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une réforme “marquée par l’urgence”, dénoncent les syndicats

Les syndicats représentant les travailleurs forestiers du Québec déplorent une réforme du régime forestier « marquée par l’urgence » et un processus de consultation imposant « des restrictions importantes aux [leur] droit de parole ». Favorables à une modernisation du secteur québécois, ils invitent les décideurs à s’éloigner de la « recherche du profit à court terme et à courte vue ».

Le gouvernement Legault mène cet automne une tournée de rencontres confidentielles, sur invitation, afin de préparer un projet de loi visant à réformer le régime forestier de la province.

C’est dans ce contexte que Québec a récemment convoqué les dirigeants québécois d’Unifor, des Métallos, de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) et de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), qui représentent les travailleurs de toute la chaîne de production du bois.

Minister Maïté Blanchette Vézina (Archive photo)

Photo : - / Sylvain Roy-Roussel

Ils sont toutefois repartis de leur rencontre avec le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF) avec plus de questions que de réponses. À tel point qu’ils unissent désormais leurs voix pour réclamer une deuxième rencontre avec la ministre Maïté Blanchette Vézina.

Le cadre de concertation que vous nous proposez, marqué par l’urgence et des restrictions importantes à notre droit de parole, n’est pas propice à engager une réflexion approfondie sur un sujet aussi important.» disent-ils dans la missive, dont - a obtenu copie.

La ministre Blanchette Vézina souhaite déposer un projet de loi au cours de l’hiver 2025.

Deux heures, deux semaines

Daniel Cloutier (Unifor), Dominic Lemieux (Métallos), Luc Vachon (CSD) et Kevin Gagnon (FIM-CSN) dénoncent le cadre de consultation et la connaissance incomplète du futur régime.

Selon nos informations, corroborées par plusieurs sources distinctes, les séances d’environ deux heures prennent la forme d’une présentation verbale du ministère, appuyée par un support visuel. Aucun document n’est remis aux invités. Les participants doivent également signer un accord de stricte confidentialité leur interdisant de parler publiquement du contenu de la réforme.

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Daniel Cloutier, directeur québécois du syndicat Unifor, signe la lettre remise à la ministre Blanchette Vézina. (Photo d’archives)

Photo : - / Martin Guindon

Les partis convoqués disposent alors de deux semaines, après la date de leur réunion, pour soumettre leurs commentaires au gouvernement. Les grands groupes de travailleurs s’estiment incapables de le faire à l’heure actuelle, en raison du manque de - et de clarté offert par le MRNF.

Il est impossible de se positionner globalement en l’absence d’informations plus complètes sur la nature des modifications évoquées, leur portée ainsi que les modalités de leur application.écrivent-ils dans une lettre envoyée au gouvernement la semaine dernière.

En termes simples, trop de questions restent sans réponse.

Une citation de Extrait de la lettre intersyndicale

Une industrie en crise

Les syndicats, qui ne peuvent pas commenter publiquement le régime forestier, réclament une transformation en profondeur de la filière.

Selon ce que rapportaient les Premières Nations la semaine dernière, Québec souhaite mettre en place un zonage forestier où l’exploitation forestière aurait priorité sur toute autre utilisation du territoire. Le ministre envisage également de remettre la planification forestière entre les mains de l’industrie, comme c’était le cas avant la dernière réforme de 2013.

Les syndicats, sans le dire, suggèrent que de telles modifications ne suffisent pas. Améliorer la cohérence est crucial, mais cela ne se fera pas par des changements cosmétiques ou un retour aux pratiques passées.ils écrivent.

Ils réclament notamment un meilleur équilibre entre récolte et préservation de la ressource. Nous appelons à un changement de paradigme, une réelle gestion des risques et un meilleur calibrage de la pression industrielle sur les écosystèmes forestiers pour assurer la pérennité de nos emplois.ils écrivent.

Le modèle de développement industriel forestier du Québec a atteint ses limites.

Une citation de Extrait de la lettre intersyndicale

Le régime québécois, par exemple, ne tient pas compte des futurs feux de forêt, qui pourraient s’intensifier avec les changements climatiques. Chaque événement (épidémie d’insectes, incendie, chablis) oblige la province à revoir sa planification et à ajuster les possibilités forestières, soit le bois qui peut être récolté annuellement par l’industrie.

Les incendies historiques de 2023 ont ainsi poussé le Bureau du forestier en chef du Québec à réduire les possibilités d’exploitation forestière dans certaines régions plus touchées, ce qui a forcément un impact sur certaines entreprises.

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Les feux de forêt de 2023 ont forcé le Forestier en chef du Québec à réviser à la baisse les permis forestiers pour la période 2023-2028. (Photo d’archives)

Photo : La Presse canadienne/Audrey Marcoux/SOPFEU

Les syndicats soulignent que la province a perdu pas moins de 40 000 emplois au cours des 25 dernières années pour différentes raisons et selon le secteur d’activité. La demande de papier journal a chuté de façon spectaculaire, tandis que les droits compensateurs américains sur le bois d’œuvre canadien continuent de nuire.

De grands complexes industriels du secteur des pâtes et papiers ont récemment été contraints de fermer leurs portes. L’année dernière, une dizaine de scieries ont suspendu leur activité ou fermé définitivement. Cela ne peut pas continuertonnent les dirigeants syndicaux.

Ils invitent le MRNF chercher des moyens de transformer l’industrie en se concentrant sur autre chose que la production de deux par quatre.

La transformation et l’innovation doivent être au cœur de notre action. Ces dimensions doivent être promues par des choix politiques et réglementaires qui envoient un signal clair et prévisible aux entreprises.demandent-ils. Le Québec devra aussi investir pour aider l’industrie dans cette transformation.

La recherche de profits à court terme et à courte vue, après des cycles de hausse et de baisse des prix, ne peut plus guider le développement de notre industrie.

Une citation de Extrait de la lettre intersyndicale

Outre le contexte économique et les changements climatiques, le Québec doit protéger 30 % de son territoire d’ici 2030 et l’industrie devra également composer avec des mesures accrues pour protéger l’habitat du caribou forestier dans un avenir rapproché.

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L’industrie forestière est à la croisée des chemins, selon les syndicats. (Photo d’archives)

Photo : -

Juste une transition

Alors que l’industrie est appelée à se transformer, voire à vivre avec de potentielles restrictions sur ses approvisionnements, les syndicats déplorent le manque de vision du gouvernement Legault à l’égard des travailleurs forestiers.

La situation appelle à la mise en place d’un cadre mondial d’accompagnement à la transition pour les travailleurs du secteur forestier.affirment les signataires. Le maintien de l’expertise et de la qualité des emplois qu’occupent et occuperont nos membres sont liés à la réalisation de cette vision.

Selon les dirigeants syndicaux, il n’y a actuellement pas d’espace pour consultation […] visant à atténuer les impacts.

 
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