Par
Chloé Berry
Publié le
15 novembre 2024 à 5h28
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La taxe foncière devrait-elle être payé par les locataires? Alors que la taxe d’habitation a été supprimée pour de nombreux contribuables en 2023, l’idée de rééquilibrer les dépenses liées au logement fait doucement son chemin.
C’est en parcourant le rapport 2024 de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi) que l’on voit se dessiner les contours d’un nouvelle fiscalité immobilière . Et les locataires pourraient bien en payer le prix.
Traditionnellement, la taxe foncière est l’apanage des propriétaires. Qu’ils occupent leur bien ou qu’ils le louent, ce sont eux qui payent cet impôt local. Les temps doivent-ils changer ?
Les locataires bénéficient d’avantages en matière de taxe foncière
Pour Sylvain Grataloup, président de l’Union nationale des propriétaires (Unpi), la taxe foncière devrait être partagé
entre le locataire et le propriétaire.
“Il n’y a aucune raison pour que les locataires ne le paient pas”, tonne-t-il.-. Tout simplement parce qu’ils bénéficient des effets positifs de cette taxe.
Les collectivités l’utilisent pour créer des équipements collectifs, des crèches par exemple. À qui profite-t-il ? Ceux qui vivent dans la communauté.
Depuis la suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales au 1er janvier 2023, « tout est gratuit » pour les locataires, selon notre interlocuteur. Écoutez : ils ne participent plus au financement des services publics locaux
.
Ainsi, participer au paiement de la taxe foncière n’est pas inhabituel pour l’Unpi. « Il faut responsabiliser chacun », nous dit l’avocat, élu président de l’association des propriétaires en 2023.
Une taxe qui s’envole
Dans un communiqué daté du 15 octobre 2024, date du paiement de la taxe foncière pour certains contribuables, l’Unpi s’indigne : la taxe foncière pèse lourdement sur les épaules des propriétaires.
Entre 2013 et 2023, les propriétaires fonciers ont vu leurs taxes foncières augmenter en moyenne de +32,9 %, soit une hausse quatre fois supérieure à celle des loyers.
En comparaison, les loyers « n’augmentent pas », selon Sylvain Grataloup. Ou du moins, l’augmentation est moins impressionnante que celle de la taxe foncière.
L’indice de référence des loyers (IRL), publié par l’Insee en octobre 2024, a augmenté de 2,47 % en un an. Contre 3,9% pour la taxe foncière sur la même période.
Une aberration pour la CLCV
Pour la CLCV (consommation, logement et cadre de vie), association qui défend les intérêts des consommateurs, le fait que la taxe foncière soit en partie supportée par les locataires est une aberration. “Ce n’est pas du tout justifié”, estime David Rodrigues, avocat à la CLCV, contacté par -.
La taxe foncière est attachée aux terrains et aux droits de propriété. Au départ du locataire, il n’emportera pas une partie de l’immeuble avec lui.
L’expert des questions « logement » craint que, dans le cas où le locataire paie la taxe foncière, dérives n’apparaissent pas. « En copropriété, cela signifie-t-il que les locataires pourront assister aux assemblées générales, qu’ils pourront lancer les travaux ? », demande-t-il.
Vers la création d’un nouvel impôt ?
Comme le souligne la CLCV, taxe foncière rime avec propriétaire. Sylvain Grataloup le sait bien. Quitte à modifier la répartition de l’impôt, et si on partait plutôt deun drap blanc?
Pour le président de l’Unpi, la taxe foncière est un « impôt ancien » qui mériterait un petit coup de neuf pour le rendre plus pertinent. “Si on utilise le terme « taxe foncière », on aura l’impression de payer une partie du bien », reconnaît-il.
Il propose de le supprimer pour créer un nouveau prélèvement fiscal qu’il appelle le contribution locale des utilisateurs de la communauté
(Indice).
Cette contribution pourrait être dégressive en fonction du comportement civique. Plus nous menons des actions citoyennes dans la commune, plus nous nous prenons en charge. On ne parlerait plus de propriétaires ou de locataires, mais d’usagers.
Le président de l’Unpi n’a qu’une idée en tête : voir son Cluc débarquer sur le bureau de la ministre du Logement, Valérie Létard. Pour le budget 2025, il est trop tard. « Nous allons le construire l’année prochaine », nous dit-il.
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