski du Québec prédit un avenir mouvementé pour ce sport dans le contexte des changements climatiques.
La hausse des températures et la chute du manteau neigeux obligeront les stations à dépenser des millions, à un moment où la fréquentation stagne, préviennent les auteurs.
Le Massif du Sud, situé à une heure de route de Lévis, bénéficie d’un « microclimat » favorable, estime son propriétaire. «Nous sommes la montagne avec le plus haut sommet au Québec, à 915 mètres, nous avons un microclimat, nous sommes loin du fleuve, la neige est moins humide. Nous pensons que nous pourrons bien faire.
La montagne veut aussi profiter de ces investissements pour prolonger sa saison. La montagne est actuellement ouverte pendant environ 80 jours. La direction aimerait ajouter rapidement 15 jours pour atteindre 95 jours. «Nous souhaitons ouvrir 120 jours de ski dès 2026», affirme Pierre-Yves Charest, qui est également à la tête d’OïKOS construction, un entrepreneur très actif dans la région de Québec.
M. Charest a repris la station en 2022. L’ancien propriétaire avait eu des démêlés avec la municipalité de Saint-Philémon, qui lui réclamait 850 000 $ en taxes foncières impayées en 2017.
« Tout est réglé. Nous n’avons plus de procès avec la station. C’est une nouvelle équipe», affirme le maire de Saint-Philémon, Daniel Pouliot.
L’annonce de mardi le réjouit, même si le maire estime que l’aménagement « met la pression » sur la petite commune de 700 habitants. Il faudra aussi trouver de nouvelles sources d’eau l’été prochain.
«Il y a un changement de paradigme», constate Gabriel Paquet, président de la microbrasserie Bellechasse, à propos du nouveau propriétaire et de sa vision du développement.
Le Massif du Sud est la plus récente station de ski à recevoir une aide du Québec. Investissement Québec a récemment transformé un prêt de 36 millions au Massif de Charlevoix en actions privilégiées. Une entente est également imminente, selon une Source gouvernementale, pour un financement gouvernemental important pour le Mont-Sainte-Anne.
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