Contre toute attente, l’économie devrait continuer de s’améliorer au Canada et au Québec en 2025, malgré les menaces tarifaires de Donald Trump.
Publié à 18h37
Mis à jour à 18h47
C’est ce qu’a avancé hier le trio d’économistes réunis jeudi par le Conseil des relations internationales de Montréal pour discuter de ce qui nous attend en 2025. Il y a certainement des éléments positifs à souligner dans le contexte pessimiste actuel, a déclaré d’entrée de jeu la modératrice de ce débat, Mia Homs, vice-présidente d’Investissement Québec. Avec la pandémie, l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et le risque de récession, on prédisait le pire depuis quatre ans et cela ne s’est pas produit, a-t-elle déclaré. Il y a des éléments positifs, selon les participants.
Une croissance plus forte
Avant l’imposition des tarifs douaniers promis par Donald Trump, l’économie canadienne bénéficiera d’une hausse des exportations vers les États-Unis. Les entreprises américaines ont déjà commencé à augmenter leurs stocks pour se protéger contre d’éventuelles hausses de prix des produits canadiens, a déclaré Jimmy Jean, économiste en chef chez Desjardins. Il s’attend à une accélération de la croissance alimentée par l’élimination temporaire de la TPS et par les chèques qui seront envoyés aux contribuables par le gouvernement de l’Ontario et possiblement aussi par Ottawa.
Des taux d’intérêt plus bas
La baisse des taux d’intérêt devrait se poursuivre au Canada, du moins tant que l’inflation demeure sous contrôle. L’impact possible des tarifs douaniers américains et une éventuelle réponse canadienne pourraient prendre un certain temps avant de générer davantage d’inflation. Il sera difficile pour le président américain de mettre en vigueur des tarifs douaniers avant le second semestre 2025, estime Jimmy Jean. D’ici là, la baisse des taux d’intérêt donnera un élan à l’économie l’année prochaine, prédit Pierre Cléroux, économiste en chef de la BDC. Cela stimulera la consommation et augmentera les mises en chantier, ce qui donnera un élan au marché immobilier, prédit-il.
Des marchés résilients
Les marchés boursiers canadien et américain ont très bien traversé les dernières années de montagnes russes, a souligné Vincent Delisle, premier vice-président et chef des marchés liquides à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Et cela devrait se poursuivre en 2025, selon lui. L’enthousiasme des marchés pour les promesses de réductions d’impôts et de déréglementation de Donald Trump pourrait être difficile à maintenir, a-t-il déclaré, mais la capacité des marchés à s’adapter ne doit pas être sous-estimée. . “Nous connaissons Trump, nous savons qu’il y aura des tweets dans la soirée et des déclarations exagérées”, a-t-il déclaré. Il estime que le Canada, qui possède beaucoup d’énergie et de nombreuses banques, demeure attrayant pour les investisseurs.
Démondialisation et investissement
À plus long terme, une fois passée la période de turbulences de Trump, le Canada devrait bénéficier du réalignement du commerce international, a souligné Pierre Cléroux. Les deux blocs qui se forment, l’un composé des États-Unis et des pays les plus industrialisés et l’autre de la Chine, de la Russie et d’une trentaine d’autres pays, définissent un nouvel ordre mondial « et ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour le Canada », a-t-il déclaré. . Les investissements iront aux pays qui disposent de ressources, mais qui sont politiquement stables et où existe l’état de droit. Cela a déjà commencé, selon lui. Il y a 15 ans, les investissements dans l’électrification des transports annoncés au Canada auraient été dirigés vers la Chine, a-t-il souligné.
Un scénario catastrophe en chiffres
L’incertitude entourant les intentions du prochain président des États-Unis quant aux tarifs qui seront imposés sur les importations canadiennes n’empêche pas les économistes de faire des prédictions sur l’impact qu’auraient ces tarifs sur l’économie canadienne. Ceux de la Banque Scotia ont élaboré différents scénarios, dont celui-ci : des tarifs douaniers de 25 % suivis d’une réponse du Canada sur les importations américaines. Si cela se produisait, le produit intérieur brut du Canada chuterait de 5,6 %, l’inflation augmenterait de 4,1 %, le taux directeur de la banque centrale augmenterait de 2,8 % et le taux de chômage augmenterait de 3 %. selon le calcul modélisé de Scotia.