Dans ce lotissement résidentiel de Lomener, à deux pas de l’océan, cela passe presque inaperçu. Cependant, cette maison n’a rien à voir avec ses voisins. Déjà, parce qu’il est en bois, contrairement aux autres en parpaings, et surtout parce qu’il est passif.
« Nous avons longtemps vécu dans des passoires thermiques »
C’est Pierre Vivet et sa compagne Florence Delord qui se sont lancés dans ce pari un peu fou à la fin des années 2000, lorsqu’ils ont découvert le concept de maisons passives. « C’est une maison qui, pour maintenir une température confortable toute l’année, a un besoin énergétique inférieur à 15 kWh par m2 et par an », définit Pierre Vivet, ingénieur du son de 59 ans. Sachant qu’une maison classique, c’est dix fois plus.
En se lançant dans ce projet, le couple recherchait une nouvelle maison « qui avait du sens » et qui réduirait leurs factures. « Nous avons vécu longtemps en location dans des passoires thermiques extrêmement mal isolées avec des factures de chauffage énormes », se souvient Florence Delord, vendeuse.
Une maison « simple »
Dans sa conception, « c’est une maison simple », répète sans cesse Pierre Vivet. Sa maison est constituée d’une charpente en bois, hermétique « comme une bouteille thermos », imagine-t-il. Pour l’isolation, les murs et la toiture contiennent 26 cm de laine de bois. La dalle est séparée des fondations et isolée avec 15 cm de polystyrène extrudé. La grande baie vitrée du séjour est orientée plein sud avec du double vitrage, le triple vitrage ayant été posé sur les parties nord de la maison. Et un ingrédient indispensable de la maison passive : la ventilation double flux renouvelle l’air de la maison toutes les deux heures.
Même température
La chaleur produite par les activités quotidiennes du couple et de leur fils – cuisiner, travailler sur un ordinateur, prendre une douche, etc. – contribue à chauffer la maison de 150 m2. Cependant, un chauffage supplémentaire est parfois nécessaire en hiver, c’est pourquoi le couple a acheté trois radiateurs à bain d’huile. Lors de notre visite début décembre, ils étaient tous partis chercher un thermomètre qui indiquait 19,3°C à l’intérieur. Une température uniforme que vous soyez au rez-de-chaussée ou au troisième étage.
Côté facture d’énergie, le couple paie 210 € d’électricité tous les deux mois pour une consommation moyenne de 860 kWh, un chiffre bien inférieur à la moyenne française*. Pour l’eau, le couple fait des économies car l’eau des toilettes est fournie par une citerne de récupération d’eau de pluie. Résultat : 66 m3 d’eau potable consommés en 2023 pour trois personnes, bien loin des 54 m3 par an et par Français en moyenne.
La maison passive en bois offre un confort de vie incroyable
« Construire quelque chose de nouveau sans engager un passif est une aberration »
Après treize années passées dans cette maison, le bilan est plus que positif. « La maison passive en bois offre un confort de vie incroyable », résume Florence Delord. Pour son compagnon, « construire quelque chose de nouveau aujourd’hui, sans faire de passif, est une aberration ». Qu’en est-il du prix de la construction ? Le couple a préféré rester discret sur le sujet, arguant, à juste titre, que les prix ont explosé depuis. Selon un professionnel du secteur, le prix d’une maison passive est généralement 20 à 25 % plus cher qu’une construction neuve classique.
A ceux qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure passive, le couple donne un conseil : “être extrêmement prudent” lors des travaux pour chasser les trous d’aération. Au risque d’en laisser un et de détruire tout l’intérêt de la maison passive.