Le groupe Volkswagen a annoncé vouloir supprimer 35.000 emplois en Allemagne d’ici cinq ans. Une stratégie qui aurait le don d’inquiéter la jeunesse, pourtant essentielle à l’avenir des constructeurs automobiles.
Avec une actualité morose et un avenir à moyen terme presque sans visibilité, l’industrie automobile dégoûte-t-elle les jeunes ? La question se pose peut-être déjà, alors que les grands groupes deviennent de plus en plus exigeants en ressources humaines spécialisées. Electronique, thermodynamique, chimie des batteries, acoustique… les profils des ingénieurs se rétrécissent dans des domaines de plus en plus complexes. À tel point qu’il deviendrait plus facile de générer des points de marge d’une année sur l’autre et des bénéfices nets que de recruter les bons profils qui, parfois, sont en difficulté dans certains secteurs clés, comme l’informatique, l’IA ou la chimie. Mais comment attirer les futurs jeunes techniciens et ingénieurs si les signaux envoyés sont récession, incertitude et réduction des coûts ? Même un géant comme Mercedes, qui a placé le très haut de gamme avant tout à la fin du Covid, se rend désormais à l’évidence en annonçant des réductions de certains investissements.
Les jeunes ont froid ?
Toute cette actualité suscite donc des interrogations dans les écoles d’ingénieurs et de techniciens, notamment en Allemagne, où le secteur automobile a toujours été privilégié par les étudiants. Mais pour combien de temps encore ? Le rêve de travailler pour Porsche perdurera-t-il au-delà de 2030, ou les futurs diplômés se détourneront-ils de l’industrie automobile pour s’engager dans d’autres secteurs ? Selon une enquête du Frankfurter Allgemeine Zeitung :
« Depuis 2018, l’Institut Ifo de Munich examine l’évolution des offres d’emploi dans l’industrie automobile allemande et évalue les données de la bourse d’emploi Indeed. Le nombre d’offres d’emploi dans ce secteur est en forte baisse depuis le troisième trimestre 2023. En octobre de cette année, il y avait deux fois moins d’offres qu’en août 2023, selon les chercheurs de l’Ifo. Une étude réalisée par l’Institut Prognos pour le compte de l’Association de l’industrie automobile conclut que 46 000 emplois nets ont déjà été perdus dans l’industrie entre 2019 et 2023. Si cette tendance se poursuit, il pourrait y avoir 190 000 emplois de moins dans l’industrie automobile allemande en 2035 par rapport au pic de 2019. »
Une enquête qui a amené nos confrères à interroger quelques nouveaux diplômés refroidis par le contexte : « Au bout de deux semaines, mon patron m’a immédiatement dit qu’il ne fallait pas trop espérer, en raison du gel actuel des embauches. »» dit un titulaire d’une maîtrise en mécanique qui avait réalisé son mémoire chez Audi. Traditionnellement, la marque embauche ces futurs créateurs de valeur ajoutée, mais cela est tout simplement refusé. « Je le dis avec une profonde conviction : cela vaut toujours la peine de suivre cette voie. Les compétences en ingénierie peuvent être utilisées de différentes manières »» déclare un responsable du centre de formation d’Aix-la-Chapelle. Espérons que « ailleurs » ne signifie pas en dehors des secteurs de l’automobile et de la mobilité.
