Le bonsaï en métal oxydé ultra réaliste de cet ancien restaurateur de maisons médiévales déroute les visiteurs du Salon des et Métiers

À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier voyage surtout en fuite, son bureau dans son sac à dos, à la recherche de sujets et de personnes fascinantes. Il s’adresse à tout le monde et s’intéresse à tous les horizons dans cette chronique urbaine.

Un ancien restaurateur de maisons médiévales en Angleterre et en se consacre désormais à la création d’arbres faits de fil de cuivre torsadé qui semblent émerger des brumes de la forêt de Fangorn au Seigneur des Anneaux.

Après avoir attisé la curiosité lors du dernier Salon des artisans de Québec, le stand de l’atelier Bonsaï ERN intrigue les visiteurs du Salon des métiers d’ du Québec au Palais des congrès.

Devant ces petits arbres, je deviens la dix millième personne naïve à poser la même question que tout le monde et à se faire dire la même chose :

« Non, ce ne sont pas des arbres morts ! Tout est en métal », me désabuse le sculpteur Michael Dinardo.

« Je tords du fil de cuivre pour former le tronc et les branches, puis je soude les tiges pour fusionner les fils avec du plomb fondu », explique celui qui met une semaine pour concevoir un seul de ces bonsaï.

Ces petits arbres qui semblent si réels trahissent leur composition métallique par leur poids.

Les plus petits coûtent 150 $ et les plus grands, 1 250 $.

Photo Louis-Philippe Messier

Aquarelles acides

Comment maquiller le lichen sur les troncs ?

« J’utilise des aquarelles acides pour colorer les métaux, et je saupoudre les malles de poussière de cuivre que j’oxyde », explique-t-il.

Bref, M. Dinardo fait à ses arbres ce que le passage de décennies d’intempéries fait aux vieilles statues.

« Je leur fais prendre cinquante ans en une heure », résume-t-il.

M. Dinardo a des gestes typiques d’un coiffeur pour cheveux longs lorsqu’il remplace les branches d’une de ses œuvres.

Et ce fut bien sa première école : le salon de coiffure… bien utile pour manipuler des fils de cuivre à peine plus fins que des cheveux.

Il a longtemps travaillé chez Estetica sur la rue Crescent.

«J’ai lavé les cheveux de la plupart des femmes de Westmount», raconte en riant ce touche-à-tout qui a restauré de vieilles maisons en Angleterre et en France en apprenant à faire des murs à la chaux.

C’est un sculpteur estrien, Paul-André Leblanc, qui a transmis sa technique pour fabriquer ces arbres en métal :

« C’est cette technique que je perfectionne depuis trois ans », explique M. Dinardo, basé à Frelighsburg.

L’artiste doit sans cesse réexpliquer que ses arbres ne sont pas réels… que tout est en métal. A la défense du public, le réalisme des œuvres est saisissant.

Photo Louis-Philippe Messier

Eurêka!

Il y a un mois, le sculpteur a vécu un eurêka.

« J’ai découvert comment réaliser des racines beaucoup plus raffinées en réservant des tiges de cuivre que je tords tout au bout afin de mieux intégrer le système racinaire dans la pierre de base », s’enthousiasme-t-il.


M. Dinardo a récemment développé une nouvelle technique permettant de former des racines beaucoup plus raffinées et mieux intégrées à la pierre.

Photo Louis-Philippe Messier

Où trouve-t-il ces socles pittoresques ?

« Je me promène avec mes trois terriers écossais dans la forêt voisine et je repère les rochers les plus inspirants autour des ruisseaux », confie-t-il.

Il revient ensuite en VTT pour rapporter les cailloux qui lui sont tombés dans l’oeil.

L’artiste de 63 ans envisage de fabriquer un « bonsaï éternel » pour le reste de sa vie.

Mais c’est s’il parvient à garder sa patience lorsque d’innombrables nouveaux curieux lui demandent : « Oh ! Alors, vous vendez des petits arbres morts ?

Le Salon des Arts et Métiers

Au Palais des Congrès de Montréal

Jusqu’au 22 décembre

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV de fausses remises gonflent les factures de santé
NEXT Québec n’a plus d’argent et va suspendre son programme