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Les commerçants dénoncent la « jungle » des paiements par carte

Aujourd’hui, presque aucune entreprise ne peut se permettre de refuser la carte.Image : CLÉ DE CLÉ

Selon une nouvelle étude, le montant des frais que les commerçants suisses doivent payer aux prestataires de services de paiement varie considérablement. Et cela ne convient pas aux PME.

Pascal Michel / ch média

Urs Furrer, directeur de l’Union des et métiers (USAM), constate que les prestataires de services de paiement, appelés acquéreurs dans le jargon, font pression de plus en plus fort sur les dirigeants des PME. Certains ont augmenté les frais ces dernières années, ce qui pèse sur les marges des commerçants.

L’Union suisse des arts et métiers, l’association Swissdebitpay et le Konsumentenforum, appuie son diagnostic par une nouvelle étude représentative. Pour ces derniers, des chercheurs de l’Université de Saint-Gall et de la ZHAW ont interrogé les petites et moyennes entreprises sur les conditions de leurs solutions de paiement. Les résultats montrent un certain mécontentement : 44 % des entreprises ont déclaré que les frais de cartes de débit et de crédit avaient augmenté au cours des deux dernières années.

Pour comprendre cette frustration, nous devons examiner les structures de coûts. Aujourd’hui, presque aucune entreprise ne peut se permettre de refuser des cartes. Différents fournisseurs de terminaux de cartes et acquéreurs se font concurrence pour les affaires. Ils s’appellent Worldline, Postfinance, Nexi ou Sumup et garantissent qu’un café, par exemple, peut traiter facilement les paiements par carte de débit, Twint ou carte de crédit.

Pour cela, les acheteurs demandent une commission. Pour un paiement de 46 francs avec une carte de débit – ce qui correspond à un achat moyen en Suisse – ils facturent en moyenne 41 centimes, soit 0,9%. Sur ce montant, ils doivent répercuter les frais d’interchange sur les banques et une partie est versée à Visa ou Mastercard sous la forme de frais de licence. Au final, il leur reste une marge moyenne de 0,7%.

À première vue, cela ne semble pas grand-chose. Mais le cas moyen est trompeur. Car c’est justement auprès des petits commerçants que les acheteurs peuvent apparemment imposer des marges nettement plus élevées.

Comparer ça vaut le coup

C’est en tout cas ce que suggère l’étude, qui révèle une grande diversité de coûts. Le produit le plus populaire, la carte de débit, en est la meilleure illustration. La plupart des 87 commerçants interrogés ont un contrat avec un forfait fixe. Les acquéreurs facturent soit un pourcentage fixe, soit un pourcentage fixe par transaction.

Dans les modèles de pourcentage, il existe des différences considérables selon le fournisseur. Si l’on considère les cartes de débit Visa et Mastercard, les frais à payer varient de 0,3 à 2,5 %. Pour la carte Postfinance, ils sont de 0,1 à 1,5% et pour Twint de 0,4 à 1,5%.

Les frais sont également élevés pour les entreprises qui ont conclu un contrat d’un montant fixe en centimes. Pour les cartes de débit mentionnées, ils doivent payer entre 5 et 30 centimes par paiement, pour les cartes Postfinance entre 10 et 50 centimes. Si l’on prend en compte tous les modes de paiement, les commerçants interrogés paient en moyenne 27 centimes par paiement. Mais il y a aussi des commerçants qui paient près d’un franc par transaction, surtout lorsqu’on utilise une carte de crédit.

Un modèle mixte est également très courant, dans lequel l’acheteur facture à chaque fois un montant de base majoré d’un pourcentage. Si le montant de base de 10 centimes ne varie guère selon les prestataires étudiés, la part variable est différente : elle varie entre 0,3 et 1,3 % par transaction. Ainsi, si un client paie 1,50 francs pour un croissant à la boulangerie avec sa carte de débit, environ 11 centimes seront déduits, principalement à cause de la taxe forfaitaire.

Pas si simple de changer de fournisseur

Mais alors pourquoi un restaurant ou un boulanger ne décide-t-il pas de faire appel à un prestataire de paiement moins cher ? Après tout, il peut choisir parmi différents acheteurs. Dans notre pays, c’est le groupe français Wordline qui domine le marché. Mais il existe désormais des concurrents, parmi lesquels Nexi, Postfinance et Sumup. Comme le montre l’étude, il existe en effet des prestataires qui facturent des frais nettement inférieurs. Cependant:

« Pour les petites entreprises, il est aujourd’hui pratiquement impossible de s’orienter dans la jungle des coûts »

Michèle Lisibach, responsable du secteur Commerce à l’USAM

En fait, les tarifs des acheteurs répertorient des dizaines de positions et le langage utilisé est presque incompréhensible pour les non-initiés. Face à ce manque de transparence, difficile de comparer les différentes offres. Dans l’étude, la majorité des participants ont jugé « médiocres » la transparence et la compréhensibilité des structures de coûts.

Toutefois, les PME ont une marge de manœuvre. En renégociant leur contrat existant, ils peuvent souvent obtenir de meilleures conditions. L’Union des Arts et Métiers recommande également de conclure un contrat-cadre par l’intermédiaire de l’association du secteur. Les PME pourraient ainsi mutualiser leur pouvoir de négociation. La fédération Gastrosuisse a par exemple pu obtenir de l’acquéreur Nexi la suppression du montant de base de 10 centimes par transaction. La branche a également réussi à baisser le pourcentage de frais par transaction de 0,95 à 0,45% pour ses membres.

Les prestataires de services se défendent

Les acheteurs critiqués expliquent qu’ils attachent une grande importance à la transparence des prix et aux solutions conviviales. Sumup, Twint et Postfinance soulignent qu’elles n’ont pas augmenté leurs prix au cours des deux dernières années. Twint qualifie ses honoraires de « modérés » et s’interroge sur la pertinence de l’étude.

Nexi justifie ses ajustements de prix par l’introduction de la commission d’interchange sur les nouvelles cartes de débit. L’entreprise souligne en outre qu’elle investit massivement dans la sécurité et la technologie. Le leader de l’industrie, Worldline a procédé à deux augmentations de prix cette année. Celles-ci reflètent l’augmentation des frais d’interchange et de licence, explique-t-il.

Worldline comprend que « les différentes structures de frais de carte et d’acquéreur peuvent prêter à confusion pour les professionnels. Comme chez les différents opérateurs de télécommunications, où les prix varient pour une même offre, différents modèles de tarification sont courants sur le marché. L’objectif de Worldline est de « Rendre le trafic des paiements aussi simple et compréhensible que possible pour toutes les parties concernées ».

 
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