News Day FR

La droite accusée de supercherie pour « augmenter les loyers »

La conseillère nationale-socialiste Jessica Jaccoud estime que les propriétaires veulent augmenter les loyers avec la « tactique du salami ».Image : clé de voûte

Le peuple n’a pas encore voté sur la sous-location et la résiliation facilitée, car les propriétaires préparent déjà les prochaines adaptations de la loi sur les baux. Les associations de locataires se déchaînent et Guy Parmelin aurait aimé que les choses se passent autrement.

Stefan Bühler / ch média

Jessica Jaccoud dénonce la « tactique du salami ». Selon elle, les propriétaires « œuvrent à affaiblir la protection des locataires » en multipliant les propositions sur le sujet.

Le conseiller national socialiste vaudois rappelle plusieurs interventions déposées en 2016 et 2017 concernant les dispositions relatives au loyer initial, au plafond de rendement des logements locatifs, à l’usage personnel urgent et à la sous-location. Pour l’avocat, actif au sein de l’association des locataires Asloca, toutes ces demandes ne concernent qu’une seule chose :

« Que les propriétaires puissent plus facilement augmenter les loyers »

Jessica Jaccoud, conseillère nationale-socialiste

Nouveaux changements du droit au bail

Elle étaye ses critiques par l’approche stratégique du parti adverse. Le 24 novembre, la Suisse ne votera que deux des six propositions initiales : une application plus facile du droit de propriété et de nouvelles règles plus strictes en matière de sous-location. Mais avant même que la décision du peuple soit connue, la majorité bourgeoise au Parlement avance déjà les prochaines propositions.

Celles-ci visent à garantir que les loyers initiaux ne puissent être contestés que si les locataires se trouvaient dans une « situation de détresse personnelle ou familiale » au moment de la conclusion du contrat. Du point de vue des propriétaires, il s’agit de « bonne foi en matière de droits de location ». La deuxième intervention vise à adapter plus facilement les loyers au niveau habituel dans la localité et le quartier.

En août, la commission juridique du Conseil national a déjà approuvé à la majorité les deux demandes et a discuté jeudi 7 novembre de deux autres rapports sur ce sujet. Le Parlement en débattra probablement au printemps 2025 et l’association des locataires a déjà menacé de lancer un référendum à titre préventif.

Pour la conseillère nationale Jessica Jaccoud :

« Il est évident que ce n’est pas la sécurité juridique qui intéresse les propriétaires, comme ils le prétendent lors de la campagne électorale, mais leur profit »

Une critique injustifiée

Conseiller national du Centre, Philipp Bregy rejette les critiques sur la tactique du salami. A ses yeux, chacune de ces interventions réagit « à des circonstances réelles ou à des décisions de justice ». L’objectif est toujours d’obtenir un « droit du bail clair », car « clair signifie aussi juste », selon ce membre du comité de l’Association suisse des propriétaires fonciers (HEV).

Le conseiller national du centre, Philipp Matthias Bregy, estime que les critiques concernant la tactique du salami sont « malhonnêtes ».Image : clé de voûte

Concernant les projets qui seront soumis au vote en novembre, Philipp Matthias Bregy affirme qu’« aucune nouvelle possibilité de résiliation ne sera introduite ». Les propriétaires bénéficieraient de baux à long terme. Et d’ajouter :

« Les changements de locataires sont avant tout synonymes de dépenses »

Concernant la résiliation du bail, le terme « urgent » a été remplacé par « actuel et important », « qui clarifie les choses ». Les autres conditions de résiliation extraordinaire restent inchangées. “Aucune nouvelle possibilité de résiliation n’a été introduite pour la sous-location”précise le conseiller national valaisan.

Le Conseil fédéral je dois dire oui

Officiellement, le Conseil fédéral dit « oui » aux réformes proposées. Il le doit, car le « oui » du Parlement l’y oblige. En réalité, le conseiller fédéral UDC en charge du dossier, Guy Parmelin, n’apprécie pas beaucoup la stratégie utilisée par le lobby des propriétaires immobiliers au Parlement. Il l’a clairement indiqué à plusieurs reprises.

En effet, le ministre du Logement aspire depuis longtemps à une révision globale du droit du bail, avec un processus de discussion et une table ronde réunissant toutes les forces en présence. « Il ne s’agit pas d’examiner uniquement la question des loyers », a déclaré Guy Parmelin le 1er juin 2021 au Conseil national. Et pour continuer :

« Une approche beaucoup plus large est nécessaire. Nous devons essayer de trouver des solutions équilibrées qui prennent en compte les intérêts légitimes des différents groupes d’intérêt.»

Ce jour-là, le Conseil national débattait d’une motion de révision complète. Le Conseil des Etats l’avait transmis à l’unanimité six mois plus tôt. Le conseiller d’Etat valaisan du centre Beat Rieder, collègue du parti de Philipp Matthias Bregy, plaidait alors en faveur d’une réforme globale :

« La révision du droit du bail est toujours une question extrêmement délicate, car nous souhaitons en effet un droit du bail équilibré, sérieux et équitable pour les deux parties – propriétaires et locataires.

Forcé d’agir

Les conseillers de l’État ont été contraints d’agir à la suite d’un arrêt controversé du Tribunal fédéral en octobre 2019. Pour rappel, les juges ont désormais autorisé le rendement net des logements locatifs à être, sous certaines conditions, supérieur de 2% au taux d’intérêt de référence, et non plus seulement 0,5% comme c’était le cas jusqu’alors.

Détail stylé : Ce changement de pratique correspondait exactement à la demande d’une des interventions dans l’arsenal des propriétaires immobiliers, qui n’avait pas encore été définitivement adressée.

Les gens se sont soulevés et les associations de locataires ont été indignées. Guy Parmelin, de son côté, a souligné lors du débat au Conseil national :

« L’arrêt et les polémiques qui ont suivi montrent qu’aujourd’hui, ce sont les tribunaux et non plus le législateur qui décident de la fixation des loyers. C’est pourquoi nous avons besoin de discussions ouvertes sur un examen complet.

« Satisfaction concernant les droits de location »

Mais lors d’un vote mémorable, le Conseil national a dit non de très près à la proposition de ses collègues du Conseil des Etats : Dans un premier temps, le Conseil a voté oui par 94 voix contre 93. Mais ensuite, le président du Conseil national Andreas Aebi (UDC) a noté

« Le système de vote n’a pas fonctionné. Nous répétons le vote”

Andreas Aebi (UDC)

Le nouveau résultat : 96 oui contre 97 non. La révision totale n’était donc plus sur la table.

Et du point de vue du représentant du HEV Philipp Matthias Bregy, la situation n’a pas changé :

« Une révision totale n’avait et n’a toujours aucune chance »

Les tentatives dans ce sens ont toujours échoué. Une enquête approfondie menée par la Confédération a également révélé « grande satisfaction générale concernant le droit au bail ». La nécessité d’une révision complète n’a pas été identifiée. C’est pourquoi le Parlement discute « à intervalles irréguliers d’adaptations spécifiques du droit du bail », selon Philipp Matthias Bregy. Pour lui, c’est la « bonne » voie.

Apparemment pas pour Guy Parmelin. Son soutien – qui lui est imposé par le Parlement – ​​dans la campagne actuelle pour un double oui est tiède. Certains disent que cela frise le refus de servir.

L’actualité en Suisse est ici

Afficher tous les articles

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :