200 millions des gouvernements pour le Massif de Charlevoix – .

200 millions des gouvernements pour le Massif de Charlevoix – .
200 millions des gouvernements pour le Massif de Charlevoix – .

Depuis 2007, les gouvernements du Québec et du Canada ont alloué 198 882 547 $ au Groupe Le Massif et aux différentes entités qui composent le projet récréotouristique.

Selon des demandes d’accès à l’information envoyées à six ministères et organismes gouvernementaux différents, le gouvernement du Québec a versé 147 562 339 $ à la station de ski, au train touristique et au complexe d’hébergement.

Les investissements majeurs ont débuté en 2007, avec une participation d’Investissement Québec de 25 millions de dollars dans le projet. La société d’État a ensuite accordé un prêt de 10 millions de dollars en 2010 et a augmenté sa participation dans le projet de 12 millions de dollars en 2011 et en 2017.

De son côté, de 2007 à 2021, le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a accordé 55 225 000 $ sous diverses formes de prêts et de subventions. 21 millions $ ont été accordés au Groupe Le Massif pour soutenir le projet du Club Med de Charlevoix.

Le ministère des Transports et de la Mobilité durable a accordé des subventions et des prêts totalisant 12 millions de dollars, dont la grande majorité pour soutenir le Train de Charlevoix et le Chemin de fer Charlevoix.

Le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation a également financé le projet récréotouristique pour un montant total d’un peu plus de 22 millions de dollars. De son côté, le ministère du Tourisme a accordé près de 11 millions de dollars.

Le gouvernement canadien aurait accordé un total de 51 millions de dollars au Massif et à divers organismes qui lui sont liés. Le gouvernement fédéral a alloué près de 30 millions de dollars en 2008, 10 millions lors de l’arrivée du Club Med et diverses sommes pour soutenir le train touristique.

Un modèle d’affaires…

Tout en concédant que les sommes « sont indécentes », Renaud Brossard, vice-président aux communications de l’Institut économique de Montréal (IEDM), ne s’étonne pas du chiffre de 200 millions $. Selon lui, le gouvernement du Québec a adopté cette stratégie depuis longtemps : subventionner les grands projets afin d’attirer les investisseurs et de réduire leurs risques, sans avoir aucune certitude quant aux retombées.

« Est-ce que ces subventions en valent la peine ? C’est toujours très clair, la réponse est non. Quand le gouvernement nous présente des projets de subventions, il faut se rendre compte que les prévisions d’emplois et de retombées sont assez roses et ne se matérialisent pas toujours », affirme M. Brossard.

« Le gouvernement du Québec n’a pas un très bon historique comme investisseur. On peut penser au projet Gaspésia, à Ciment McInnis, au Plan Nord ou encore à la C-Series de Bombardier. On verra ce qui se passera dans quelques années avec Northvolt, mais je ne suis pas très optimiste à ce niveau-là. »

— Renaud Brossard, vice-président aux communications de l’Institut économique de Montréal (IEDM)

Il souligne que « le gouvernement ne fait jamais de calculs pour savoir si le scénario inverse est vrai : s’il n’avait pas été subventionné, le projet aurait-il eu lieu quand même ? »

Étienne Charbonneau, professeur à l’École nationale d’administration publique (ENAP), estime que cette habitude de subventionner les grandes entreprises « est devenue le modèle d’affaires » du gouvernement du Québec. Le soutien accordé à Ubisoft et à l’industrie du jeu vidéo, qui traverse actuellement des difficultés, en est un autre exemple, selon lui.

…sans garanties

Comme M. Brossard, il déplore que ces financements soient souvent accordés « sans savoir quels en seront les bénéfices réels ».

Interrogé à ce sujet, le ministère de l’Économie a déclaré à la Soleil « n’ayant pas réalisé d’études internes pour quantifier les retombées économiques liées au Massif de Charlevoix ».

De son côté, le ministère du Tourisme a répondu qu’il « détient certaines informations relatives aux retombées économiques » du projet, mais que celles-ci « sont la propriété du Massif de Charlevoix ».

« Il ne nous est donc pas possible de divulguer les informations demandées », a ajouté le ministère.

Guillaume Tremblay-Boily, chercheur à l’Institut de recherche et d’information socioéconomique (IRIS), confirme que « c’est une pratique courante » : le gouvernement subventionne la plupart du temps sans évaluer « lui-même ou de manière indépendante » les bénéfices des investissements. Il soutient que le gouvernement devrait exiger plus de transparence avant de financer de tels projets.

Investir ailleurs

Selon le vice-président aux communications de l’IEDM, le gouvernement du Québec aurait intérêt à « alléger le fardeau fiscal » des grandes entreprises afin de les inciter à investir ici, au lieu de les attirer avec des prêts et des subventions.

« Ce n’est pas seulement une question de taxes. Le rendement de l’investissement est directement affecté par la réglementation, car plus ça prend de temps, plus ça coûte cher de développer un projet. Le gouvernement aurait donc intérêt à créer un environnement d’affaires plus attrayant sans toujours devoir subventionner », suggère M. Brossard.

Il ajoute que les 200 millions auraient pu être investis dans les services de santé ou d’éducation de la province.

Tout en s’opposant à l’idée de réduire les impôts des grandes entreprises, M. Tremblay-Boily concède que ces millions auraient « des répercussions plus positives sur l’économie » s’ils étaient investis dans les services sociaux, dans des projets structurants, au lieu de « toujours favoriser les mêmes entreprises capitalistes ».

« On sait que les cégeps sont des pourvoyeurs d’emplois de qualité, incitent les gens à rester en région et ont un impact positif sur l’économie locale. Dans Charlevoix, il y a le Centre d’études collégiales, qui est en fait un campus du Cégep de Jonquière. Pourrait-on envisager de créer un Cégep de Charlevoix, officiellement ? », avance le chercheur de l’IRIS.

Terrain loué

Dans une entrevue à Radio-Canada en 2023, Daniel Gauthier, président et fondateur du Groupe Le Massif, soulignait que les sommes investies dans la montagne depuis le début du siècle totalisent 400 millions de dollars.

Sur ce montant, le projet Club Med représenterait des investissements de 130 millions.

Le Groupe Le Massif n’est pas propriétaire des terrains sur lesquels il opère. L’entreprise les exploite plutôt en vertu de trois baux de 99 ans signés avec la MRC de Charlevoix.

Selon les chiffres fournis par la MRC, le Massif a versé 1 370 829 $ en redevances au regroupement de municipalités depuis 2007.

Karine Horvath, directrice générale de la MRC, souligne que d’autres frais s’appliquent, notamment lorsque l’entreprise veut couper des arbres pour ouvrir des pistes de ski. Ces frais supplémentaires « ne représentent toutefois pas des centaines de milliers ou des millions de dollars », précise-t-elle.

 
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