Un musée montréalais doit trouver de toute urgence de nouveaux locaux pour entreposer quelque 30 000 pièces de sa collection unique, dont certaines datent de l’invention du gramophone en 1889.
«Nous recherchons un espace équivalent au site actuel de la rue Lenoir d’environ 3 000 pieds carrés pour y installer notre collection permanente unique», indique Pierre Valiquette, président du conseil d’administration du Musée des ondes Emile Berliner.
Photo Musée de la Vague Emile Berliner
Situé au 1000 rue Lenoir, dans l’arrondissement Saint-Henri, ce musée a ouvert ses portes en mars 2023 dans le même édifice qui a abrité pendant 70 ans l’une des entreprises d’électronique les plus prospères au Canada : RCA Victor. On y admire un gramophone, cet ancêtre du tourne-disque qui permettait de reproduire les sons sur un disque de cire.
Le propriétaire du bâtiment insiste pour que le déménagement soit terminé d’ici le 31 décembre. Le site du musée n’est pas concerné par cette date limite, mais la « réserve », un entrepôt d’environ 3 000 pieds carrés, doit être libérée.
150 ans d’histoire industrielle
«[L’entreprise] RCA Victor connaît un succès fulgurant dès le début du 20e siècle et jusqu’au début des années 1980, lorsqu’elle s’est illustrée dans la création des premiers satellites de télécommunications canadiens », explique la directrice générale du musée, Anja Borck.
Comptant jusqu’à 3 100 employés, RCA Victor a vendu d’innombrables radios, tourne-disques et téléviseurs sur tout le marché canadien. Elle a également développé des radars et des sonars utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Elle-même d’origine allemande, Mmoi Borck a complété un doctorat en histoire industrielle à l’Université Concordia. Elle découvre bien après son arrivée à Montréal l’importance de l’ancienne métropole canadienne dans les débuts de l’industrie du son.
Mais le bâtiment plus que centenaire a été vendu en 1973 et le propriétaire actuel, Allied, une société immobilière de Toronto, s’est montré tolérant envers le musée en lui accordant des conditions de location avantageuses.
La Ville attend
De 2019 à 2023, un financement récurrent de 20 000 $ par année de la Ville de Montréal a permis la survie du musée, mais cette subvention n’a pas été renouvelée en 2024. « La Ville reconnaît l’importance de notre contribution, mais… de loin », déplore M. Valiquette, qui trouve que l’histoire de Montréal comme ancienne capitale mondiale du son n’est pas reconnue à sa juste valeur. Touristes et groupes scolaires pourraient affluer vers cette institution unique au cœur d’un quartier ouvrier historique.
Il tient à souligner l’immense contribution de la quarantaine de bénévoles qui tiennent le musée à distance, y compris pour les visites guidées et en permanence pendant les heures d’ouverture. Même la directrice, Anja Borck, a renoncé à son salaire depuis mars dernier afin de permettre à l’ASBL de réduire ses finances.
Quelques exemples d’objets fascinants de la collection
L’une des pièces les plus rares du musée est ce gramophone produit à la fin du 19e siècle par un fabricant de jouets allemand. Il provient de la collection personnelle du petit-fils de l’inventeur, Oliver.
Photo Musée de la Vague Emile Berliner
Dans cette annonce dans le journal La patrie publié en 1901, le gramophone berlinois était annoncé au prix de 15 $ dans un magasin de la rue Sainte-Catherine. “Personne ne peut croire à quel point le Berliner Gram-O-Phone est parfait à moins de l’entendre”, peut-on lire.
Photo Musée de la Vague Emile Berliner
L’immeuble de la rue Lenoir, à Saint-Henri, fut pendant 17 ans le siège social mondial de la première industrie musicale mondiale, la Compagnie berlinoise de Gram-o-phonerappelle le site Internet du musée.
Photo alliée
L’artiste anglais Francis Barraud (1856-1924) peint le chien de son frère, Nipper, écoutant le klaxon d’un ancien phonographe durant l’hiver 1898. En 1900, Emile Berliner en acquiert les droits et cette image devient immédiatement le symbole de sa marque, La voix de son maître (RCA de 1929).
Photo Musée de la Vague Emile Berliner
Doris Lussier, alias Le Père Gédéon, sort un disque intitulé « La part de pelote » en 1959. Le disque est produit par la compagnie Compo de Saint-Henri.
Photo Musée de la Vague Emile Berliner
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