Je regarde les longues files de voitures sur les ponts, le boulevard des Allumettières ou l’autoroute 50.
Dans la grande majorité des cas, il s’agit de personnes seules dans leur véhicule. Un troupeau de moutons dociles qui se suivent, perdant un temps précieux dans la circulation en répandant des gaz polluants.
Alors que nous nous dirigeons tous plus ou moins vers la même destination ! C’est encore plus vrai dans une région comme la nôtre où la majorité des conducteurs matinaux se rendent au travail au centre-ville de Gatineau et à Ottawa.
Et parmi tous ces gens qui s’engouffrent dans la circulation de leur plein gré, il y en aura qui se plaindront de la nouvelle taxe d’immatriculation de la Société de transport de l’Outaouais (STO). Une taxe de 60$ par année… Hé, combien ça vous coûte de faire le plein de votre Dodge Ram ? Cent piastres ? Cent vingt piastres ? Et vous plaignez-vous d’une taxe annuelle de 60 $ qui contribue à désengorger les routes et à lutter contre la conduite en solo ?
De toute façon.
Le tollé autour de cette taxe a presque fait oublier une bonne nouvelle : la fréquentation de la STO est revenue à 90 % de son niveau d’avant la pandémie.
Les gens ont recommencé à prendre le bus comme avant – en partie grâce au retour forcé des fonctionnaires trois jours par semaine.
La roue a recommencé à tourner dans le bon sens et la STO prévoit une hausse de l’achalandage de 15 % en 2025 grâce notamment au retour des lignes 100 et 200 et à l’amélioration du service. C’est une bonne nouvelle pour les Dodge Rams coincés dans les embouteillages. Plus de bus sur les routes signifie moins de congestion pour eux.
Cependant, la STO fait face à un défi de taille : le vieillissement de sa flotte d’autobus. Vingt pour cent des véhicules arrivent à la fin de leur durée de vie utile de 16 ans, tandis que 42 % ont déjà entre 6 et 16 ans. Or, Québec oblige désormais les entreprises de transport à acheter des bus 100 % électriques. Les fournisseurs ont du mal à répondre à la demande et les retards de livraison s’accumulent. Le président de la STO, Jocelyn Blondin, est inquiet, et avec raison : comment va-t-on remplacer les vieux véhicules ?
Dans l’immédiat, la STO entend prolonger le plus possible la durée de vie des véhicules actuels. Elle a acheté cinq millions de pièces pour remettre à neuf les moteurs. «Nous équipons également nos véhicules d’un module d’intelligence artificielle qui détecte les pannes potentielles», explique le directeur général Patrick Leclerc.
Je comprends que le gouvernement du Québec prêche la vertu avec cette politique d’électrification des flottes d’autobus. Mais à un moment donné, le meilleur ne doit pas devenir l’ennemi du bien. Si les bus tombent en panne les uns après les autres, la fiabilité du réseau sera mise en péril. Et c’est cette bonne volonté pour laquelle nous avons consacré tant d’efforts et d’argent à la reconstruction qui risque d’en pâtir.
Puisqu’on parle d’intelligence artificielle, je suis surpris qu’on n’ait pas encore développé de logiciel pour encourager le covoiturage des travailleurs vers les centres-villes de Gatineau et d’Ottawa.
Que diriez-vous d’organiser le covoiturage pour que 3 ou 4 fonctionnaires fédéraux puissent voyager dans la même voiture ?
Dans mon quartier, beaucoup de gens se rendent dans les mêmes bureaux de la rue Sparks, de la rue Laurier ou de la rue Portage. N’est-il pas absurde que chacun voyage seul au lieu de se coordonner pour monter ensemble à bord du même véhicule ?
Développer un logiciel de covoiturage est un jeu d’enfant. Il en existe plusieurs sur le marché.
Patrick Leclerc m’a dit qu’il y a eu des expériences ailleurs. « Mais nous avons réalisé qu’il est difficile de mobiliser les gens pour faire du covoiturage de manière organisée. Il y avait un projet pilote à Laval et c’était difficile de garder les gens engagés.
Dans l’esprit du patron de la STO, le covoiturage constitue un complément à une offre solide de transports en commun. Cependant, à Gatineau, l’épine dorsale du réseau est encore fragile et sous-financée.
Il faut continuer à investir dans les circuits d’autobus pour les rendre plus efficaces et surtout augmenter la fréquence des traversées.
« Notre point central, c’est vraiment la fréquence, précise Patrick Leclerc. Quand les bus passent toutes les 10 minutes, les gens ne prennent plus la peine de vérifier les horaires. Ils se rendent à l’arrêt en sachant qu’ils auront, au pire, 9 minutes 59 secondes à attendre avant le prochain bus.
La fréquence est la libertéinsistent les experts des transports publics. La liberté de se déplacer sans entrave est le rêve de tous ceux qui sont coincés dans les embouteillages…
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