Les grands thèmes de l’année dernière nous obligent à repenser les modèles de financement durable. Et la démondialisation rend plus difficile la réalisation d’initiatives multilatérales.
Intelligence artificielle
Le recours massif à l’intelligence artificielle est au cœur des débats ESG. Pour tenir ses promesses technologiques, elle consomme des quantités considérables d’énergie et s’accompagne donc d’une inquiétude croissante quant à ses conséquences sociétales. Les grandes entreprises technologiques maintiennent certes leurs objectifs en matière de protection du climat, mais misent de plus en plus sur une décarbonation significative au cours de la seconde moitié de la décennie, reportant ainsi les mesures face à la demande énergétique croissante. Cela arrive à un moment où il devient de plus en plus difficile d’utiliser des méthodes de décarbonation plus simples, comme les compensations, Alphabet ayant par exemple cessé d’utiliser les crédits carbone. De même, l’énergie nucléaire renaît, puisque Microsoft étudie la remise en service du site de Three Mile Island.
Des taux d’intérêt plus bas
Un autre thème dominant de l’année, en particulier au second semestre, a été la baisse des taux d’intérêt dans le monde. La baisse des taux d’intérêt est généralement bien accueillie par les investisseurs en actions car elle réduit les coûts de financement et favorise ainsi la croissance. Cependant, au cours du premier semestre 2024, les investissements totaux dans les énergies renouvelables ont diminué, principalement en raison de la hausse des taux d’intérêt et des inquiétudes persistantes concernant la fiabilité à mesure que les éoliennes prennent de l’ampleur.
Cependant, la Chine a résisté à cette tendance et a considérablement augmenté ses investissements dans la capacité de production d’énergies renouvelables, atteignant ses objectifs de 2030 en matière de déploiement de l’énergie solaire d’ici 2024, comme le montre le graphique ci-dessous.
Source : mise à jour du scénario AIE Net Zero, 2024.
Stagnation en Chine
-La stagnation économique en Chine a également un impact significatif sur les défis ESG. Le gouvernement chinois a entamé une transition vers une économie plus centralisée et se concentre davantage sur la réorganisation géopolitique que sur la promotion de la croissance économique. Les investissements massifs dans les technologies vertes, combinés aux exportations à des prix très compétitifs, bouleversent les structures industrielles des économies occidentales. En réponse, l’Occident tente de renforcer sa compétitivité interne et d’ériger des barrières douanières. Le dumping des technologies vertes et l’utilisation des droits de l’homme comme instrument de protectionnisme commercial sont certainement des sujets à surveiller si le président élu Trump impose de nouveaux tarifs douaniers anti-Chine.
Obésité
L’utilisation des médicaments BPL1 pour lutter contre l’obésité a également ouvert l’année dernière des opportunités économiques considérables, promettant de réduire les externalités négatives, un principe de base pour les investissements durables. Le coût économique de l’obésité est estimé à environ 3 % du PIB mondial, ce qui est comparable au coût économique de la pollution atmosphérique ou du changement climatique. Jusqu’à présent, les tentatives visant à réglementer l’obésité, par exemple au moyen de taxes sur les boissons sucrées ou sur l’étiquetage des aliments, n’ont eu qu’un impact limité. Les économies doivent donc se tourner vers des technologies innovantes pour réduire leurs coûts de santé publique. Cela entraîne des incertitudes à long terme pour les entreprises qui produisent des biens de consommation malsains, car elles doivent continuer à adapter leur offre.
élections américaines
L’élection de Donald Trump aux États-Unis représente un moment intéressant pour les investissements durables. Même si l’opinion dominante est que Trump aura un impact négatif sur la durabilité, nous sommes plus optimistes car la durabilité est désormais fermement ancrée dans la réglementation et les stratégies commerciales. Ses projets visant à modifier la loi anti-inflation sont menés par l’industriel vert le plus prospère au monde, Elon Musk, et certaines des ambitions de son ministre de la Santé visant à réduire les maladies chroniques telles que l’obésité et le diabète grâce à une alimentation plus saine et à de meilleures pratiques agricoles sont bien alignées sur la durabilité. objectifs. Il convient également de rappeler que lors de son premier mandat, les investissements dans les fonds durables ont triplé et la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables est passée de 17% à 21%, même si les États-Unis ne représentent encore que 10% des investissements durables dans le monde. Bien entendu, il y aura des conséquences négatives évidentes, telles que la réduction des subventions de l’IRA pour l’énergie éolienne et les véhicules électriques, le retrait de l’accord de Paris, l’érosion de l’Agence de protection de l’environnement et la réduction des obligations de divulgation ESG que les investisseurs comptaient pour évaluer. valeurs futures, il y aura donc naturellement des compromis. Des changements à surveiller de près.
Les grands thèmes de 2024 nous imposent de relever trois défis majeurs en matière d’investissement durable. La première consistera à repenser les modèles de financement durables dans le contexte d’un soutien réglementaire réduit, d’une dette publique élevée et d’un manque de confiance dans les gouvernements. Deuxièmement, la démondialisation rend plus difficile la réalisation d’initiatives multilatérales telles que les objectifs de développement durable des Nations Unies, l’Accord de Paris et les objectifs de Montréal pour la biodiversité. Enfin, il est essentiel de disposer d’un cadre conceptuel solide pour évaluer les arbitrages entre capital environnemental, social et financier, afin de mieux adapter ses résultats d’investissement aux réalités du monde.