La plateforme de commerce en ligne « Temu » est en plein essor. Selon ses propres déclarations, plus de 92 millions de clients l’utilisent chaque mois.
Au Luxembourg, l’application d’achat en ligne est la 5ème application la plus téléchargée. Ce n’est pas étonnant : de l’électronique aux vêtements en passant par les jouets, tout y est disponible directement auprès des détaillants chinois, et donc extrêmement bon marché. De nombreux articles coûtent moins de 10 euros.
Mais la plateforme est désormais dans le viseur de l’Union européenne. La Commission a lancé une procédure formelle contre Temu fin octobre. En tant que « très grande plateforme » comptant plus de 45 millions d’utilisateurs par mois, Temu doit adhérer au droit européen sur les services numériques (DSA), en vigueur depuis février. Ce règlement impose aux plateformes d’agir contre la diffusion de contenus illégaux.
Temu critiqué pour ses risques sécuritaires
L’enquête contre Temu se concentre sur certains points, entre autres, la vente de produits non conformes aux normes européennes. Par ailleurs, il s’agit aussi du design de la plateforme, qui doit créer une dépendance : les consommateurs sont constamment incités à participer à divers jeux. De plus, la manière dont Temu recommande à l’utilisateur d’effectuer d’autres achats ne serait pas transparente.
Les organisations de protection des consommateurs critiquent Temu parce que les clients seraient incités à acheter rapidement avec de fausses remises ou de faux délais. De plus, de nombreux produits ne seraient pas conformes aux normes de sécurité européennes, il y aurait donc un risque d’étouffement avec des jouets par exemple.
Pour les détaillants locaux, le géant chinois du commerce électronique représente une forte concurrence, car les produits sont extrêmement bon marché et parviennent au consommateur sans intermédiaires. De plus, tout comme d’autres plateformes similaires, Temu est soupçonnée de contourner délibérément les douanes. Jusqu’à une valeur de 150 euros, vous n’avez pas à payer de droits de douane sur les marchandises arrivant par voie aérienne dans l’UE. Temu diviserait délibérément ses commandes pour rester en dessous de cette valeur.
Le Luxembourg ne peut pas faire grand-chose
La ministre chargée de la protection des consommateurs, Martine Hansen, a récemment répondu à une question parlementaire sur le sujet. Il apparaît que le Luxembourg ne peut pas faire grand-chose à lui seul contre les colis qui pourraient être non conformes ou mal déclarés.
Même si avec les douanes, l’ILNAS (Institut luxembourgeois de normalisation, d’accréditation, de sécurité et de qualité des produits et services), qui contrôle si les marchandises répondent aux exigences de sécurité de l’UE, la Direction de la protection des consommateurs et l’Autorité de la concurrence, plusieurs autorités sont chargées de la matière. Les Ilnas et les douanes ne peuvent effectuer que des contrôles ponctuels. En 2023, l’Administration des Douanes a détecté 1.314 irrégularités dans les importations lors de 15.722 contrôles, mais ces commandes arrivent souvent au Luxembourg via d’autres pays de l’UE, les douanes ici ne sont donc plus directement impliquées.
La Direction de la Protection des Consommateurs intervient en cas de réclamation, mais comme les produits sont généralement très bon marché, peu de clients entreprennent de telles démarches en cas de problème. Toutefois, dans de tels cas, le ministère recommande de contacter la Direction de la protection des consommateurs sur sa plateforme. Cela conduirait alors à une enquête au niveau de l’UE.