(Washington) Google a dénoncé un « interventionnisme radical » après que le gouvernement américain a demandé à la justice que le géant de la technologie vende son navigateur Chrome, une sanction potentiellement historique pour le moteur de recherche déjà critiqué pour ses pratiques anticoncurrentielles.
Alex PIGMAN
Agence France-Presse
Dans un document judiciaire mercredi, le ministère de la Justice réclame une scission des activités de la filiale du groupe Alphabet, interdisant également à Google de signer des accords avec les constructeurs pour imposer l’utilisation par défaut de son moteur de recherche sur les smartphones. .
Les autorités veulent également empêcher Google de profiter de son système d’exploitation mobile Android pour promouvoir ses autres produits. Ils exigent même que le géant technologique vende Android faute de proposer des évolutions dans ce sens.
Si les intentions du futur gouvernement de Donald Trump à ce sujet restent inconnues, cette demande marque un changement profond de la part des autorités américaines de la concurrence qui ont pour l’essentiel laissé tranquilles les géants de la technologie depuis leur échec à démanteler Microsoft il y a une vingtaine d’années. d’années.
Les responsables de la justice « ont choisi de promouvoir un programme interventionniste radical », a déclaré Kent Walker, président des affaires mondiales de Google, en réaction aux demandes du gouvernement.
Google a déjà été reconnu coupable l’été dernier de pratiques illégales visant à établir et maintenir son monopole dans la recherche en ligne par Amit Mehta, un juge fédéral à Washington.
Il s’agit maintenant de décider de la sanction imposée à l’entreprise et donc des réponses à apporter à sa position dominante.
Google devrait faire des propositions le mois prochain avant une audience prévue en avril devant le juge Amit Mehta.
Quelle que soit la décision du juge Mehta, Google devrait faire appel de la décision, prolongeant ainsi le processus pendant des années.
L’affaire risque de finir entre les mains de la Cour suprême et reste suspendue jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier. Le milliardaire républicain va placer une nouvelle équipe à la tête des autorités de la concurrence et a soufflé le chaud et le froid sur ses intentions à l’égard des géants technologiques.
Il a nommé à la tête du régulateur américain des télécoms, la FCC, Brendan Carr, qui veut « démanteler le cartel de censure » imposé, selon lui, aux conservateurs par les géants de la tech comme Facebook, Google, Apple ou encore Microsoft.
Mais le président élu a également indiqué que le démantèlement serait excessif.
Des sommes incroyables
Le procureur général souhaite que Google se départisse de Chrome, le navigateur Internet le plus utilisé au monde, car il s’agit d’un point d’accès majeur au moteur de recherche, ce qui compromet les chances de concurrents potentiels.
Selon le site StatCounter, Google représentait en septembre 90 % du marché mondial de la recherche en ligne et même 94 % sur les smartphones.
“L’approche du ministère de la Justice se traduirait par un excès gouvernemental sans précédent qui nuirait aux consommateurs, développeurs et petites entreprises américains – et mettrait en péril le leadership économique et technologique mondial de l’Amérique”, a encore réagi Kent Walker, le patron de Google.
Adam Kovacevich, directeur général de l’organisation industrielle Chamber of Progress, a déclaré que les demandes du gouvernement étaient « extravagantes » et défiaient les normes juridiques, appelant plutôt à des solutions plus ciblées.
Le procès, qui s’est terminé l’année dernière, a examiné les accords confidentiels de Google avec les fabricants de smartphones, dont Apple.
Ces accords impliquent des paiements substantiels pour sécuriser le moteur de recherche de Google comme option par défaut sur les navigateurs, iPhones et autres appareils.
Le juge a déterminé que cet arrangement offrait à Google un accès inégalé aux données des utilisateurs, lui permettant de développer son moteur de recherche pour en faire une plate-forme dominante à l’échelle mondiale.
À partir de cette position, Google a étendu son empire en matière de technologie et de collecte de données pour inclure le navigateur Chrome, Maps et le système d’exploitation pour smartphone, Android.
Les dix semaines de procès ont révélé les sommes faramineuses versées par la filiale Alphabet pour assurer l’installation par défaut de Google Search, notamment sur les smartphones fabriqués par Apple et Samsung.
Les poursuites, lancées sous le premier mandat de Donald Trump (2017-2021) et poursuivies sous la présidence de Joe Biden, pourraient remodeler le marché de la recherche en ligne, si le juge accepte les propositions du gouvernement.