les prémices d’une crise industrielle ?

les prémices d’une crise industrielle ?
les prémices d’une crise industrielle ?

Il n’y a pas que le secteur technologique qui étouffe. Plus de 7.500 emplois menacés, une quarantaine de sites industriels en danger : l’horizon s’assombrit aussi pour l’industrie française. Depuis septembre dernier, les annonces de restructurations se multiplient à un rythme inquiétant, laissant présager une année 2024 particulièrement difficile pour le secteur manufacturier français. Les experts craignent même la résurgence d’une crise comparable à celle de 2008. Une enquête menée par Les Echos souligne cette triste réalité.

Des bastions industriels sous le choc

Le Nord et l’Est de la , territoires historiquement industriels, subissent de plein fouet cette nouvelle vague de restructurations. Dans la Somme, le président du département Stéphane Haussoulier tire la sonnette d’alarme : « 1 500 emplois sont directement menacés « . Le département, encore marqué par la fermeture de Goodyear (géant mondial du pneumatique), il y a une décennie, voit aujourd’hui des fleurons comme Ynsect (fabricant d’engrais) à Amiens ou l’usine Watts (sanitaire et chauffage) à Hautvillers-Ouville.

L’Occident n’est pas épargné, comme en témoigne l’annonce choc de Michelin concernant la fermeture de ses sites de Cholet et de Vannes. Plus d’un millier de salariés se retrouvent dans l’incertitude. Parallèlement, Delpeyrat envisage la fermeture de ses abattoirs de Sèvremont en Vendée et de Vic-Fezensac dans le Gers, tandis que l’équipementier automobile Valeo restructure trois de ses sites.

Nous payons aujourd’hui très cher les politiques industrielles françaises qui ont trop souvent privilégié les solutions de court terme et les mesures ponctuelles. au détriment d’une vision à long terme. Ce penchant pour le court terme, c’est la financiarisation de l’économie et l’insuffisance des aides aux PME qui ont conduit certaines entreprises à privilégier la rentabilité immédiate.

Un phénomène multisectoriel qui s’accélère

Les chiffres démontrent en outre une détérioration rapide de la situation. Au tribunal de commerce de Lille, les défaillances concernent désormais 6 000 salariés sur les dix premiers mois de 2024, deux fois plus qu’en 2023. « Les entreprises affaiblies sont toujours plus grandes. Des plans sociaux ? Nous l’avons déjà et nous en aurons plus », constate Eric Feldmann, président du tribunal.

La Dares, qui élabore les Plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), a enregistré 159 démarches au troisième trimestre 2023, un doublement par rapport à l’année précédente. « Les employeurs ne peuvent plus rester les bras croisés. Nous sommes dans de vrais plans de restructuration, entraînant de nombreuses suppressions de postes », analyse Alain Petitjean, directeur associé du groupe Alpha.

Ce désastre économique s’explique par une combinaison de facteurs : une consommation en berne en raison d’un pouvoir d’achat qui ne cesse de baisser, d’une croissance atone, de coûts énergétiques élevés et de marges en baisse. Le phénomène de déstockage massif risque de prolonger ces difficultés jusqu’en 2025, les entreprises privilégiant la vente de leurs stocks aux nouvelles commandes.

Antoine Armand, ministre de l’Économie, anticipe même une détérioration dans les mois à venirtandis que la CGT évoque près de 200 projets de licenciements en cours ou à venir. Plus inquiétant encore, selon l’OFCE, plus de 150 000 emplois pourraient être prochainement menacés. LE Fabriqué en Franceincarné par les PME, TPE et ETI, est notre assurance vie économique. En redynamisant notre production, nous créons des emplois durables et réduisons notre dépendance à l’étranger : cependant, c’est exactement le contraire qui se produit.

  • Une vague de restructurations frappe de plein fouet l’industrie française, menaçant plus de 7 500 emplois et une quarantaine de sites.
  • Les territoires industriels historiques, comme le Nord et l’Est, sont fortement touchés par des vagues de fermetures et de suppressions d’emplois.
  • Des facteurs structurels et cycliques aggravent la crise, laissant présager une année 2024 difficile pour le secteur manufacturier.

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