Quitter Facebook ou pas ?

Quitter Facebook ou pas ?
Quitter Facebook ou pas ?

Les récentes décisions du grand patron de Facebook, Mark Zuckerberg, ainsi que sa soudaine proximité avec le prochain président des États-Unis, Donald Trump, ont suscité la réflexion chez notre chroniqueur.

Chaque jour, je vais sur Facebook. Pour prendre des nouvelles de ses amis et de sa famille éloignée, pour commenter le dernier épisode de STATUTpour « liker » les photos de voyage d’un collègue… J’ai trouvé mon appartement actuel grâce à mon réseau Facebook, j’y ai appris qu’une ancienne amie du parc canin avait eu son deuxième enfant, qu’un cousin éloigné avait pris sa retraite et qu’une connaissance venait d’arrêter de boire alcool. Sur Facebook, j’ai également donné de l’argent aux campagnes GoFundMe pour aider les personnes en difficulté et je me suis tenu au courant des nouvelles de mon quartier. Facebook me permet également de présenter mes condoléances ou de souhaiter un joyeux anniversaire à des dizaines de personnes que j’aurais autrement oubliées. Pendant la pandémie, c’est Facebook qui m’a permis de rester en contact avec des dizaines d’amis sans passer mes journées au téléphone.

Bref, je ne suis pas différent des millions de Québécois qui utilisent ce réseau social au quotidien.

J’oserais même dire que malgré les inévitables querelles et les publicités agressives, on retrouve souvent ce qui ressemble à un esprit communautaire.

Mais ces jours-ci, j’ai un problème de conscience.

PHOTO ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, ARCHIVES AGENCE -

Mark Zuckerberg, PDG de Meta

Je suis totalement en désaccord avec les récentes décisions de Mark Zuckerberg, le grand patron de Meta, propriétaire de Facebook et Instagram.

D’un côté, je souhaite fermer mon compte, mais de l’autre, je souhaite rester connecté à mon réseau.

Mon malaise a commencé avec le blocage des contenus produits par les médias d’information, dont mon journal, La presse. Beaucoup contournent le problème en publiant des liens vers les textes dans les commentaires, mais cela ne change rien au fondement de cette décision : le déni de l’importance du travail des journalistes dans une société démocratique.

Je suis quand même resté sur Facebook, mais depuis, la série de raisons pour lesquelles je devrais le quitter n’a cessé de s’allonger.

Le principal est de mettre fin à la modération des fausses informations et des discours de haine. Zuckerberg justifie sa décision au nom de la liberté d’expression, affirmant que les modérateurs sont de toute façon partiaux. La modération n’a peut-être pas été parfaite, mais alors pourquoi ne pas l’améliorer plutôt que de l’éliminer ? Si Facebook est capable de m’envoyer une publicité pour de la bière sans alcool lorsque j’écris le mot « sobriété », je suis convaincu qu’il est capable de développer des outils de modération plus efficaces.

Les internautes ont réagi à cette décision en faisant circuler une nécrologie de Zuckerberg dans laquelle il était affirmé que ce pédophile était mort du COVID-19. Un mensonge, certes, mais surtout une démonstration par l’absurde qu’on peut désormais tout écrire.

La vérité est que Zuckerberg ne se soucie pas de la liberté d’expression (s’il s’en souciait vraiment, il n’aurait pas censuré les médias au Canada). Ce qu’il veut avant tout, c’est gagner de l’argent et montrer au président élu des États-Unis, Donald Trump, qu’il fait partie de sa bande.

Comme l’adolescent exclu qui tente par tous les moyens de plaire aux plus populaires pour se faire inviter chez lui. faire la fête (c’est réussi, Zuckerberg assistera lundi à l’investiture du nouveau président), le patron de Meta semble avoir adopté de nouvelles valeurs plus alignées sur celles du mouvement MAGA. Un exemple : ne plus promouvoir la diversité. Cela va jusqu’à interdire certains thèmes associés aux personnes transgenres comme couleurs de fond dans Messenger, le service de messagerie de Facebook. Une intrusion qui rappelle qu’on a tort de croire que cet espace est privé.

Notre box Messenger appartient à Meta, et tant pis pour notre liberté d’expression !

Dans une longue interview de trois heures avec Joe Rogan – dont la série de podcasts est la plus écoutée aux États-Unis – Zuckerberg a déclaré vouloir plus « d’énergie masculine » au sein de son entreprise. Petit rappel : les deux tiers des salariés de Meta sont des hommes… À ceux qui seraient surpris par cette affirmation, j’ai envie de dire : Zuckerberg est juste derrière la tendance. En 2023, le magazine en ligne Vox parlait déjà de cette montée du masculinisme primaire dans la Silicon Valley : popularité des sports de combat auprès des chefs d’entreprise, montée d’une rhétorique plus agressive et départ d’un nombre important d’employées féminines… Zuckerberg est risible quand il tente être de la partie pour faire plaisir à son nouveau « frérot ».

Alors, que faire lorsque les positions du président d’une entreprise qui fait partie de notre quotidien vont à l’encontre des valeurs qui nous tiennent à cœur ? Ce n’est pas comme si Zuckerberg vendait une marque de yaourt et que je devais simplement en acheter une autre pour éviter de contribuer à son enrichissement.

Je me sens piégé, presque l’otage de Meta. Je n’ai pas d’autre endroit où aller :

Bref, pour le moment, je ne vois pas d’autre option.

Je vais poursuivre ma réflexion, mais je serais très curieux de connaître la vôtre. Quitter Facebook ou rester ?

 
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