Las Vegas, ses casinos, ses néons, ses extravagances, ses soirées mythiques… C’est dans ce décor qui donne envie de tout faire, sauf peut-être travailler, qu’une centaine de jeunes parvenus français partent à l’assaut depuis la « Sin City ». ” bande. Pour la grande majorité d’entre eux, la partie ne se jouera pas autour d’une table de blackjack dans l’un des nombreux hôtels de Las Vegas, mais à l’Eureka Park, le « Disneyland des startups ».
Dans cet immense parc d’exposition vénitien, seront présentés au total 1 500 projets, défendus par des entrepreneurs des quatre coins du monde. Par conséquent, il faudra rivaliser d’ingéniosité pour réussir la partie. À Las Vegas, les investisseurs, distributeurs, entreprises et autres acteurs susceptibles de s’avérer très utiles pour faire décoller une entreprise se pressent dans les allées du CES. Mais encore faut-il réussir à éveiller leur curiosité pour avoir l’opportunité de faire affaire avec eux.
Aux Etats-Unis, tout est business, mais quelqu’un qui vous accorde de l’importance un jour n’hésitera pas à vous abandonner pour un profil qu’il juge meilleur que le vôtre le lendemain. Il est donc primordial de bien préparer son plan d’attaque et les Frenchies doivent donc veiller à adopter les codes de la culture d’affaires américaine.
Une grande première pour 80% de la délégation française
Dans le détail, 100 startups françaises éliront domicile à l’Eureka Park et une dizaine dans le pavillon automobile du Las Vegas Convention Center. Sur ce continent, 80 % d’entre eux découvriront pour la première fois les excès du CES. Trois secteurs dominants seront mis en avant : la santé, les greentech et la mobilité. Le tout sous le prisme de l’intelligence artificielle, désormais répandue dans tous les secteurs de l’économie mondiale. Le secteur de la santé représente à lui seul un quart des startups présentes au Pavillon France.
Cette approche sectorielle, et non plus régionale, semble plus que logique pour mieux attirer l’attention des visiteurs dans la jungle technologique de Las Vegas. « Cette année, nous innovons avec une réorganisation de notre Pavillon France selon une logique sectorielle pour une meilleure identification des entreprises. Enfin, nous nous concentrons sur certains secteurs les plus prometteurs dans lesquels la France est très efficace et reconnue, notamment les greentech et les healthtech. »se réjouit Didier Boulogne, directeur général adjoint en charge de l’export chez Business France.
Réunions collectives avec les grands clients
Une nouvelle fois, l’agence gouvernementale, qui œuvre pour le développement des entreprises françaises à l’international, est aux commandes pour fédérer les 12 régions qui attirent les startups au Nevada et leur permettent de profiter au maximum des opportunités. du CES. Dans ce contexte, Business France a mis en place un programme pour les préparer en amont, afin de les mettre dans les meilleures conditions pour briller sur le Strip de Las Vegas.
Les participants français au salon américain ont ainsi pu bénéficier de séances de coaching sur la levée de fonds, l’art du pitch, la compréhension des spécificités du marché américain ou encore de l’industrialisation post-CES, ainsi que d’ateliers axés sur les médias, les relations publiques, les transports et logistique. Au CES, avoir le meilleur produit ne suffit pas : il faut savoir le mettre en valeur en développant un storytelling bien construit autour de l’innovation présentée. Après tout, qui n’aime pas les histoires qui font rêver ?
Durant le salon, Business France jouera également le rôle d’animateur pour faciliter les mises en relation avec les acteurs du monde entier. Des réunions collectives avec de grands clients, comme BMW Group, Mitsubishi Electric, Sony Innovation Fund ou encore General Motors, sont même prévues. « Pour Business France, ce CES représente une opportunité unique d’ancrer notre mission première : promouvoir l’excellence de notre écosystème technologique et ouvrir les portes du marché international »estime Didier Boulogne. En moyenne, le salon génère 120 contacts utiles pour chaque startup participante, mais 40 à 50 s’avèrent réellement déterminants à l’arrivée. Et parmi ces contacts pertinents, certains peuvent ouvrir des portes pour remplir le carnet de commandes.
Une nouvelle vague sud-coréenne attendue à Las Vegas
Une nouvelle fois, la délégation française chassera en meute à Eureka Park. Mais le coq rouge aura fort à faire pour contrer le tsunami sud-coréen qui devrait une nouvelle fois déferler sur Las Vegas. Et pour cause, 1 031 entreprises, dont évidemment des géants comme Samsung et LG, feront le déplacement, contre 772 l’an dernier. Parmi elles, on comptera 641 startups pour défendre les couleurs de la Corée du Sud.
Les Français devront donc faire preuve d’ingéniosité et de créativité pour attirer l’attention des visiteurs. Avec 110 startups, la délégation française est un peu plus réduite qu’en 2024 (135), mais elle reste néanmoins l’une des plus importantes du salon hors Etats-Unis. Bien sûr, Folie les rencontrera au parc Eureka.
Quoi qu’il en soit, les années qui ont précédé la pandémie de Covid-19, avec plus de 300 startups françaises envoyées à Las Vegas en 2018 et 2019, semblent désormais loin. À l’image de la soirée mémorable d’Emmanuel Macron en janvier 2016 et de l’histoire d’amour entre le président de la République et les entrepreneurs français. A l’heure où la French tech reste sur ses gardes, sur fond de difficultés de levée de fonds et de faillites croissantes, les startups françaises sélectionnées pour faire rayonner la French Tech à Las Vegas devront néanmoins afficher un visage conquérant pour attirer des clients et investisseurs potentiels qui pourraient changer leur destin.