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Planète bleue, idées vertes | Électrochoc solaire

Au cœur de Montréal, 371 immenses panneaux photovoltaïques recouvrent le toit blanc d’une firme d’architecte. Ces installations, qui semblent venir du futur, ont permis à l’ancien entrepôt de 9 264 m⁠2 d’obtenir une certification énergétique inédite : celle du « net zéro ».


Publié à 02h23

Mis à jour à 5h00

Mur thermique emmagasinant la chaleur, chauffage radiant, ventilation par déplacement découplée, détecteur de mouvement, lumière naturelle, énergie aérothermique ; c’est se perdre dans ses notions fondamentales de physique.

La presse a visité le siège social de la firme d’architectes Lemay, établie rue Saint-Jacques, en compagnie de son directeur des stratégies durables, Hugo Lafrance.

En quatre ans, cette dernière n’a constaté aucun bris de panneau, même par vent fort ou lors d’épisodes de verglas. Sans révéler les coûts colossaux de l’installation des panneaux, il affirme qu’ils seront rentabilisés énergétiquement en 12 ans. En cas de panne du réseau d’Hydro-Québec, le bâtiment dispose d’une autonomie de quatre heures grâce aux batteries.

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le directeur des stratégies durables de la firme d’architectes Lemay, Hugo Lafrance, devant le siège social de la firme à Montréal

« Nous avons obtenu une subvention fédérale [Innovation énergétique] pour une partie de nos installations, explique Hugo Lafrance. Étant donné qu’il y a un manque d’énergie hydroélectrique au Québec, nous saluons ces incitatifs. Nous ne pouvons pas toujours compter sur les fonds publics ; il faut aussi penser à la lutte contre le changement climatique. »

Idéal pour un parc à chien

L’utilité des panneaux solaires ne se limite pas aux habitations et aux entreprises. Ils peuvent également éclairer les parcs à chiens en plein hiver, dans la grande obscurité. Comme à Sainte-Agathe-des-Monts.

Avant, les citoyens de cette ville des Laurentides devaient se rendre jusqu’à Tremblant, Sainte-Adèle ou Saint-Sauveur pour que leurs chiens puissent se dégourdir les pattes. Le portrait a changé lorsque les élus ont dévoilé un budget pour transformer un vaste terrain vague adjacent à la route 117 et au P’tit Train du Nord, un parc linéaire offrant une piste cyclable.

Mais la facture s’annonçait salée pour le relier à Hydro-Québec, rappelle le maire de Sainte-Agathe-des-Monts, Frédéric Broué.

J’avais entendu parler des panneaux solaires. Notre équipe a demandé un devis. Au final, l’installation coûte trois fois moins cher qu’un système hydroélectrique, soit environ 6 000 $. Ça donne un bel éclairage, c’est une énergie verte qui permet de réduire la facture d’électricité.

Frédéric Broué, mayor of Sainte-Agathe-des-Monts

« À Sainte-Agathe-des-Monts, nos contribuables sont ouverts à l’utiliser pour d’autres projets, dont le stationnement », ajoute M. Broué.

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PHOTO FOURNIE PAR ÉCOSOLARIS

Le parc canin de Sainte-Agathe-des-Monts éclairé à l’énergie solaire

Ouvert jusqu’à 23 heures, 7 jours sur 7, le parc est éclairé par quatre lampadaires LED d’une puissance de 50 watts chacun. Ils s’allument automatiquement le soir et s’éteignent tôt le matin. Chaque lampadaire est équipé d’un panneau solaire monocristallin et d’une batterie au lithium fer phosphate (LiFePO)4), pour une autonomie d’environ trois jours.

Subventions dans un délai de deux ans

Dans l’espoir d’inciter les Québécois à choisir d’autres sources d’énergie, l’entreprise Hydro-Québec revoit actuellement ses programmes visant à promouvoir les technologies solaires, basiques ou photovoltaïques. Les subventions seront offertes dans un délai de deux ans.

En entretien avec La presseJean-Pierre Croteau, chef, vision commerciale, chez Hydro-Québec, explique qu’en plus des demandes tarifaires soumises au printemps 2024 à la Régie de l’énergie, l’entreprise demande l’autorisation d’offrir des incitatifs pour l’énergie solaire.

Actuellement, seuls 800 clients résidentiels sont alimentés par des panneaux connectés au réseau public. L’entreprise souhaite passer à 125 000 clients d’ici 2035, affirme M. Croteau.

Pour y parvenir, Hydro-Québec souhaite multiplier par 20 la puissance actuelle autorisée (de 50 kW à 1 MW) aux clients désignés « autoproducteurs ». Ils auront deux ans pour utiliser leur surplus d’énergie. Après quoi, ils recevront une compensation financière (4 à 5 centimes par kilowattheure).

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PHOTO FOURNIE PAR ÉCOSOLARIS

Une maison équipée de panneaux solaires. L’objectif d’Hydro-Québec est d’avoir 125 000 clients ainsi équipés d’ici 2035.

Hydro veut alors modéliser son programme LogisVert (pompe à chaleur, cuisinière à induction, sèche-linge) pour subventionner l’installation de technologie solaire sur les toitures.

« En augmentant la limite à 1 MW, ça ouvre la porte au secteur commercial : par exemple, un centre commercial qui voudrait installer des panneaux sur son toit », illustre M. Croteau.

« Cela ouvre la porte à tous les clients d’Hydro-Québec qui possèdent une grande superficie de toiture. Au lieu de perdre le surplus généré par les panneaux, par exemple en été, ils pourront les réinjecter dans le réseau », ajoute-t-il.

L’importance d’un système de batterie

Martin Lambert est président et fondateur d’Écosolaris, la firme à l’origine du projet de parc canin solaire et de plusieurs autres plus imposants, jusqu’en Afrique. D’emblée, il prévient qu’on ne s’improvise pas installateur de panneaux solaires. Il y a des critères à respecter : hauteur, inclinaison, selon l’orientation des bâtiments, le secteur à éclairer, etc. Il existe aussi des permis, faire appel à un électricien spécialisé. Bref, la liste est longue.

L’expert explique qu’il serait « utopique » de penser que l’on puisse gagner de l’argent avec l’énergie solaire. Si un citoyen dépense 15 000 $, 20 000 $ ou même 30 000 $ en panneaux, à moins qu’il ne soit également équipé d’une batterie, le solaire ne prendra pas le relais en cas de panne hydroélectrique. Et ce, même sous un soleil radieux.

«En ce moment, on voit qu’il y a de l’enthousiasme», dit M. Lambert. Nous recevons beaucoup d’appels. Dans le contexte actuel, il est intéressant d’être maître de sa propre énergie. Il est nécessaire de repenser les énergies renouvelables. Alors oui aux programmes de subventions, mais il faut aussi penser à subventionner les systèmes de batteries », estime M. Lambert.

Consultez la page d’Hydro-Québec « L’énergie solaire photovoltaïque : devenir autoproductrice »

Consultez la page « Répertoire des installateurs et conseillers en énergie solaire au Québec » sur le site d’Énergie Solaire Québec

Consultez la page d’Hydro-Québec « L’énergie solaire photovoltaïque : coûts et rentabilité »

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