Pour des raisons économiques ou de désir écologique, plusieurs actions peuvent être entreprises pour réutiliser des objets ou des vêtements dont on ne veut plus. Ce week-end, deux initiatives ont été proposées à Matoury et Cayenne. Focus sur ces actions qui contribuent à réduire nos déchets.
Treize ans que l’association Kognotopia existe et la motivation de sa fondatrice et présidente, Amandine Pame, ne faiblit pas. Arrivée à Cogneau-Lamirande à l’âge de six ans, elle a vu évoluer ce quartier de Matoury pendant trente ans. « Dans ce quartier prioritaire, la problématique de la gestion des déchets est importante. L’objectif de Note est d’impliquer la population dans toutes les actions visant à respecter l’environnement. L’idée est qu’ils ne sont pas de simples spectateurs, mais des acteurs. »
Après plusieurs actions lors du World Clean Up Day, un événement mondial pour nettoyer la planète, Kognotopia a choisi, il y a deux ans, de créer des marchés aux puces. Initialement destiné aux gens du quartier, il est également accessible aux visiteurs qui souhaitent revendre de petits objets.
Vêtements, chaussures, sacs, bibelots… Le stand de Pénélope, 67 ans, habitante du quartier est l’occasion de « purifier l’air mais pas seulement. Je pense que vendre vaut mieux que donner. Celui qui vient achète quelque chose, s’offre un objet. Le ressenti n’est pas le même. »
Samedi, pour ce 7ème édition de l’année, les habitués ont découvert quelque chose de nouveau : un repair café avec Jünger. L’homme, avec ses appareils, avait pour mission d’aider les visiteurs à réparer leur petit électroménager. Samuel, 28 ans, en a profité pour ramener une mini chaîne HiFi équipée d’un lecteur de cassettes audio. Après quelques manipulations, le jeune homme est reparti ravi : « Maintenant, ça marche ! » »
Si la fréquentation au moment de notre visite était relativement faible, les habitués, comme Pénélope, n’en tiennent pas compte lors de la planification de leur prochaine visite. Après avoir parcouru le quartier, ce vide-grenier se situera désormais à la Maison des associations de Cogneau-Lamirande, tous les mois. « La prochaine brocante aura lieu le 26 novembre » annonce déjà Amandine Pame.
Dimanche, la jeune association Eclosion a proposé un atelier spécial upcyclage de jeans. La méthode consiste à travailler des objets ou des matériaux en fin de vie pour créer de nouveaux produits de qualité supérieure. L’upcycling s’inscrit donc pleinement dans la mission d’Eclosion qui vise à éduquer et promouvoir l’écologie et le développement durable.
Présidente de l’association, Carellia Lupon et enseignante est une référence sur ce sujet au lycée de Cayenne où elle exerce. « Les jeans sont extrêmement polluants. Il pollue déjà sur son site de production (selon un rapport des Nations Unies de mars 2019, il faut 7 500 litres d’eau pour fabriquer un jean, soit l’eau consommée par un humain pendant sept ans, ndlr) et nous savons aussi que l’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde. Aujourd’hui, nous voulions montrer que nous pouvons utiliser ce matériau pour fabriquer des accessoires. » Chaque participant à cet atelier, d’un coût de 60 euros pour 6 heures, traiteur inclus, était invité à apporter son propre jean pour le recycler. Sous la houlette de trois couturières professionnelles, Evelyne Boutet, Jhamaelle et Roberny Abellard, elles ont décousu, assemblé et recousu des jeans.
Ça donne des idées dans ce contexte de vie chère
Karine, qui confectionne un sac avec des vieux jeans
Guidée par la couturière Evelyne Boutet, Leïla transforme un short ayant appartenu à son compagnon en cabas. En plus d’apprendre à coudre, cet atelier lui permet de voir les choses sous un autre angle. « J’avais un jean que j’adorais mais il était déchiré. je l’ai jeté avec regret ! Si j’avais su qu’il était possible de le réparer, je l’aurais gardé… »
Non loin de là, Nadine, 60 ans, en est à son deuxième sac. Sa voisine, Karine, 50 ans, continue de travailler sur la sienne. “ Je fais un peu de couture, mais c’est la première fois que je fais du upcycling. Ça donne des idées pour réutiliser les vêtements des enfants car ils grandissent si vite : Dans ce contexte de vie chère, nous sommes obligés d’appliquer le principe « rien ne se perd, tout se transforme “, n’est-ce pas ? »
Je n’utilise que des vêtements ou des jeans que les gens jetteraient
Durant l’atelier, les participants ont également pu apprécier les créations de Sergine Boutrin. A la tête du Muzé du ninport’koi à Cayenne, elle a l’habitude du réemploi. « 50 % du muzé est constitué d’objets de deuxième, troisième, voire quatrième main »plaisante-t-elle. Sur place, elle a présenté ses sacs, tableaux, sièges en jeans. Jhamaelle Abellard a également présenté ses créations, des sacs, des visières, des hauts en jean décorés de chutes de tissus provenant de vêtements cousus par son mari. “Je n’utilise que des vêtements ou des jeans que les gens jetteraient”indique celle qui a créé sa marque Jhamy Style, qu’elle commercialise dans les salons et expositions.
Une autre façon de promouvoir les vêtements de seconde main : le pop-up store animé par Margarette Mathée et Christianne Joinville, conseillère en image. Ici, des pièces, chaussures, vêtements, sacs, de belle facture, en bon état, sont proposés au public. Les deux femmes, qui proposent de temps en temps ce type de concept dans le département, ont constaté que les comportements en la matière tendent à évoluer. « Les gens veulent bien acheter, mais il faut que ce soient de belles choses, indique Christianne Joinville qui organise également des reventes de semi-luxe. En revanche, ils souhaitent que cela reste anonyme. »
Pour permettre au plus grand nombre de découvrir ces objets de seconde main, le pop-up store accueillera le public jusqu’au mercredi 23 octobre de 10h à 16h, au Cercle des Lumières, à Cayenne.
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