Dans un jugement attendu, la Cour supérieure du Québec déclare qu’Hydro-Québec a fait preuve de « mauvaise foi institutionnelle » lors de négociations avec une communauté innue, en 2014, en vue de la construction du complexe de la Romaine. Il condamne l’entreprise publique à lui verser cinq millions de dollars et met fin à l’accord de principe existant, obligeant à la mise en place de nouvelles compensations financières estimées à plusieurs dizaines de millions.
« Hydro-Québec a contrevenu à son obligation d’agir conformément aux principes de l’honneur de la Couronne […] [et] a fait preuve de mauvaise foi institutionnelle » lors de la négociation d’une entente de principe avec une communauté innue, en 2014, concernant la construction du complexe hydroélectrique de la Romaine, lit-on dans un récent jugement de la Cour supérieure.
La communauté innue d’Uashat et ManiUtenam (ITUM), sur la Côte-Nord, poursuit Hydro-Québec depuis des années, estimant qu’elle a fait preuve de « mauvaise foi institutionnelle ».
En 2014, après des années de négociations difficiles, une entente de principe est finalement conclue entre Hydro-Québec et la communauté. Celui-ci prévoyait la négociation d’un accord final pour résoudre les questions délicates des redevances et des compensations financières.
Dans l’entente de principe, il était question d’un paiement de 75 millions de dollars étalé sur une période de 60 ans. « Pour ITUM, cette compensation incarnait une compensation pour les installations et projets existants d’Hydro-Québec, […] soit le complexe et les lignes de transport, les postes de transformation, les lignes de transport entre ces postes, le projet SM-3 [Sainte-Marguerite-3] et Hart Jones », peut-on lire.
-Cependant, Hydro-Québec s’est retirée des discussions en raison des dissensions qui prévalaient au sein de la communauté. L’accord de principe n’a jamais été soumis au conseil d’administration. “A ce jour, aucun accord final n’a été trouvé entre les parties”, peut-on lire dans les documents judiciaires.
Le juge Thomas M. Davis a reconnu qu’il y avait eu une « mauvaise foi institutionnelle » de la part de la société d’État : « On peut avoir l’impression qu’Hydro-Québec cherchait toutes les raisons possibles pour ne pas conclure l’entente finale, tout en voulant toutefois , pour implanter d’autres projets sur le territoire revendiqué par les Innus de [Uashat et de ManiUtenam]. »
« Ce jugement est une grande victoire pour nous. Il s’agit d’une reconnaissance de la gouvernance de notre peuple, qui doit être respectée par les gouvernements provincial et fédéral et leurs sociétés d’État. Les gouvernements et leurs sociétés d’État ne peuvent pas agir en toute impunité », a écrit le chef Mike McKenzie dans un communiqué.
De son côté, Hydro-Québec écrit, dans un courriel envoyé à La presseaccepter la décision de la Cour supérieure. « Ce dossier illustre l’importance de la nouvelle approche qu’Hydro-Québec a adoptée dans ses relations avec les communautés autochtones. Ce changement vise à garantir que les projets d’Hydro-Québec soient développés en étroite collaboration avec les communautés autochtones et créent ainsi de réels bénéfices pour ces communautés.