Pour Florent Menegaux, il est devenu « deux fois plus cher » de produire des pneus en Europe qu’en Asie.
Florent Menegaux, à Meudon, le 8 avril 2024 (AFP / BERTRAND GUAY)
« Ce n’est plus tenable ! » Entre la concurrence des pneumatiques chinois et les coûts de l’énergie et des salaires, Michelin ne peut plus exporter depuis l’Europe, a expliqué mercredi 22 janvier son PDG Florent Menegaux au Sénat pour justifier la fermeture de deux usines en France. Si le géant mondial du pneumatique exporte toujours plus qu’il n’importe d’Europe, “nous avons une hyper-concurrence, des surcapacités massives” dans les usines, a déclaré Florent Menegaux devant la commission des Affaires économiques du Sénat.
Depuis 2019, entre la hausse des coûts de l’énergie et une inflation qui « se répercute sur les salaires », il est généralement devenu « deux fois plus cher » de produire des pneus en Europe qu’en Asie.
« Pour maintenir notre outil industriel en Europe, il nous faut un outil compact, hyper-productif (…). Il faut investir massivement dans la robotisation», a expliqué M. Menegaux.
Le groupe a annoncé fin 2024 la fermeture de deux usines, à Vannes et Cholet, où travaillent 1.254 personnes. Certains d’entre eux ont manifesté mercredi à Paris à l’appel de la CGT.
Cholet (Maine-et-Loire) était le site du groupe « le plus cher au monde pour fabriquer des pneus camionnettes »,
selon M. Menegaux.
Vannes (Morbihan), qui fabrique des renforts métalliques pour pneumatiques pour poids lourds – un marché en crise – a été sacrifiée plutôt que l’usine de Golbey (Vosges) car « le bassin d’emploi du Morbihan était beaucoup plus actif et dynamique ».
Si le groupe a son siège et de nombreuses activités de recherche en France, “nos activités de production en France perdent de l’argent”, a souligné M. Menegaux. “En France, il n’y a pas beaucoup d’autres solutions que de se tourner vers le haut de gamme.”
L’Europe « laisse faire ses rivaux commerciaux »
L’usine de pneus agricoles de Troyes fait également face à la concurrence « d’un concurrent indien qui produit en Inde et exporte massivement vers la France », alors que l’Inde a interdit les importations de pneus. « Et nous avons laissé faire ! C’est le genre de choses qui doivent être (résolues)”, a souligné M. Menegaux.
Si la France dispose de « formidables atouts » avec
« des infrastructures remarquables, une électricité décarbonée à grande échelle, un peu trop cher mais disponible, des gens bien formés, un tissu industriel préexistant »,
le patron de Michelin a réaffirmé que l’industrie « a besoin de stabilité réglementaire, fiscale et environnementale ».