“C’est comme si la destination Japon était en promotion à 30%”

“C’est comme si la destination Japon était en promotion à 30%”
“C’est comme si la destination Japon était en promotion à 30%”

Le Japon a attiré l’an dernier un nombre record de visiteurs étrangers, attirés notamment par l’affaiblissement du yen : un afflux encouragé par des autorités soucieuses de stimuler une économie atone, mais au risque d’intensifier la congestion dans des villes comme Kyoto. L’archipel a enregistré 36,8 millions d’arrivées de touristes étrangers en 2024, dépassant largement le record d’environ 32 millions établi en 2019, a annoncé mercredi l’Office national du tourisme.

Le Japon retrouve sa dynamique d’avant la pandémie de Covid. Le nombre de visiteurs étrangers a quintuplé entre 2012 et 2020, avant la mise en place des restrictions liées au coronavirus, puis a de nouveau augmenté après leur fin. Ceci est en partie le résultat des politiques proactives du gouvernement japonais, visant à promouvoir les paysages majestueux du mont Fuji, les sanctuaires traditionnels et les restaurants de sushi ainsi que la culture des jeux vidéo et des mangas associée au « Cool Japan ».

Le yen a plongé

Mais cette attractivité s’explique aussi par l’affaiblissement du yen, qui plonge depuis trois ans face au dollar, glissant l’été dernier à son plus bas niveau depuis 1986. De quoi rendre la destination moins chère en dopant le pouvoir d’achat des visiteurs. Le Japon figurait sur la « liste » de nombreux voyageurs, mais la faiblesse du yen est un argument supplémentaire, estime Naomi Mano, présidente de la société hôtelière et événementielle Luxurique.

“C’est le meilleur moment (pour venir), c’est comme si la destination Japon était en promotion à 30%, ça devient très bon marché pour beaucoup de gens”, dit-elle à l’AFP. Le gouvernement japonais s’est fixé un objectif ambitieux : atteindre 60 millions de touristes étrangers par an d’ici 2030, soit le double en moins d’une décennie.

Le spectre du surtourisme

Certes les autorités visent une meilleure répartition du tourisme sur l’ensemble de l’archipel et au cours de l’année, tandis que les visiteurs privilégient en masse certaines périodes (comme la saison des cerisiers en fleurs) et une poignée de sites jugés incontournables comme Kyoto. Comme Venise et Barcelone, l’ancienne capitale impériale japonaise, réputée pour ses temples et ses ruelles traditionnelles fréquentées par des geishas en kimonos, est désormais frappée par le surtourisme.

Outre les embouteillages, les habitants déplorent les incivilités des touristes s’aventurant dans les ruelles privées et dérangeant les geishas pour alimenter leurs réseaux sociaux en photos. Soucieuse d’endiguer le phénomène et de financer l’adaptation de ses infrastructures, la municipalité de Kyoto a annoncé mardi qu’elle augmenterait massivement sa taxe de séjour, à partir de 2026, afin de parvenir à un « tourisme durable ».

De Tokyo à Osaka, les grandes villes imposent déjà aux touristes des taxes touristiques de quelques centaines de yens. A Kyoto, la nouvelle taxe, graduée selon le prix de l’hébergement, pourrait s’élever jusqu’à 10 000 yens (62 euros) par personne et par nuit. Autre mesure emblématique au Japon : un quota journalier de personnes s’applique en été pour emprunter le chemin le plus fréquenté pour gravir le mont Fuji, accompagné d’un droit d’accès d’environ 12 euros (2 000 yens).

Un moteur économique crucial

Conséquence de l’afflux record de touristes : les prix des hôtels dans les villes les plus fréquentées s’envolent, au point de devenir trop chers pour les entreprises japonaises cherchant à héberger leurs salariés lors de déplacements professionnels à l’intérieur du pays. Le patron d’une entreprise informatique, Yoshiki Kojima, a déclaré à l’AFP que ses employés se rendant à Tokyo pour un séminaire séjournaient dans un “hôtel capsule”, dont les espaces ne dépassent pas la taille d’un lit. , faute d’alternative abordable.

Alors que la croissance économique du Japon reste atone, pénalisée par une consommation intérieure atone, le tourisme est considéré comme un moteur essentiel de l’activité. C’est la deuxième source de revenus du pays, après les exportations automobiles. L’archipel, avec ses 124 millions d’habitants, reçoit encore beaucoup moins de touristes que la première destination mondiale, la , qui compte 68 millions d’habitants et a accueilli 100 millions de visiteurs en 2023.

L’impression de surtourisme s’explique par “une concentration de la fréquentation dans des villes spécifiques”, insiste Mme Mano. Le nombre de visiteurs étrangers à Tokyo a doublé depuis 2019 et a été multiplié par 1,5 à Osaka. Pour Mme Mano, le gouvernement doit assurer la promotion des autres régions et « faciliter l’accès », avec plus d’informations… et d’activités dans les régions rurales, territoires que le Premier ministre Shigeru Ishiba appelle à juste titre à « revitaliser ».

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(AFP)

 
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