Le commerce de cannabis de l’ancien directeur de la police de Montréal, Yvan Delorme, est dans le viseur du fisc, après avoir accumulé plus d’un demi-million de dollars en impôts impayés, a découvert notre Bureau d’enquête.
Revenu Québec et Revenu Canada ont même récemment dû enregistrer des hypothèques légales sur trois terrains et installations de cette firme, QCGoldtech, établie à Saint-André-Avelin en Outaouais.
L’entreprise présidée par M. Delorme devait plus de 217 000 $ en vertu de la Loi sur la taxe de vente du Québec. Elle n’aurait pas restitué à l’État les sommes qu’elle a perçues en taxe sur les ventes entre mars et août 2024.
Yvan Delorme
Photo d’archives
Le directeur des communications de QCGoldtech, Alain Legault, indique avoir été informé de la procédure amorcée par Revenu Québec la semaine dernière.
«Nous avons discuté avec Revenu Québec et proposé une entente pour respecter nos obligations financières, à la satisfaction des deux parties», a-t-il déclaré mardi.
Toutefois, Mylène Gagnon, du Service des relations publiques de Revenu Québec, nous écrit qu’« en date du 20 novembre 2024, cette hypothèque est toujours valide ».
Le fédéral, pour sa part, réclame près de 294 000 $ d’impôts impayés entre le 1est en mars et 30 septembre derniers.
Défis financiers et organisationnels
M. Legault n’a pas expliqué pourquoi l’entreprise avait accumulé une dette fiscale de plus de 511 000 $.
« Comme toute entreprise de cannabis au Québec, à laquelle le gouvernement du Québec n’offre aucune aide financière dans aucun programme gouvernemental, et avec l’imposition fédérale de la taxe d’accise au-delà du bon sens, les finances demeurent un défi. à chaque instant», a-t-il d’abord souligné.
Invité à préciser, il a ajouté que l’entreprise « fait face à des défis financiers et opérationnels, et ce dans un contexte où le soutien gouvernemental est inexistant ».
M. Delorme, qui a été directeur du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) de 2005 à 2010, n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Créée en 2017 par Yvan Delorme, QCGoldtech a obtenu ses licences de vente de cannabis médical, de culture et de transformation de cannabis en 2020. Ses produits se retrouvent sur les tablettes de la Société québécoise de cannabis (SQDC).
En 2022, lors de la conclusion d’un partenariat qualifié de « crucial » avec la direction de Velvet pour la distribution de ses produits ailleurs au Canada, M. Delorme s’est montré critique envers la SQDC.
« Notre seul client actuel, la SQDC, a démontré à plusieurs reprises qu’elle n’est pas là pour promouvoir l’industrie québécoise du cannabis et ses membres n’auront d’autre choix que de faire comme nous, et également d’offrir leurs produits sur d’autres marchés canadiens, qui sont beaucoup plus accueillant sur le plan commercial », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Une industrie en difficulté
QcGoldtech est présent dans 6 provinces et à l’international.
« Nous sommes un moteur de l’économie locale de la Petite-Nation [Outaouais] avec nos deux usines et près de 100 employés, mais sans aucune reconnaissance de notre gouvernement provincial. À mon avis, c’est là le vrai débat concernant le cannabis», souligne M. Legault.
L’entreprise embauche près d’une vingtaine de travailleurs étrangers durant l’été. Le deuxième actionnaire de QCGoldtech est le Groupe Jafaco qui appartient à la famille Fontaine. Ce sont les plus grands producteurs de veau au Québec.
Les temps sont durs pour l’industrie du cannabis
Après une période d’euphorie suite à la légalisation du cannabis, les producteurs de cannabis sont aujourd’hui confrontés à de nombreux défis. En février dernier, La Revue a révélé qu’il y a eu six faillites d’entreprises sur le marché de la production et de la transformation du cannabis depuis 2021, dont quatre l’année dernière seulement. A cela s’ajoutent une dizaine d’entreprises soumises à une hypothèque légale car elles n’avaient toujours pas payé leurs fournisseurs.
L’Association québécoise de l’industrie du cannabis (AQIC) a ensuite expliqué que les producteurs de cannabis n’ont pas accès aux programmes d’aide gouvernementaux. L’argent provient donc de capitaux privés et les entrepreneurs se retrouvent souvent sans ligne de crédit pour s’adapter aux variations du marché.
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