La scission de Vivendi, géant français des médias et de l’édition sous le contrôle du milliardaire Vincent Bolloré, devient effective ce lundi. Avec notamment la cotation en bourse de trois nouvelles entités : à Londres, Amsterdam et Paris. Dans le détail, depuis 9 heures, le groupe de télévision Canal+ est coté à la Bourse de Londres, Havas (communications) sur Euronext Amsterdam et le groupe Louis Hachette (Hachette Livre, Relay, Europe 1, JDD, Voici, Géo…) à Paris le le marché Euronext Growth, régulé mais non régulé.
Non-renouvellement de la fréquence C8 : Canal+ contre-attaque
Mais les débuts ont été douloureux pour Canal+, qui chute de plus de 12% pour sa première cotation à Londres. Néanmoins, le titre du Groupe Louis Hachette a, quant à lui, fait des débuts réussis. Il est en hausse de plus de 28% lundi en début de séance. Vers 8h15 GMT (9h15 à Paris), l’action du groupe atteint 1,44 euro, en hausse de 28,57% par rapport au cours de départ fixé à 1,12 euro.
Les premières bourses sont scrutées. Mais “c’est le long terme qui compte”estime une Source proche de Vivendi qui prévoit dans un premier - une grande volatilité. Maxime Saada, patron de Canal+, n’attend pour sa part pas “quel est le prix de l’action” ce qui le concerne « suivre un chemin pavé de roses les premières semaines, les premiers mois ».
« Nous mesurerons le succès de cette introduction en bourse dans deux à trois ans »a-t-il estimé en fin de semaine dernière dans le journal français Le Figaro.
Pour le reste, la holding elle-même reste cotée à la Bourse de Paris, et son cours doit s’ajuster. Pour une action Vivendi détenue avant la scission, une action Canal+, une action Havas et une action Groupe Louis Hachette ont été attribuées, et l’action Vivendi est conservée. A terme, Vivendi devrait sortir du CAC 40.
Le plan de scission voté par les actionnaires
Pourquoi cette opération ? Le cours collectif “ne reflétait pas la vraie valeur de ses actifs”a rappelé Yannick Bolloré, fils de Vincent Bolloré et président du conseil de surveillance de Vivendi. Ce qui constituait « un handicap pour nos actionnaires et pour le développement de nos activités ».
Vivendi : les actionnaires valident largement le projet de scission
La première étape a été franchie avec succès lundi dernier : le projet de scission a été approuvé par les actionnaires, à plus de 97 %. Selon le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, “un nouveau chapitre de son histoire” s’ouvre pour vivre, « tout en restant fidèle à qui il est ».
Vivendi, qui comptait quelque 73.000 salariés fin 2023, était valorisé à près de 8,55 milliards d’euros à la clôture vendredi. Le pari est donc que la somme des quatre valeurs indépendantes est bien supérieure. Fin octobre, Yannick Bolloré proposait une valorisation de l’ensemble “environ 16 milliards” d’euros, dont 6,8 milliards pour Canal+, 3,4 milliards pour Havas, 2,1 milliards pour le groupe Louis Hachette et 4,5 milliards pour Vivendi. Mais les analystes prévoient moins pour les prochains jours. L’opération “ne fournit aucune certitude”» considérait la société de gestion Phitrust en novembre. Elle craignait particulièrement « une remise de maintien » pour Vivendi, qui continuera de gérer diverses participations minoritaires ainsi que pour l’éditeur de jeux vidéo Gameloft, détenu à 100 %.
Par ailleurs, la scission fait sursauter certains petits actionnaires qui craignent de perdre et de voir Vincent Bolloré, à la tête de Vivendi depuis 2014, renforcer son contrôle. Le groupe Bolloré était jusqu’à lundi l’actionnaire de référence de Vivendi avec 29,9%, et atteindra environ 31% dans les nouvelles entités. Le fonds activiste CIAM (0,025% du capital de Vivendi) poursuit ses recours en justice pour obtenir l’annulation de la scission qui, selon ses dirigeants « contourne la loi sur les offres publiques d’achat obligatoires ».
Michel Denisot fait parler les « bébés Canal+ »
Faire rayonner Canal+ à l’international
Devant les actionnaires, les dirigeants de Vivendi ont défendu leurs choix, affirmant qu’il n’y avait pas “d’autres alternatives”. Ainsi pour Canal+ à Londres, « la stratégie est clairement d’emmener le groupe à l’international » et pour permettre un « visibilité accrue sur les marchés anglophones »a souligné Yannick Bolloré. Les deux tiers des abonnés sont déjà hors de France, et cette proportion est amenée à augmenter avec l’offre publique d’achat lancée sur le géant sud-africain de la télévision MultiChoice.
Canal+ a atteint « une taille critique, avec 27 millions d’abonnés dans plus de 50 pays et nous visons 50 à 100 millions dans les années à venir »souligne Maxime Send.
Un signe d’espoir pour Canal+, côté britannique : la ministre des Finances Rachel Reeves a reçu vendredi le patron de Canal+.
Concernant Havas, le site d’Amsterdam a été retenu pour la possibilité d’y créer une fondation pour le mettre à l’abri d’une éventuelle OPA hostile et ainsi rassurer ses équipes. Les sièges sociaux resteront en France, sauf celui de Havas. Les sociétés seront toutes résidentes fiscales françaises.
(Avec l’AFP)